Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684
(1899)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 2138.
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que pour trois ou quatres heures, nous estions obligez de retourner le mesme soir a nostre Jachte que nous avions laissez a Papendrecht le vent contraire nous aijant empeschez de monter la Riviere. autrement nostre dessein estoit, d'aller jusques a Boileduc, pour surprendre le seigneur DoorschotGa naar voetnoot3) a Haenwijck, dans son Heremitage. c'estait Monsieur de Leeuwen qui nous avoit procuré, une des grande Jachte des Messeigneurs les gecommiteerde Raeden, qui estoit la plus commode du Monde. le Cousijn, avec deux de ses Filles estoyent de la Partie et nous passasmes comme cela quatre ou cinq jours fort agreablement avec un beau temps, continuel; nous fismes entre autres, une Promenade en Beyerlande parce que le Cousijn de Leeuwen ij avoit des Affaires; et passasmes une matinée a une Pesche, dans un estang, qui est proche d'une de ses Metteries, la ou nous prismes une si grande quantité de Poisson que l'on en fist porter des Tonnaux plein a nostre Jachte; ce qui estoit un grand regal pour plusieurs jours pour les Matelots. au retour de nostre petit voyage nous dinasmes chez les Cousines DoubletGa naar voetnoot4) a Delft et fusmes regalez l'apres diner d'exellent Thée chez Madame Putmans. et en suitte de la veüe de son Cabinet; qui est certe remplij de beaucoup de belle choses. mais il me faudroit un plus grand papier que celuij cij pour vous en pouvoir faire les description, au reste la Dame fort obbligeante, et MonsieurGa naar voetnoot5) fort soigneux d'entretenir ceux qui en diroijent peut estre trop a sa chere espouse celon sa fantasie. Elle a un Mois plus que seize Ans, soo datter noch veel in dat werck te voorzien isGa naar voetnoot6). mais je voij qu'on ij prend garde de fort pres. Monsieur l'Ambassadeur Tempel ij avoit diné avec sa soeur quelques jours auparavant ils ij avoijent mesné mon Pere aussij qui estoit fort satisfait du Festin et de toutte sorte de bon Acceuil. enfin nous voijla dans la joije de vivre, en un temps de Paix. hijer la Publication en a etté faitte icij a la Haije et l'Apres diné l'Ambassadeur de France, Monsieur le Conte D'AvauxGa naar voetnoot7) fist son Entrée. il y avoit tant de Monde a la Haije de toutte les villes d'alentour, que je n'en aij iamais veu a une Pareille Ceremonie. il a pris la Maison de Monsieur de BeringuaudGa naar voetnoot8), en attendant une Meilleure, et l'on dit qu'il louera celle de BuseroijGa naar voetnoot9) pour 26 cent Livres par An. Mecredij qui vient ce | |
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sera le jour qu'on louera le bon Dieu pour cette Paix, tant souhaittée, et le soir il se feront quantité de Feux de Joije, comme de coutumme a une telle rejouissance. J'espere qu'astheure vous entreprendrez plustost, de nous venir voir et je scaij bien que s'il seroit a moij je pourois bien voir la belle ville de Paris une fois de ma vie aussij. mais je n'ij vois guerre d'apparence de long temps. je vous prie de me dire lors que vous m'escrivez, si vous n'avez pas veu nij rencontré, un Fils du Cousijn BeckerGa naar voetnoot10), qui est a Paris, depuis quelque temps il a passé d'icij en Engleterre et de là en France mais a ce que parle son Pere, il desireroit bien, qu'il fust de retour avant l'hijver. je me rejouij d'apprendre de Mademoiselle La courtGa naar voetnoot11) mesme qu'elle commence un peu a s'accoutumer a Paris, certe il faudroit estre bien degouttée pour ne pouvoir vivre a la fasson qu'elle fait. il me semble qui si j'ettois a sa Place le Beguinage de Leijde seroit la derniere delice a la qu'elle je songeraij. Elle se loue extremement de la bonté que vous luij tesmoignez et promet d'avoir le plus grand soing de vostre Menage, qu'il luij sera possible. je fais tousjours vos baisemains a Madame Bratt. Elle me prie aussij de vous faire autant de sa part. hijer au soir nous jouames a lombre ensemble, ce Mettié commence a aller son Train, astheure que les soirées commencent de devenir longues. vous serez bien souvent souhaitté de la Partie. Adieu mon cher Frere. toutte la Famille vous baise les mains. je viens d'apprendre que Messieurs BoreelGa naar voetnoot12), D'OdyckGa naar voetnoot13) et DijckveltGa naar voetnoot14) son choisis pour Ambassadeurs en France, je croijois d'escrire a Mademoiselle La court, mais le temps me manque. |
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