Oeuvres complètes. Tome X. Correspondance 1691-1695
(1905)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 2852.
| |
[pagina 601]
| |
generale de toutes les quadratures per constructionem tractoriamGa naar voetnoot5) que vous aurez remarquée dans les Actes de LeipzigGa naar voetnoot6), et sur la solution d'un probleme de soustangentielle, que vous m'aviés proposé, et que je vous avois donnée dans ma lettreGa naar voetnoot7). Je vous supplie donc de me faire sçauoir vostre sentiment sur ces choses là, d'autant que vous me fîtes esperer vos reflexions sur les miennes qui se rapportent à la physiqueGa naar voetnoot8). Voicy un discours de la RefractionGa naar voetnoot9) d'un sçavant professeur à WitenbergGa naar voetnoot10), qui s'est attaché à expliquer dans ses theses vostre doctrine publiée dans le liure de la lumiere. Il me cite aussiGa naar voetnoot11) comme reformateur de l'hypothese de Mr. Des | |
[pagina 602]
| |
Cartes, et j'auois dit quelque chose en effect dans les Actes de LeipzigGa naar voetnoot12) d'autresfois qui s'y rapporte, mais vostre hypothese me paroist bien plus plausible. J'ay appris de Mons. Fatio par un de ses amisGa naar voetnoot13), que M. Neuton et luy, sont plus portés encor à croire que la lumiere consiste en des corps qui viennent actuellement du soleil jusqu'à nous, et que c'est par là qu'ils expliquent la differente refrangibilité des rayons, et les couleurs, comme s'il y auoit des corps primitifs, qui gardoient tousjours leur couleur, et qui venoient materiellement du soleil jusqu'a nous. La chose n'est pas impossible, cependant il me paroist difficile que, par le seul moien de ces petites fleches, que le soleil decoche selon eux, on puisse rendre raison des loix de la refraction. Outre que Mr. Mariotte pretendoit faire voir par des experiences mises dans son essay des couleursGa naar voetnoot14), qu'il n'y a point de ces rayons colorés primitifs et que la couleur d'un rayon est changeable; c'est ce que je n'ay pas encor assez examiné. Mais comme vous l'auiez fait sans doute, je vous supplie de m'en faire sçavoir vostre sentiment. On me fait sçauoir encorGa naar voetnoot15) que Mons. Fatio pretend d'auoir donné une raison Mecanique de la pesanteur differente de la force centrifuge. En effect je m'etois imaginé déja autres foisGa naar voetnoot16), qu'il y pourroit auoir une espece d'explosion ou | |
[pagina 603]
| |
recessus, rejection d'une matiere tres menue et par consequent plus solide, ou si vous voules, plus dense, qui obligeroit par consequent celle qui est plus rare et plus grossiere de s'approcher. Et pour entretenir ce mouvement je m'imaginois que la matiere menue estant eloignée du centre entroit dans la nourriture des corps grossiers; et que la matiere grossiere arrivée vers le centre de l'attraction estoit brisée en echange, et par consequent rendue menue, à peu pres comme le feu se nourrit par l'attraction de la matiere et particulierement de l'air. Mais cependant vostre explication par la force centrifuge me paroissant aussi tres plausible, je me trouve comme suspendu entre ces deux sentimens. La proportion reciproque des quarrés des distances vient naturellement et aisement de l'emission rectilineaire à l'imitation des rayons de lumiere; j'auois pourtant pensé encor à quelque explication par la force centrifuge. Et peutestre que la nature, qui est abondante dans ses moyens, pour obtenir ses fins, joint ces deux causes ensemble, comme j'ay quelque penchant de croire à l'egard du mouuement des planetes, ou peutestre la trajection propre et la circulation d'un ether deferant, sont conciliables, et conciliés effectivementGa naar voetnoot17), tout s'accommodant dans la nature. Le consentement des planetes d'un meme systeme & l'analogie du magnetisme rendant tres probable qu'il y a quelque chose de plus que la simple trajection de Mons. Neuton. On me mande aussiGa naar voetnoot15) que vous aviés fait une objection tres forte a Mons. Facio touchant son explication de la pesanteur, mais qu'il auoit trouvé moyen de la resoudre & de vous faire convenir qu'elle estoit resolue. Et que Mons. Facio ne met que tres peu de matiere dans tout l'univers avec du vuide entremelé incomparablement plus grand. Mais que ce peu de matiere estant extremement repandu, comme les filets et comme l'or en feuilles, il suffit pour remplir ou plus tost pour embarasser l'espace. Je conviens qu'on se peut imaginer cela quand on peut admettre le vuide & les atomes. Mais je croy que cela n'est pas assez convenable à l'ordre de la nature, & bien des raisons me dissuadent d'admettre le vuide & les atomes, c'est à dire des corps infrangibles, comme je crois pourtant que sont encor ceux de Mons. Facio. Cependant comme M. Facio a bien de la penetration, j'attends de luy des belles choses quand il viendra au detail; et ayant profité de vos lumieres et de celles de Mons. Neuton, il ne manquera pas de donner des productions qui s'en ressentiront. | |
[pagina 604]
| |
Je voudrois estre aussi heureux que luy, & à portée pour consulter ces deux oracles. Voicy encor une chose dont je vous supplie. Il y a une Academie illustreGa naar voetnoot18), ou des princes, comtes, et jeunes gentilhommes sont élevés. Le professeur des mathematiques y est mort. On m'a mandé qu'on en desiroit un autre, mais qui outre la theorie, eut encor la practique et le talent d'enseigner sur tout dans l'architecture militaire et dans les mecaniques, et s'il estoit encor bon dans l'Architecture civile, tant mieux. Les gages sont asseurement tres raisonnables et le poste fort avantageux; d'autant que c'est dans le lieu de la residence d'un princeGa naar voetnoot19), qui est luy mesme extremement curieux & intelligent, et qui honnore les gens de merite. Je vous supplie, Monsieur, d'y songer et de me faire sçauoir si vous en connoissés quelqu'un qui y seroit propre. J'auois songé à un sçavant homme qui demeure comme je crois en Hollande, mais dont je ne sçaurois maintenant trouuer le nomGa naar voetnoot20), qui a publié il y a quelques années un petit livre in 4oGa naar voetnoot21), où il commence d'expliquer les principes de la fortification d'une maniere tres ingenieuse et par un calcul singulier, en faisait l'estime de la quantité de la defense, commençant par cette consideration, où il y a pourtant quelque chose à dire, que la ligne AB quoy que plus grande que BC ne sçauroit donner plus de feu que BC, si les tirades doiventestre paralleles à DEGa naar voetnoot22). On m'auoit dit que l'autheur de ce petit liure estoit Hollandais ou du voisinage, mais qu'il auoit esté ingenieur de Brandebourg, et depuis auoit eu une entreprise en Hollande pour faire imprimer des figures sur de la soye à la façon des tailles douces. Je ne le sçaurois mieux designer. Mais je ne me borne pas à luy. On ne peut aussi rien encor promettre de certain, car le Prince | |
[pagina 605]
| |
du lieu qui est intelligent aura fait encor demander ailleurs et choisira. Mais je pourray contribuer à son choix. Je suis avec zele
Monsieur
Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Leibniz. |
|