Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684
(1899)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 2170.
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cause tousjours du Chagrin, et d'inquietude et par lá, vous estes bien asseuré que vostre bonne santé me mest l'esprit en repos. je m'imaginois bien que Mademoiselle la Court vous seroit de grand service en des pareilles occasions, tant comme vous dittes, pour avoir soing de vous mesme que de vostre Menage. vous avez veu astheur je croij, combien Elle vautGa naar voetnoot1). iamais vostre lestre ne pouvoit arriver plus a Propos qu'elle n'a fait, car le Seigneur D'Oorschot ij estoit Present et je luij aij donné une heure durant la plus grande inquitude du Monde en luij disant, que i'avois des grandes Accusations contre luij; mais il estoit bien aise d'estre quitte a si bon marché que ce n'estoit que sur le sujet des commissionsGa naar voetnoot2), qu'on le voulait railler. apres la Mort de son CharlatanGa naar voetnoot3), il croit estre dans une si grande liberté, comme un homme qui est delivré d'une Mechante Femme, qui luij estoit fort a Charge. aussij vouloit il tesmoigner une feinte Modestie, comme ces sortte de Gens font aussij quelque fois. mais je me mocquois bien de luij, car je scavois trop bien comment il en estoit touché. il est encore icij, sans avoir etté a Bolduc, depuis qu'il est revenu de ParisGa naar voetnoot4). a propos d'une separation de Marij et de Femme, qui est venue a souhait s'est de Madame Schotten qui a perdu son venerable espoux, depuis peu de Jours et Affecte un si grand Deuil qu'elle fait rire tous ceux qui la viennent voir. Elle est couchee sur un Lit de Deuil avec une Juppe et un bord large d'hermine tout a l'antour et une queue trainante de trois Aulnes de long, que l'on ne manque pas de faire mestre en Parade, et toutte les Ceremonies se font a l'advenant. depuis peu leur Noblesse est bien plus verifiée que iamais, a ce qu'il disent eux mesme, et il semble que ce pauvre homme ne l'a pu souffrir, il ij en a qui en font des railleries et disent qu'il est suffocqué de Noblesse. je crains fort, que sa Vefve le sera un jour de sotte Vanité. nostre Famille commence un peu a se remettre, nos deux Petits EnfensGa naar voetnoot5) sont entierement remis de leur Fievre mais nostre pauvre StansGa naar voetnoot6) souffre encore et sa Fievre Tiersse demeure oppiniatre jusques a present et luy revient regullierement. mais pas pourtant si vehemente comme au commencement. sa joije a etté grande de voir ariver les beaux habits de France, mais Elle n'est pas en estat et ne le sera pas de long temps a ce que je crains de les mestre. mais les Cousines de Leeuwen sont les plus satisfaittes du Monde. chaccun de ce qu'elles ont resceu, et tout leur viendra fort a propos bien tost, car a ce que je puis remarquer, Elles seront toutte | |
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quatre du voijage D'Angleterre, ce qui ne donnera pas peu d'ambaras. le Cousijn de Leeuwen a etté fort incommodé, et l'est encore, de Goutte, et de Gravelle, ce qui l'incommode plus que iamais, astheur qu'il a tant des Affaires sur les Bras pour son voijage. il fait estat de partir en quinze jours. et ne pretens pas que son Ambassade dure plus long temps que quatre Mois. chez mon Pere les deux TienekesGa naar voetnoot7), l'un du Frere de Zeelhem, et l'autre du Frere Drossart, sont fort incommodez d'un furieux Rumme sur tout l'Ainé. qui a une sortte de KinckhoestGa naar voetnoot8) qui est si violent que cela fait Pitié a le regarder, lorsque cela luij arive. il a esté saigné avant hijer, et depuis il se portte beaucoup mieux, i'espere que son plus grand mal sera passé. l'autre Petit a une petitte Fievre continue et une Tous continuel aussij c'est le plus Joli Enfent que J'aij veu de ma vie et trop spirituel pour un Garçon de quatre An. le Frere Drossart en fait pour le moins autant de cas, que sa Femme, imaginez vous l'inquietude que ces deux Petits Malades causent a leur Peres et Meres. Cette sepmaine la Haije a etté extremement pleine de Monde, a cause de la Kermesse, la qu'elle a etté plus Ample, que depuis dix Ans, car pandant la Guerre bien des choses ont ette retranchées. hijer nous fusmes voir une Trouppe de Dansseurs de Cordes qui font des choses assé estonnantes. entre autre il ij a un homme qui fait monter sur ses Espaules une Fille de dix ou douze Ans. sans qu'elle se tient a quoij que ce soit. il monte comme celá une grande Eschelle en courant bien vitte, pour venir sur la corde, la ou il avoit dance au paravant. et avec cette Fille il dansse sur la ditte corde et court si vitte, que cela fait peur aux spectateurs, car n'ij luij n'ij la fille qui est sur ses espaules, n'ont rien dans la main pour les tenir en Balance. c'est une etrange fasson pour gagner sa vie. je n'aij pas encore parlé au Consijn DorpGa naar voetnoot9), je croij qu'il a bien eu dessein de me venir voir mais J'aij etté si fort accablé de mes Malades; que je n'aij songé a rien moins qu'a des visites. mais il faut que par occasion je parle de vostre Affaire a une de ses TantesGa naar voetnoot10), je m'estonne comment il a ose partir de Paris sans vous voir. demain son Altesse part, pour Breda. et puis il va a Dire, a Zoestdijck, a Buren. ce voijage durera plus de six sepmaines. je scaij de bonne part, que l'on est a peu pres console de la Mort de Monsieur PutmanGa naar voetnoot11), sa soeur a etté plus Affligée que tout le reste de la Famille. Adieu mon Cher Frere, toutte nostre Famille vous salue, et se rejouit de vostre santé. |
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