Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684
(1899)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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intention de l'aller voir, il nous resceut a Bolduc avec une fort belle, et Galante Colation, dans sa Maison qu'il a là, a luij. pourtant il falloit encore soupper a Haenwijck. MickGa naar voetnoot5) est continuellement occupée du soing de ses Vasches, de ses Poules et de Mille autre choses semblables et passe la plus grande part de Letté comme celá a la Campagne. il me souvient d'un temps qu'elle songoit a toutte autre chose. pour vous parler de ce Lieu de Haenwijck je croij qu'il vous en souvient encore quelque chose, mais depuis le Plantage est creu et ogmenté, et le Schout fait beaucoup de Cas de ses Fontaines, qui ne sont pas tout a fait si belles comme il en a veu a Versaille, toutte fois cela luij donne un grand contentement, et il nous veut persuader a toutte force d'en faire icij. mais il n'en sera pas plus pour cela. nous ij couschasmes trois nuits et ij fusmes regalé de bonne Grace, et iamais repas ne se passa sans boire la santé des Amis de France chacun se souvenoit des siens. Miralinde souhaitte beaucoup de vous pouvoir voir une fois dit Elle dans son Heremitage, Elle feroit son possible de vous faire passer le temps le moins ennuijeux, je luij aij promis de vous en asseurer, et de vous faire ses baisemains. pandant que nous ij ettions nous allasmes les apres diner a Bolduc, pour voir les autres Parens, qui nous firent beaucoup de civilitez et de grandes instances pour nous retenir plus long temps. Le Seigneur de LantschadenhofGa naar voetnoot6) a une grande Maison presentement, avec des grans apartement que l'on pouroit accommoder fort bien et commodement, mais il a une Femme qui songe plus a ses vasches, qu'a embellir sa Maison. le CadetGa naar voetnoot7) des Cousins Zueers c'est celuij qui est le plus content de toutte la Famille, il a une brave Femme: et cinq enfens, mais tout ce qu'il possede luij donne tant de contentement que c'est un plaisir de le voir, entre autres une Maison de Campagne qu'il a; et que nous vismes en passant mais certtes ce n'est pas grand chose, et pourtant je ne croij pas que le Roij de France est plus satisfait que luij. nous partismes de Haenwijck, pour Breda, la ou nous arivasmes vers le soir, d'assé bonne heure pour nous promesner encore au ValkenbergGa naar voetnoot8), la ou il fait beau à merveille et le Receueur ij est Logé comme dans un Paradis. nous couschasmes dans la Chambre ou nostre Desmoiselle SchildersGa naar voetnoot9) mourut. j'ettois fort aise de voir encore la vielle Cousine ZueriusGa naar voetnoot10), mais je la trouvois extremement changée. Elle scavoit que nous devions ij venir, mais Elle me dit plus d'une | |
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demie heure de suitte quelle avoit de la peine a se souvenir comment i'avois etté faitte: apres Elle commenca ce rememorer un peu ma Phigionomie: mon Pere qui ij avoit etté trois jours devant nous Elle avoit dit la mesme chose. sa memoire luij manque extremement en toutte choses, mais Elle marche encore si bien que moij. apres avoir fait des Promenades dedans et dehors la ville; la ou nous vismes toutte une Armée Campée, pour travailler a la Fortification ce qui estoit bien quelque chose de nouveau pour moij et apres avoir etté fort bien traittez de nos Parens, nous partismes, pour la Haije et arivasmes heureusement le mesme soir chez nous; trouvant toutte la Famille graces a Dieu en fort bonne santé, et nous ettions fort satisfaits de nostre voijage, nous avions le bonheur d'estre accompagné continuellement du plus beau temps du Monde. je vous aij bien souvent souhaitté de la Partie mon cher Frere; quoij que je scaij bien que vous en pouvez faire des plus belles, aussi aij je appris, que vous avez fait des Promenades a VirijGa naar voetnoot11) et autre part, qui valent bien un pauvre Haenwijck. mais moij qui puis rarement obtenir la Permission de sortir je m'en contente. Icij a Clingendael il fait presentement bien Jolij et je m'ij plais assé. nostre Petit Bois du quel vous avez veu le commencement est fort creu depuis. nous avons dessein de passer icij quelque sepmaines pandant la belle saison, si le beau temps continue. vous faitte fort bien de vous divertir aussi un peu pandant qu'il fait beau a la campagne. mon Pere m'a dit mesme que vostre dessein estoit de faire un voijage un peu plus loing. vous me pouvez dire si vous estes encore de la mesme resolution. je ne scaurois dire que vous avez tort. je scaij bien s'il estoit en ma disposition, que je ferois bien des voijages, mais la premiere seroit a Paris. pour la qu'elle je voij encore peu d'apparence. vous scavez sans doutte desja que la BelleGa naar voetnoot12) d'Amsterdam est chez mon Pere. Elle est tousjours la mesme correcte, mais son Teint ne ressemble pas astheure au Portrait que vous en avezGa naar voetnoot13), car Elle est plus Jeaune que je ne l'aij veue de ma vie, et tousjours habillée d'une fasson plus Extravagante que les autres. Monsieur D'Ellemeet est un de ces Galans, les plus assidus presentement. Le Cousijn CaronGa naar voetnoot14) est allé faire un voijage depuis trois sepmaines par les villes du Paijs et mesme plus loing. ie croij quil sera bien tost de retour, au commencement il ne se plaisoit nullement a la Haije, mais apres ij avoir fait un peu de connaissance il ij est plus accoutume. J'aij envoijé a Monsieur De Hertoog, Marchant a Rotterdam un Pot D'AtsiaGa naar voetnoot15) avec une | |
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Boitte de Fer Blanc remplie de sucre pour le Tée pour addresser a Madame Caron. je l'aij fait empacquetter ensemble dans une corbeille. J'espere que l'un et l'autre ariverá heureusement. par occasion je vous prie mon Frere de luij en donner un mot d'advertissement, et de la prier de vouloir rescevoir ce petit present et de me pardonner la Liberté que je prens. c'est que Monsieur D'Oorschot m'a fait a croire qu'a Paris on avoit de la peine a trouver ces sorttes de ragouts. Adieu mon cher Frere toutte nostre Famille vous salue tres humblement et se portte bien. |
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