Oeuvres complètes. Tome X. Correspondance 1691-1695
(1905)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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No 2793.
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tote LO, sa soutangente perpetuelle donnee a Et la portion de la courbe soit CD, a laquelle il faille trouver une ligne droite egale. Il faut mener DL, CO perpendiculaires à l'Asymptote, CE perpendiculaire a DL, & prenant LT dans l'Asymptote, égale à la soutangente a, & joignant les droites TD, TE, faire TV égale à TD, & TI égale à TE. Puis ayant joint VD, luy mener parallele IK, & de K, où elle rencontre DL, mener KA parallele à l'Asymptote, coupant DV en F, CO en X, & la logarithmique en A. Alors les droites AX & FK, prises ensemble seront égales à la courbe CD. La solution du même Probleme, à ce que je trouve, se peut aussi reduire à la quadrature d'une courbe, dont l'Equation est a4 ∞ xxyy-aayyGa naar voetnoot6), laquelle depend, comme l'autre, de la quadrature de l'Hyperbole, comme je pourrois le prouver par une demonstration assez aiséeGa naar voetnoot7). Mais la construction aboutit à la même que je viens de raporter. Je ne say s'il y a beaucoup de lignes courbes qui ayent cette propriété, que leur longueur se puisse mesurer par elles mêmes. Cependant en voicy une que j'ay rencontrée il n'y a pas long-temsGa naar voetnoot8); qui, comme vous verrez, est encore digneFig. II.
d'être remarquée pour autre chose. C'est (Fig. II) la courbe AXKO, étenduë à l'infini le long d'une droite qui est son Asymptote, DN; à laquelle AD, tangente au sommet A, est perpendiculaire, & dont la proprieté principale, & très-simple est, que toute tangente, entre le point de contact et l'Asymptote, comme KN, est égale à la ligne AD. Elle s'étend encore de même de l'autre côté de cette perpendiculaire AD. Pour trouver une droite égale à une portion donnée de cette courbe depuis le sommet A, comme AK, (car par là on l'aura aussi pour toute autre portion) il faut mener KP perpendiculaire sur AD, & ayant decrit un arc de cercle PQ, ayant D pour centre, & pour demidiametre DP, trouver en AB parallele à l'Asymptote, le point B, qui soit centre de la circonference qui passe par A, & touche l'arc PQ, ce qui est aisé. En suite ayant | |
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mené la droite BD, il faut prendre sur elle DY, egale à DA, & du point Y mener une parallele à l'Asymptote, jusques á la courbe en X. alors cette YX sera égale à la courbe AKGa naar voetnoot9). Et la nature de cette ligne est telle, que quand on prend des proportionelles autant qu'on veut dans la droite AD depuis D, comme DS, DI, DP, & qu'on mene les appliquées SR, IO, PK; les parties interceptées de la courbe, comme RO, OK, sont toutes égales. Elle sert encore à la quadrature de l'Hyperbole. Car la même droite YX fait avec AD un rectangle égal à un espace hyperbolique ADEV, terminé par AD, VE, perpendiculaires sur FDE, une des Asymptotes, lesquelles perpendiculaires sont dans la raison de AD à DP; l'Hyperbole AV étant Equilatere, & son quarré à l'angle des Asymptotes étant ADFH. D'où l'on voit reciproquement comment on peut trouver les points de cette courbe, en supposant la quadrature de l'Hyperbole. Elle a encore d'autres proprietez remarquables, comme sont que l'espace infini entre la courbe, l'Asymptote, & la droite AD, est égal au quart du cercle dont AD est demidiametreGa naar voetnoot10). Que le solide infini, que produit cet espace en tournant sur l'Asymptote, est égal au quart de la sphere du même demidiametreGa naar voetnoot11). Que la surface de ce solide infini, sans la base, est égale au cercle dont le demidiametre est la diagonale du quarré sur ADGa naar voetnoot12). Mais ce n'est pas pour tout ce que je viens de raporter touchant cette ligne que je la propose icy; mais pour une autre raison; qui est qu'on peut trouver moyen de la decrire par une machine assez simple, & par là reduire l'Hyperbole au quarré, ce qui m'a semblé digne de la consideration des Geometres. La construction de la machine est fondée sur la proprieté susdite de la Tangente, & sur un principe ou loy du mouvement, qui est, que si sur un plan horizontal on tire un point, qui par son poids ou autrement fasse quelque resistance, étant joint au bout d'un fil, ou d'une verge inflexible, dont on fasse simplement avancer l'autre extremité, ce point decrit une courbe dont le fil ou verge sera toûjours la Tangente. Dans l'instrument ou machine que je viens de direGa naar voetnoot13), il faut mener le bout D | |
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du fil ou de la verge DA dans la ligne droite DN, & trouver moyen que la pointe A, qui est à l'autre bout, se tienne droite, & qu'elle presse contre le plan horizon- | |
