Oeuvres complètes. Tome X. Correspondance 1691-1695
(1905)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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No 2893.
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Leipzig. Il y corrigeGa naar voetnoot7) ce que Monsieur FacioGa naar voetnoot8) et moyGa naar voetnoot9) avions remarqué sur sa premiere façon de donner les tangentes par les foyers; qu'il semble attribuer à une maniere d'errata. Il donne encor d'autres theoremes plus generaux, mais je n'ay point le loisir qu'il faudroit pour mediter la dessus. Il en faut laisser le soin à Mons. le Marquis de l'Hospital, qui a trouvé la regle la plus generaleGa naar voetnoot10) qu'on puisse souhaitter là dessus autant que je m'en souviens. Quant au denombrement des courbes de chaque degré Algebraique, il le donne autrement que dans sa premiere edition, mais je m'etonne qu'il le fait encor d'une maniere, qui me paroist insoutenable; comme si on pouvoit tousjours oster tous les termes d'y excepté un seul. Ainsi dans le 3me degré selon luy, toutes les courbes se peuvent reduire à ces equations y3=x, y3=xx, y3=x+xx, y3=x+x3, y3=xx+x3, y3=x+xx+x3, mettant à part la varieté des coefficients et des signes. Je m'etonne en effect qu'ayant tant de penetration et de connoissance, il avance si aisement de telles propositions. Mons. le Marquis de l'Hospital me mandeGa naar voetnoot11), que Mons. de la Hire dans un livre sur les EpicycloidesGa naar voetnoot12) dispute contre la demonstration de la Caustique que M. Tschirnhaus avoit donnée à l'Academie royale des SciencesGa naar voetnoot13); et repond au passage de sa Medicina MentisGa naar voetnoot14), ou Mons. | |
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Tschirnhaus avoit cité vostre approbationGa naar voetnoot15), et m'avoit même fait l'honneur de me nommerGa naar voetnoot16) avec vous. Mons. de la Hire dit que vostre exactitude estant connue vous ne vous seriés pas fié sans doute à de telles demonstrations. Je remarque que Mons. de Tschirnhaus a retranché ce passage, où il s'estoit rapporté à vostre jugement. Il affecte aussi partout d'eviter l'usage de mon calcul des differences, bien eloigné en cela de vous, Monsieur, qui aviés toutes les raisons de monde de vous tenir entierement à vos propres Methodes qui vous avoient servi à tant d'importantes decouvertes avant que j'avois commencé d'y avoir quelque entrée; et qui n'avés pas laissé de vous abaisser tout grand Maistre de l'art que vous estes, à employer | |
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encor une nouvelle MethodeGa naar voetnoot17) d'un de vos disciples, car vous ne devés pas ignorer que je pretends à l'honneur de l'estre, et que j'en ay fait profession publique plus d'une foisGa naar voetnoot18). Au lieu que je crois que Mr. de Tschirnhaus a profité un peu de mes meditations, et plus qu'il ne pense luy même. Il est vray que je m'imagine qu'il ne s'en est point apperçû, et c'est pour cela que je ne l'accuse point de peu de sincerité. Je ne laisse pas de trouver cette affectation un peu extraordinaire. Vous aurés vû, Monsieur, les deux livres de Monsieur Bernard Nieuwentiit, Geometre HollandoisGa naar voetnoot19), qui me les a envoyés par un autre Mathematicien du pays qu'il cite dans son livre nommé M.J. MakreelGa naar voetnoot20), qui a écrit sur le livre qu'il me l'envoye jussu autoris. Je m'imagine que ces Messieurs vous seront connus. Pour ce qui est des objections de Monsieur Nieuwentiit, j'y repondray dans les Actes de LeipzigGa naar voetnoot21). Premierement il me fait une objection sur un point qui m'est commun avec Messieurs Fermat, Barrow, Newton et tous les autres, qui ont raisonné sur les grandeurs infiniment petites. Car il dit que selon luy deux grandeurs sont egales, quand leur difference est rien, et non pas, quand elle est seulement infiniment petite. Mais pour employer cependant et justifier nos raisonnemens, il prend un plaisant tour. Il dit que ce qui ne scauroit devenir une quantité ordinaire, quand on multiplieroit par un nombre infini, doit estre appellé rien, et n'est pas une quantité. Et que pour cela, quoyque dx soit quelque chose, neantmoins le quarré dxdx ou le rectangle dxdy n'est rien; parce qu'un tel rectangle multiplié par un nombre infini ne devient une grandeur. Il est aisé de luy repondre que le rectangle doit estre multiplié par un nombre infini du second degrée puis qu'il est infiniment petit du second degré; c'est à dire par un nombre infini multiplié par | |
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luy même. C'est cependant sur ce fondement, scavoir que dxdx, ou dxdy n'est rien, qu'il appuye ses pretendues demonstrations du calcul de Mons. Fermat (qu'il attribue a Mr. Barrow) comme si pour cela les termes où il y a dx ou dy restoient, et que les termes, où il y a ou dxdx ou dydy ou dxdy devoient estre rejettès, au lieu qu'on scait qu'il faut tousjours rejetter les termes qui sont incomparablement moindres que ceux qui restent, et que ceux qui ont dx devoient encore estre rejettès, si les ordinaires n'evanouissoient. Cependant c'est une chose estrange, qu'il veut que le costé, dx, soit une grandeur et son quarré dxdx ne soit rien. croit de même que les differences ulterieures, comme ddx ne sont rien du tout. Mais comme les x estant en progression geometrique, les x, dx, ddx, d3x, d4x etc. le sont aussi, comment peut on dire que les termes x et dx sont quelque chose, et que la 3me proportionnelle ddx n'est rien. Je repondray dans les Actes de Leipzig d'une maniere que j'espere luy pouvoir satisfaire et comme ses objections sont proposées d'une maniere fort honneste, j'en useray de même. J'espere de trouver un jour le loisir d'expliquer distinctement mon calcul, pour prevenir certaines beveues semblables à celles que Mons. Nieuwentiit a faites en le voulant employer à dessein de monstrer qu'il est peu seur. Monsieur Bournet gentilhomme Ecossois, parent de Mons. l'Eveque de SalisburyGa naar voetnoot22) a vû icy ma machine ArithmetiqueGa naar voetnoot23) entierement achevée, et des exemples que j'ay faits en sa presence, qui l'ont surpris; les produits peuvent aller à 12 figures, et le multiplicandus est de 8 figures. J'en fais faire encor d'autres exemplaires maintenant pendant que j'ay l'ouvrier à la main. Je souhaitte fort de voir vostre traité philosophique, qu'on dit regarder des considerations particulieres sur la constitution des autres planetes ou mondes. Vous ne pouvés gueres entreprendre de sujet plus beau et plus digne de vous. Monsieur Mariotte me disoit que vous devriés estre un jour un des habitans de Saturne, puis qu'il vous a l'obligation de nous estre devenu mieux connu. Et s'il aime la gloire, il y doit estre sensible. Je ne desapprouverois pas ce changement de domicile pourveu que vous le fassiés bien tard. Serus in coelum redeas diuque Laetus intersis populo petentiGa naar voetnoot24). Il sera bon que les meditations numeriques de feu M. de Marolles paroissent. Mais je souhaitte sur tout que vous nous fassiés part des vostres de temps en temps sur toutes sortes de matieres. Je seray bien aise d'apprendre vostre jugement de mon Code diplomatiqueGa naar voetnoot25); il est vray qu'il n'y a rien de moy que la preface. |
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