Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684
(1899)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 2129.
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Haye ou nous avons trouvé Dieu mercij toutte la famille de mesme, le Sigr. Padre a eu depuis encore une petitte atteinte de sa defluxion au pied mais de si peu de consequence qu'il est partij mardi passéGa naar voetnoot3) pour le Paijs de Gueldres a Dieren, Buren, IJsselsteyn etc. et je ne scay ou encore, dans son carosse a vitres aijant pris deux cheveaux de louuage auec les siens il penssoit aller dans une petitte chaise roulante que je luy auois prestee encore l'annee passee, auec ses deux cheveaux seulement, mais il aura mieux ses aises de la maniere susditte. Cependant nous auons perdu ces jours passez le pauvre Thres. NoortwijckGa naar voetnoot4), qui est mort tres malheureusement aijant esté saisi de nouueau d'une vehemente frenesie dans la quelle il s'estoit blessé fort dangereusement a la gorge et par tout le corps aijant adroittement envoijé hors de la chambre son cocher qui le gardoit par ordre des medecins. J'en suis tres marry, comme aussi toutte nostre famille nous aijant rendu de si considerables services comme vous scauezGa naar voetnoot5), mais c'est un tres grand bonheur pour nous et une benediction du bon Dieu, qu'il a vescu jusques astheure, car fautte de luij il ij a trois ou quattre ans j'aurois peutestre esté ruiné entierement. Outre son temperament je croy avec tout le monde icij que sa femme est cause pour la plus grande partie de son malheur. Nostre Amij le Sr. van LeeuwenGa naar voetnoot6) arriva icij hijer, apres midi de son voijage d'Angleterre, avec Mons. L'Ambassadeur TempleGa naar voetnoot7) ils ont en un vent tres favorable qui les a menez de Londres icij en moins de vingt et quatre heures, et fort a leur aijse aijants chascun une jachte du Roy, qui auoit ordonné expressement que Mons. van Leeuwen iroit sur le Marij, qui est celle dans la quelle Madame la Princesse vint icij l'hyver passé, le plus excellent voilier qui aille sur mer, et la plus superbement doree et meublee qu'on aijt jamais veue en Angleterre. Mais le Principal est qu'outre touttes les caresses et honneurs qu'il a plu a sa ditte Majeste de luy faire, il l'a regalé d'un tres beau grand diamant de la valeur d'entre quattre et cinq mille francs a ce que nous pouuons juger estant plus grand que celuij de ma femme auquel d'ailleurs il ressemble fort, au reste il se porte parfaittement bien et marche aussi librement qu'il faisoit il y a quinze ans. On luy auoit | |
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envoijé d'icij un ordre nouueau de rester encore la, pendant ces nouuelles brouilleries survenues sur le sujet de l'evacuation des places, qui semble reculer la Paix et peut estre pourroit rompre tout le traitté en cas que Sa Mayeste Treschrestienne ne relache de cette pretention nouuelle et impreveue, mais le Roy d'Angleterre aijant trouué a propos qu'il allast faire un tour icij, sur le sujet de cette nouuelle conjoncture; a ce qu'il me semble il ne manquera pas de prevaloir de cette bonne occasion pour se defaire de sa commission et rester icij, d'autant plus puis que le Sr. van Beuningen reste encore en Angleterre et que Mons. Temple demeurera icij, et par consequent ceux qui auoient tant fait leur possible pour le tenir loing d'icij auront perdu leurs mesures par cette salutaire resolution susditte de Sa Majesté Britannique qui a eu la bonté de nous le renvoijer. Le Frere de Zeelhem a renvoijé dez avanthijer tout son equipage a l'armee, comme font aussi tous les autres, de sorte que tout se prepare de nouueau pour la guerre, mais les bien intentionnez ne laissent pas d'esperer tousjours qu'on trouuera quelque expedient pour persuader le Roy de France a desister de [ses] pretenssions impreveues. Mademoiselle SchrasserGa naar voetnoot8) que vous avez cognue autrefois s'estoit constituee opposante au mariage du Sr. d'AunoyGa naar voetnoot9) auec Mademoiselle de GiessenburgGa naar voetnoot10), en vertu d'une certaine promesse de mariage, mais l'affaire a esté accommodee et Madame d'Aunoy la mere luij promet cent francs par an pour la nourriture de l'enfant qu'elle tenoit du dit cavalier pour arre de sa promesse. Une fille d'un Boulanger d'icij auoit institué la mesme pretention sur luij, mais sans meilleur succes. On dit que le mariage de Mademoiselle Adr. SchildersGa naar voetnoot11) est arresté avec le Sr. Capitaine BeaumontGa naar voetnoot12) fils du President deffuntGa naar voetnoot13), non obstant qu'elle aijmeroit mieux le jeune Coliers qui luy tient sort a la teste et au coeur aussi presentement, | |
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a ce que l'on peut juger aijsement a sa maniere de faire peu dissimulee comme a l'ordinaire. Mes treshumbles baisemains s'il vous plaist a toutte la famille de Messieurs Perrault, a qui j'ay infiniment de l'obligation de puis mon dernier voyage de Paris. Sachons un peu je vous prie ce que signifie le changement de condition de Mademoiselle Certain, Qu'est devenu Mademoiselle Cateau de Carcavie? Comme aussi Madame Garnier, et le reste de cette famille illustre que fait elleGa naar voetnoot14)? Mes baisemains a Mons. Clement s'il est encore dans la BibliothequeGa naar voetnoot15). Adieu toutte la famille vous baise les mains. Salut a Mademoiselle la CourtGa naar voetnoot16) nostre BroerGa naar voetnoot17) fait saluer son amij Jassemin dit il.
Monsieur Monsieur Huijgens de Zuijlichem etc. etc. Rue Viuien a la Bibliotheque du Roy a Paris. |
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