Oeuvres complètes. Tome I. Correspondance 1638-1656
(1888)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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No 237.
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aveugle. et autres tel cas douteux. Je vous eusse requis pour assister à un debat notable, qui se fit en nostre plein conseil, la premiere fois que nous fusmes a Paris, ou vous eussiez entendu proposer chacun sa pensee a scavoir pourquoy il estoit venu en France. l'un se disant venu pour apprendre à vivre parmy les honnestes gens, l'autre pour voir les hommes illustres, le tiers pour voir ce qu'il y avoit de beau en bastiments et modes nouvelles, quelquun aussi pour n'estre pas chez luij, et apres longues disputes advouants presque generalement que tout ce qu'il y a faire icy ne vaut pas la peine de venir de si loing. Apres cela vous nous eussiez veu tomber dans la dispute du souverain bien, ou il y eut encore grande diversitè d'opinions. Je me souviens qu'il en eust un qui croyoit qu'il le possederoit absolument si avecq ce qu'il avoit desia on luy accordoit un carosse à quatre chevaux pour se promener à la Haije. Voyez si tout cela ne meritoit pas bien vostre presence. Si vous me l'advouez, hastez vous encore de venir, car ce qui se passe tous les jours parmij nous autres est pour le moins aussi ridicule que ce que je viens de conter. Mais si vous ne voulez pas entreprendre le voyage, car aussi bien la belle saison est desia passee, ne laissez pas de vous rejouir en pensant souvent à nous et faites en sorte que vostre pensee vous serve d'hippogrife. Je suis de tout mon coeur
Monsieur Vostre Treshumble et tresobeissant serviteur Chr. Huygens. |
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