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tal, plûtôt par ressort que par poids; parce qu'ainsi la courbe AK se decrit sans faute qui soit sensible, quoy que le plan ne soit pas exactement de niveau. Et l'on peut savoir si elle a sa veritable figure, en repoussant le bout N de la verge par la même droite ND, parce qu'il faut que la pointe repasse de K en A sur la même trace qu'elle vient de marquerGa naar voetnoot14). Si cette description, qui par les loix de la Mechanique doit être exacte, pouvoit passer pour Geometrique, de même que celles des sections de Cone qui se font par les instrumens l'on auroit par elle, avec la quadrature de l'Hyperbole, la construction parfaite des Problemes qui se reduisent à cette quadratureGa naar voetnoot15); comme | |
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sont entre autres la determination des points de la Catenaria, ou Chainette, & les Logarithmes. Car quand BY est égale à AC, qu'on prend dans l'axe de la Chainette, c'est-a-dire DB égale à DC, son appliquée CG sera égale à YXGa naar voetnoot16). Et la même YXGa naar voetnoot17) est encore le Logarithme de la raison de AD à PD. C'est-à-dire, qu'elle est égale à la distance des deux lignes AD, PD, ou de quelques deux autres qui ayent la même raison, appliquées á l'Asymptote de la ligne Logarithmique, qui a DA pour tangente universelle; d'ou l'on peut trouver les Logarithmes des Tables, suivant ce que j'ay montré dans l'Addition au Discours de la cause de la PesanteurGa naar voetnoot18). Mr. Leibnitz, qui a commencé le premierGa naar voetnoot19) à reduire la courbe de la Chainette aux loix de la Geometrie, vouloit que cette ligne formée par le moyen d'une chaine effective, & fort deliée, put servir à l'invention des LogarithmesGa naar voetnoot20), ou | |
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pour la quadrature de l'Hyperbole; quoy qu'il faille connoître pour cela, (comme il l'a bien sçu)Ga naar voetnoot21) la longueur de la droite qu'il nomme le Parametre de la courbe, laquelle il n'enseigne pas comment elle se peut trouver. De sorte que nôtte quadratrice paroît preferable pour cet usage, en ce qu'apres la description son Parametre, qui est sa Tangente universelle, est donné. Mais puis que le sujet m'a mené à la considération de la Chainette, qui a donné occasion à une des jolies recherches Geometriques de ce tems, je veux ajoûter icy une maniere assez singuliere que j'ay trouvée, pour parvenir à la construction de cette courbe; qui est ce qu'il y avoit de plus difficile dans ce qu'on s'est proposé d'en chercher. Parmi ce que j'ay contribué pour être inseré dans les Acta de LeipsichGa naar voetnoot22), avec les belles & savantes decouvertes de Messieurs Leibnits & Bernoully, j'ay dit que j'avois reduit la construction, ou l'invention des points de cette Ligne, à la quadrature d'une courbe dont l'Equation est a4 ∞ aaxx+yyxx; & que j'avois reconnu que cette quadrature dependoit de la connoissance de la somme des Secantes des arcs de cercle qui croissent également per minima; laquelle somme avoit été reduite il y a long-tems à la quadrature de l'Hyperbole par Jac. Gregorius dans ses Exercitations Geometriques, où il en deduit la mesure de la Ligne LoxodromiqueGa naar voetnoot23); de quoy je ne me resouvenois pas alors. Mrs. Leibnits & Bernoully, à ce que je puis juger, sont parvenus à cette construction par le moyen de la courbe que ce dernier represente dans la premiere Figure, qu'il donne pour resoudre ce ProblêmeGa naar voetnoot24); car Mr. Leibnitz m'a écrit qu'il l'avoit rencontrée aussiGa naar voetnoot25). Et je trouve que c'est la même que celle que j'ay raportée cy-devantGa naar voetnoot26) dont l'Equation est a4 ∞ xxyy-aayy; ayant sa quadrature dependante, comme j'ay dit, de celle de l'Hyperbole: quoyque je n'aye encore | |
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pu m'imaginer, comment le calcul les a conduits à cette ligne. Mais je passe à ma construction, qui sans considerer d'autre ligne courbe, fait trouver les points de la chainette par la dimension de la ligne ParaboliqueGa naar voetnoot27). Le premier fondement de toute recherche à l'égard de cette ligne est (Fig. III) que s'il y a une chaine composée de poids égaux, attachez à un fil comme sont BCDEF, il arrive toûjours. que de trois interstices qui se suivent, les deux lignes extrêmes, comme CD, FE, étant continuées se rencontrent dans la ligne IH perpendic. à l'horison, qui coupe l'interstice du milieu ED en deux parties égalesGa naar voetnoot28). Considerant maintenant une chaine ainsi composée de poids nouëz à égalesFig. III.
