Oeuvres complètes. Tome IX. Correspondance 1685-1690

N^o 2431.
Constantyn Huygens, frère, à Christiaan Huygens.
2 septembre 1686.

La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.
La lettre est la réponse au No. 2430.

Dieren ce 2. de Sept. 1686.

Je receus hier vostre premiere du 30.^e passé et vous remercie pour la peine que vous avez prise en ayant soin de mes deux oculaires, dont le dernier j'espere sera bientôt achevé apres que nostre ouvrier aura recouvré sa santé, et aura êté remis de l'accident que luy a causé la fenestre.

Vous ne me dites pas si celuy qui est pour les 200. pieds est d'une matiere raisonnablement bonne et achevé comme il faut.

Ce que vous dites de faire deux oculaires planoconvexes au lieu d'un seul convexe est asseurement fort considerable, et je ne voy pas pourquoy on ne s'en serviroit pas. Il n'y a que cet inconvenient d'être obligé de travailler deux superficies de plus.

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Il ne faut pas s'etonner de ce que cette corde est rompue ayant eté poussée continuellement du plomb contre le mast, ce qui ne pouvoit manquer de l'user, il faudra voir s'il n'y aura pas moyen de trouver un expedient contre cela. Je croy qu'il seroit bon de graisser la corde de poix dans l'endroit auquel elle est frottee contre le bois, et que cela l'empescheroit bien de se casser.

Je n'ay pas oublié de demander a nostre Docteur Silvestre¹⁾, s'il a veu des verres de Hartsoecker mais il m'a dit qu'il ne l'avoit pas connu bien particulierement.

Le Dr. Burnet²⁾ a eté icy huict ou dix jours durant et devoit me porter hier son microscope pour le voir mais il est party aujourdhuy sans me rien dire. Je luy monstray l'autre jour le mien qu'il trouva bien bon, et me dit qu'il croyoit que le sien en seroit meilleur s'il y avoit quelque chose pour moderer la trop grande lumiere. Je croy qu'il reviendra encore. Il me semble qu'il est un peu hableur. St. Annelandt vient de partir aujourdhuy a deux heures et fait estat d'etre encor trois ou quatre jours en chemin d'icy a la Haye.

On parle fort, que Son Altesse pourroit bien aller à la Haye dans quelques jours, mais je ne croy pas que ce sera encore de cette semaine.

D'Ablancourt³⁾ arriva icy hier au soir avec Mr. d'Odijck. Madame l'a fait aller avec elle aujourdhuy au Loo, ou il raisonnera en qualité d'Architecte. Odijck l'a mesné avec luy a Zeyst⁴⁾, pour l'employer comme tel.

Ayant escrit cecy j'apprens que Son Altesse ira apres demain a la Haye. Adieu donc, nous nous verrons bientost.

Voor Broer Huygens.

1) Voir la Lettre N^o. 2429.

2) Gilbert Burnet né à Edimbourg, le 18 septembre 1643. Après avoir fait un cours de droit, il se destina à l'état ecclésiastique. Un voyage lui donna l'occasion d'entrer en relation avec les savantsanglais. En 1664, il passa en Hollande, où il apprit l'hébreu d'un rabbin d'Amsterdam. De retour en Angleterre, il fut élu membre de la Société Royale. Il prit une part active dans les controverses religieuses de son pays et s'attira la disgràce des évêques par sa critique de leur conduite. En 1669, il devint professeur de théologie à Glasgow. Son indépendance de caractère lui fit refuser un évêché en Ecosse et les offres de Charles II, qui désirait l'attacher à ses intérêts. Etant entré dans le projet de faire exclure le duc d'York du trône, il dut quitter l'Angleterre à l'avénement de James II, et alla voyager en Italie, en Allemagne, en Suisse et en Hollande où, à l'invitation de Willem III, il se fixa à la Haye. Il eut une grande influence sur les projets de ce prince, dont il fut le chapelain, et qu'il accompagna dans l'expédition de 1688 en Angleterre. Après le couronnement de Willem III, il fut créé évêque de Salisbury. Il mourut le 17 mars 1715. On a de lui une Histoire de la réformation d'Angleterre.

3) Peut-être Nicolas Fremont d'Ablancourt, qui, après la révocation de l'édit de Nantes, s'était établi à la Haye.

4) Zeyst, près d'Utrecht, était une seigneurie appartenant à Willem Adrianus van Nassau, seigneur d'Odijk.