Oeuvres complètes. Tome X. Correspondance 1691-1695

[p. 726]

N^o 1566^a.
Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens.
3 décembre 1666.

La lettre se trouve à Houten, coll. van Rappard¹⁾.
La cobie incomplère se trouve à Leiden, coll. Huygens²⁾.

a Paris ce 3 Dec. 1666.

Dans la Lettre N^o. 1566 au lieu de la phrase: je vous croiois encore tous deux a Zuylichem etc. il faut lire:

Je vous croiois encore à Zulichem et mon P[ere] m'avoit escrit touchant ce voiage en de termes si estranges que je croiois presque que vous y estiez comme refugiez et ne sçavois ce que j'en devois penser. Voila ses mots, Les deux freres³⁾ sont demain ensemble a Zulichem pour consideration. Dieu scait quand je les pourray reveoir. Me voila donc orbus pater et en profondes melancholies. Dieu veuille conduire le tout: nous sommes sous sa main. Qui est ce qui s'imagineroit, ayant leu ces paroles, que vous n'estiez allè que pour la reparation des digues et de la teste.

A la fin de la Lettre il faut ajouter

Je ne doute par que le fr. de Z.⁴⁾ ne s'ennuye bientost des affaires facheures dont vous luy avez laissè le soin, et qu'il ne fasse desia voeu de se defaire de cette terre de Zulichem si quelque jour il en est le maistre.

Je vous remercie de toutes vos nouvelles, dont la plus chere est celle de la guerison entiere de la dame de Mogg[ershil]⁵⁾. Le frère ne me mande rien touchant l'accouchement de la cousine Henri Zuerius⁶⁾ auquel assurement se seront passé des choses dignes d'estre sceues si Miralinde⁷⁾ s'en est meslée.

Il y eust lundy 8 jours que j'envoyai vos tours de bras par un homme que m'adressa la Cousine Caron⁸⁾. Je veux esperer qu'il vous les aura delivré fidelle-

1) Voir la Lettre N^o. 392^a, note 1.

2) Dans ce qui suit nous extrayons de l'original les passages qui corrigent ou complètent la copie, reproduite au Tome VI, pp. 91 et 92.

3) Constantyn et Lodewijk Huygens.

4) Constantyn Huygens, frère.

5) Geertruid Doublet, soeur de Constantyn Huygens, père, tombée malade à Amsterdam; (Dagboek de Constantyn Huygens, père, 3 et 5 sept. 1666).

6) Frederik Hendrik Zuerius ou Suerius avait épousé Margaretha Bartelotti, voir la Lettre N^o. 1632, note 9.

7) Voir, sur Miralinde Suerius, la Lettre N^o. 877, note 5, et la Lettre N^o. 2179, note 5. Elle est fréquemment mentionnée dans les Lettres de Susanna Doublet; voir les Lettres Nos. 2179, 2215 et 2218.

8) Suzette ou Susanna Caron; voir la Lettre N^o. 1557, note 17.

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ment. Vous y trouverez dedans un biliet de Mad.^le Mariane⁹⁾ qui marque le prix, et en mesme temps le soin qu'elle a pris en faisant et en refaisant cette emplete.

Pour les cousinets j'avoue que je ne m'en suis pas souvenu qu'apres le depart dud.^t porteur, mais je tascheray de vous en faire avoir par quelque autre occasion. Les lunettes de Menard à 4 verres¹⁰⁾ dont j'en ay payè pour il S.P. et un autre pour moy coustent 24 fr. Si vous en voulez a ce prix vous n'avez qu'a le dire &c.

Je puis bien a peu pres m'imaginer comment ma chambre est faite apres votre reformation mais reste a scavoir, quel beau lict vous y avez mis digne de cette superbe alcove, car celuy qui estoit dans cette chambre premiere n'y scauroit faire une belle figure. Je vois icy beaucoup d'honnestes gens qui se contentent de la housse seule de jaune ou de rouge et peut estre aurez vous fait de mesme. Il n'y a point de dorure chez moy mais les cheminees et planches et tout ce qu'il y a de bois est peint en bois marbrè. Mon apartement au reste n'a point de suite, mais entre les 2 chambres que j'ay a un meme estage il y a 7 ou 8 pieds d'une porte a l'autre et le degrè est entre deux. Outre cela j'ay une troisième chambre deux estages plus bas ou mes instrument et machines sont rangées. Au dessous de moy il n'y a que des chambres pleines de livres du Roy, et plus bas ma cuifine et cave. La chambre ou je couche est la plus belle et plus grande elle est tendue d'un brocatel rouge et vert, par bandes et l'alcove et le lict d'un autre brocatel, et une house de serge rouge par dessus. En l'autre chambre ou cabinet ou sont mes livres il n'y a que de la tapisserie de Rouen assez jolie, mais qui avec le temps pourra deloger de là dans mon laboratoire ou il n'y a jusqu'icy que les murailles peintes de jaune. Je mange dans ma plus grande chambre et suis seul à table si non quand M. Auzout ou quelque autre ami me vient tenir compagnie. Apres souper je me transporte reglement dans le quartier de M. de Carcavy ou nous jouons au Verkeer¹¹⁾ et causons une heure ou deux, mais cecy ne regarde point la description de mon apartement que vous aviez seulement demandée.

La Sign.^a Anna¹²⁾ m'a fait promettre que je luy procureray de la graine de choux de nostre païs, je vous prie de vouloir prendre le soin de m'en faire avoir de toutes les sortes dans des petits papiers que vous pourrez enfermer dans une lettre, et que ce soit au plustost s'il vous plait. Il me semble qu'il y avoit une sorte qui estoit quelque chose d'extraordinaire dont le fr. de Mogg.¹³⁾ a connaissance si je ne me trompe; de celle là il faut mettre d'avantage que des autres.

9) Marianne Petit; voir la Lettre N^o. 1571, note 5.

10) Voir, sur ces lunettes, les Lettres Nos. 1556, 1563, 1603, 1617, 1635 et 1710.

11) Le jeu de trictrac.

12) Voir, sur Anna Bergerotti, les ‘Additions et Corrections’ du Tome V, à la page 622.

13) Philips Doublet de Moggershil, époux de la soeur Susanne.

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M.^Hes Jaxon¹⁴⁾ et Paiot¹⁵⁾ dont vous avez demandé des nouvelles dans une de vos precedentes se portent bien et vous font leur baisemains. Elles vivent encore tout de meme que lors que vous les avez vues. Paiot est grande et bien faite et se marieroit si elle pouvoit.

Mes excuses s'il vous plait al S.[ignor] P.[adre] de ce que je ne luy escris point, et salut a tout le parentage, Mick¹⁶⁾ y compris si elle est encore là.

A Monsieur

Monsieur L. Hugens de Zulichem A la Haye.

14) Voir la Lettre N^o. 1224, note 2.

15) Peut-être une fille de François Payot de Linière; voir la Lettre N^o. 1589, note 8.

16) Miralinde Suerius.