distances, qu'on doit imaginer infiniment petites, & disposée en sorte que l'interstice le plus bas BC soit parallele à l'horison: si sur chacun des autres interstices, | |
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comme hypotenuse, on conçoit des triangles rectangles CDK, DEL &c. desquels un côté soit horisontal; on trouvera que depuis le plus bas les angles DCK, EDL, FEM &c. sont tels que leurs Tangentes croissent également comme les nombres 1, 2, 3, 4, &c. ce qui est aisé à demonstrer par le dit principeGa naar voetnoot29), quoy que peutêtre on ne s'en seroit pas avisé sans le calcul d'Algebre. Que si on s'imagine en suite les parties égales de la chaine CDEFG, étenduës sur la droite horisontale en COPQR, et que de la premiere division O on mene OS, qui concoure avec la perpendiculaire CS, en sorte que l'angle COS soit égal à CDO, & qu'on tire les autres droites SP, SQ, SR: les triangles SCO, SCP, SCQ, SCR, seront necessairement semblables à chacun des COD, DLE, EMF, FNG, puis que SCO est semblable à COD par la construction, & que les autres SCP, SCQ, &c. ont leur tangentes qui croissent également. Si de plus on mene CT, OV, PX, &c. perpendiculaires sur SO, SP, SQ, &c. il est évident que les triangles CTO, OVP, PXQ &c. seront égaux & semblables aux triangles COD, DLE, EMF &c. en prenant les mêmes en ordre. D'où l'on conclud, que si les insterstices CD, DE &c. sont infiniment petits, & de même les parties CO, OP, &c. c'est-à-dire si CG est la courbe de chaine, et CR égale à sa longueur; alors la somme des TO, VP, XQ &c. sera égale à la somme des perpendiculaires KD, LE, MF &c. c'est-à-dire à la droite GΣ, ou à l'axe ϕC, (car l'interstice BC est alors compté pour rien) & que la somme des CT, OV, PX, &c. sera égale à la somme des CK, DL, EM &c. c'est-à-dire à l'appliquée Gϕ. Or en decrivant du centre S l'arc CZ jusques sur la derniere des Secantes SR, il est aisé de voir que la somme des infiniment petites TO, VP, XQ &c. est égale à la droite retranchée ZR. Par consequent, si on suppose que CSϕ est l'axe de la chaine, & la ligne CS de certaine longueur, & que l'on prenne Cϕ égale à ZR, excés de quelque secante SR sur le rayon SC; & l'appliquée ϕG égale à la somme de toutes les CT, OV, PX &c. jusques à celle qui tombe sur SR; le point G sera dans la courbe de la chaine, dont la longueur CG sera égale à la droite CR. Mais il est question de trouver cette somme des infinies CT, OV, PX &c. laquelle j'obtiens par cette consideration, que les angles SOV, SPX, SQY peuvent être censez droits, comme en approchant infiniment pres; & qu'alors les lignes OV, PX &c. étant prolongées des deux côtez, comme aussi RΩ perpendiculaire sur SR, elles deviennent les tangentes de la Parabole CΩ, dont le sommet est C, l'axe CS, le foyer S, faisant SC un quart du Parametre; & que chacune est coupée en deux également par la droite CR; l'une moitié étant jusqu'a l'axe, l'autre jusqu'au point d'attouchement, comme ΩΔ est coupée en R: ce qui se demontre facilement. D'icy j'apprens en suite, par l'Evolution des lignes courbes, dont j'ay | |
