Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684
(1899)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 2152.
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brouillerie que le Sigr. Padre s'est attiree par quelques railleries sur sa maladie, estant cause qu'il nij a plus tant de correspondance entre luij et elle, fait aussi qu'on est d'oresnavant tres peu informé de l'Estat de cette Illustre famille. Mons. le Bourgms. HooftGa naar voetnoot4) pere de Madame Brasser est mort aussi ces jours passez, tout a fait en Philosophe comme il avoit vescu, sans s'estre voulu servir de medicins nij de medicines, mesme n'aijant pas voulu qu'on avertit sa fille de rien, qui a receu la nouvelle de sa mort avec beaucoup de surprise, et s'ij est en allee aussi tost pour aider a mettre ordre aux affaires, il est beaucoup et generalement regretté de tout le monde, mesme de S.A. quoij qu'il ne fust pas tousiours de son sentiment sur le suiet des interests du publicq. Enfin il est mort cet esté et arriere saison bien du monde par tout, sur tout a Anvers comme vous avez scu, et dans la famille Israelitique les deux donzellesGa naar voetnoot5), mais rien de plus que nous sachions. Revenons aux viuants. Nostre chere Juffr. Constantia le LeuGa naar voetnoot6), semble auoir fait une conquette assez considerable a scauoir un Bourgemr. d'Amsterdam, Le Seignr. d'OutshoornGa naar voetnoot7), qui l'a menee desia plusieurs fois a la comedie, mais j'apprehende que cecij ne reussira pas mieux que touttes les precedentes depuis que j'ay scu qu'il se veut marier pour auoir des Fils, car il a une demy douzaine de grandes Filles dont vous en avez bien veu plusieurs et qui ne sont pas de plus belles. Cependant nous douttons fort si la Sigra est encore assez en estat de propagation. Soit comme il pourra, je luy donne ma benediction. On a passé l'hijver jusques icij assez joijeussement, et d'oresnauant aurons trois comedies differentes, scavoir les Flammans qui est la Trouppe du Sr. BattisteGa naar voetnoot8), qui est tres belle et complette, et meilleure que je n'en ay jamais veu encore en nostre langue, tant pour les acteurs et actrices, qu'en magnifiques habits de touttes les façons. Les François qui commenceront la semaine prochaine leur Theatre estant desia prest au maneige de S.A. op 't Buijtenhoff, et puis des Italiens qui ont jouë une fois, et retourneront d'Amsterdam (ou il jouent sur le grand Theatre) touttes les fois qu'il plaira a S.A. de les mander, ce que je croij pourtant n'arrivera pas fort souuent, Monseigr. le Prince n'y ayant pas pris beaucoup de goust et effectivement ce n'estoient que d'assez mediocres copies du Scaramouche et de l'Arlequin de Paris. nostre Sigr. Padre ij avoit mené fort galamment Mesdemoiselles Casembroot et Schadé, cette grande pucelle d'Utrecht que vous auez veue, mais par malheur le feu s'estant pris au stooffGa naar voetnoot9) de la premiere et | |
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ensuitte a son caleçon a ce que dit l'histoire et plus auant encore, tant y a je scay par experience que cela causa une tres vilaine puanteur, cet accident a donné beaucoup de sujet de raillerie a la cour et par la ville, mesme S.A. mesme n'a pas manqué de s'en divertir en entretenant copieusement le frere de Zeelhem au depens du galant et de la donzelle. Sachons s'il vous plaist par occasion quelque chose touschant la mode pour leshommes, car je seray obligé de faire encore un habit d'hijver, a scavoir la couleur la plus en vogue a present, la forme ou figure du justaucorps, chausses, cravattes et vestes, qu'on porte icij encore fort longues; sans doutte il arrive bien des avantures a tous ces jnnocents qui ont accompagné nostre ambassadeGa naar voetnoot10). Fait on quelque preparatiss extraordinaires d'opera ou autres spectacles pour le carnaval prochain? Le Sr. DrostGa naar voetnoot11) a donné sa piece d'Agiatis a Baptiste, et ils sont apres presentement a l'etudier, il l'a laissee comme elle estoit touchant le malentendu que vous y auiez remarqué le premier, et duquel les dames ne s'aperceuront pas icij, mais il en a retranché parcij parla quantité de vers et endroits un peu trop applicables au temps present, et d'autres qui auroient ennuijé les spectateurs. Je croij qu'elle fera assez bon effet sur le Theatre comme elle est a present. Il m'est venu de Rome ces jours passez par le moyen du Sieur RuijschGa naar voetnoot12) un grand liure de la colomne AntonineGa naar voetnoot13) de la mesme main et grandeur que celuy de la | |
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TrajaneGa naar voetnoot14). Comme aussi une grande carte en douze grandes planches, du plan de la ville de RomeGa naar voetnoot15), auec les eleuations de tous les batimens, et de tous les jardins etc. ouurage tres beau et exact. Sans doutte vous le verrez bien tost a Paris aussi. Vous m'obligerez infiniment de songer à moy lors que l'occasion se presentera de me faire auoir quelque plan General de Versailles des derniers faits et autres estampes des Batimens Roijaux etc. lesquels j'espere que Mons. Perrault aura bien la bonté de m'accorder pour l'amour de vous. a t'on desia commencé a trauailler au grand Palais de l'arsenal, duquel vous m'auez mandé quelque chose cij devant. Le Louure et l'arc de Triomphe apparement auanceront fort aussi l'esté prochain sur tout si la Paix generale se fait. Le Signor Padre et le frere drossart ont eu quelque penssee de changer la drossardie de Gorcum contre celle de Cranendonc, qui vaut presque deux fois autant, mais S.A. l'avoit desia donnee a SilviusGa naar voetnoot16), qui en eschange quittera une pension de mille escus qu'il auoit de S.A. La ditte Drossardie a esté vacante par la mort soudaine du conseiller WeuelinckhovenGa naar voetnoot17), l'homme du monde que je sache le moins regretté apres sa mort, nosti jngenium et mores du personnage. c'auroit bien esté le fait du Fratello qui s'ennuije presques autant que sa petitte femme parmy cette canaille de GorcumGa naar voetnoot18), quoij que astheure il soit en paisible possession de sa charge. A la fin nostre Seignr. d'OorschotGa naar voetnoot19) ne se peut plus defendre d'admettre le Sr. FeyGa naar voetnoot20) et le receuoir en Société dans sa Seigneurie d'Oorschot, malgré qu'il en a, et Monsieur Le Caimacan tesmoigne assez, que c'est envain qu'on tache de resister a ce qu'il a une fois resolu dans son esprit. Voijci donc het voorbeeltGa naar voetnoot21) du Cocuage de nostre amij, et je ne doutte point d'oresnavant que l'accomplissement de ma Prophetie ne suiue bien tost et qu'un jour de mesme qu'en sa Seigneurie il se verra un compagnon, ou peut estre plusieurs dedans sa chaste future moitié. mais cette disgrace presente luy tient plus au coeur que l'apprehension du futur. Adieu toutte la famille vous baise les mains sur tout Mons. de Leeuwen et le Seigr. d'Oorschot se recommandent a vostre souvenir. |
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