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traité au livre de Horologio OscillatorioGa naar voetnoot30), que la somme de toutes les QY, PX, OV, CT, doit être égale à l'excés de la courbe parabolique ΩC sur la droite ΩR. Ce que les Geometres compendront assez facilementGa naar voetnoot31), sans que je m'arrête à le prouver plus au long; n'ayant pas dessein d'écrire icy des demonstrations, mais d'indiquer seulement les voyes de l'invention. Etant donc donné le Parametre SC de la chainette, si on prend dans l'axe quelque point Φ, & qu'on decrive du centre S avec le demidiametre Sϕ un arc de cercle qui coupe CR, tangente au sommet, en R; la tangente RΩ menée à la dite parabole du point R, étant ôtée de la longueur de sa courbe CΩ, qu'on suppose pouvoir être mesurée, le reste sera pour la droite à appliquer, ϕG; et ainsi par la même Parabole on trouvera tant de points qu'on veut dans cette courbe. J'ay envoyé cette construction à Mr. Leibnits des le commencement de Sept. en 1691Ga naar voetnoot32). On peut au reste remarquer en passant, que la courbe CG, (en prenant toûjours le nombre des interstices infini, & par là le point C comme dans l'axe, & pour sommet) sera égale à la droite CRGa naar voetnoot33). Et que la dimension de l'espace de la courbe se demontre encore d'icy sans peine, en achevant le rectangle RCSΘ, & en prolongeant les perpend. GN, FM &c. jusques sur SΘ, en Λ, Γ &c. parce qu'il paroit que le triangle SQY est la moitié du rectangle FΛ, ayant la base & la hauteur de même. Et pareillement le triangle SPX la moitié du rectangle EΓ. & ainsi les autres en suite. Et par consequent le triangle SCR égal à la moitié de l'espace SCGΛGa naar voetnoot34). Je pourrois montrer de même, en abregé, les fondemens de tout ce qui a été trouvé touchant cette Ligne courbe. Mais j'estime que cela appartient plûtôt à Messieurs Leibnits & Bernoulli, qui y ont plus de part que moy; & il faut les prier pour l'utilité du public de vouloir prendre cette peine. J'aurois fini icy, sans une lettre que je viens de recevoir de Monsr. le Marquis de l'HospitalGa naar voetnoot35); ou ayant trouvé deux choses remarquables en ces matieres, je ne puis m'empêcher d'en dire quelque mot. L'une est la construction, avec plusieurs proprietez de la Ligne Courbe de Mr. de Beaune, que Mr. Descartes dans sa lettre 79 du 3 vol. dit luy avoir été proposée à trouver par la proprieté donnée | |
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de sa Tangente: Probleme qui m'a paru très-difficile. On en trouvera la solution de Mr. le Marquis dans le 34. Journal des Sçavans de l'année derniereGa naar voetnoot36); c'est pourquoy je ne la raporte point. L'autre est sa reponse touchant une autre Courbe fort connuë, & que Mr. Descartes a encore considerée autrefois, comme aussi Mr. HuddeGa naar voetnoot37), du tems que sesFig. IV.
emplois dans la Repub. ne l'empêchoient pas de vaquer à ces études. C'est celle dont vous voyez icy la Figure, (Fig. IV) enfermant la feuille ABCH, & continuant son trait de part & d'autre le long de l'Asymptote EFG. Son équation est x3+y3 ∞ xyn, quand AD est x prise dans la droite qui fait un angle de 45. degr. avec le diametre CA; la perpendiculaire DB, ou DH, ou DK, y, & n une ligne droite donnée. Luy ayant mandéGa naar voetnoot38) que j'avois trouvé la quadrature de cette Courbe, & que le contenu de la feuille ABCH était egal à ⅙ nn, c'est-a-dire à un tiers du quarré du diametre AC; que l'espace infini entre l'Asymptote et les deux continuations etoit encore de même grandeur; & que la quadrature generale des segments s'exprimoit par un seul terme; il n'a pas manqué de trouver au vray cette quadrature generale. Savoir que le contenu des segments AH, ou AK, s'exprime par nxx/6y, & du segment AB par nyy/6x. Mais de plus il m'assûre d'y être parvenu par trois voyes differentes. Ce que j'admire, croyant avoir fait quelque chose d'en avoir trouve une. Je suis, &c. |
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