Oeuvres complètes. Tome X. Correspondance 1691-1695

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N^o 2856.
Christiaan Huygens à G.W. Leibniz.
8 juin 1694.

La lettre se trouve à Hannover, Bibliothèque royale.
Le sommaire se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Le sommaire a été publié par P.J. Uylenbroek¹⁾, la lettre par C.I. Gerhardt²⁾.
La lettre fait suite au No. 2854.
G.W. Leibniz y répondit par le No. 2863.

Sommaire:³⁾
8 juin 1694. Escrit pour informer d'avantage Mr. Leibnitz touchant la personne du Sr. Teiler, que j'en ay parlè à Mr. de Volder, qui m'en a dit du bien, et qu'il le croit fort propre pour remplir la charge à laquelle on le vouloit appeller en Allemagne. Que j'avois parlè aussi derechef à Teiler, qui me dit que d'autres personnes luy avoient parlè touchant ce mesme employ; que c'estoit chez Mr. le Prince de Wolfenbuttel, et que je le trouvois assez disposè à l'accepter. Que je n'ay pas voulu manquer de luy faire scavoir ces choses, puisqu'il m'a fait l'hon neur de m'en consulter, et que je n'estois pas assez informè en escrivant ma precedente lettre.
Que j'avois oubliè dans la mesme de luy marquer deux vilaines fautes, qu'on avoit faites en imprimant dans le journal de Leipsich ce que j'avois donnè touchant le problema Bernoulianum sçavoir en mettant abstinere slatuerim au lieu de statuissem, et omnia erui posse au lieu de cam Que je le prie d'en avertir par occasion l'Editeur de ce Journal, à qui je ne sçay si je dois imputer cette faute ou à vostre copiste.
Que je ne scay s'il aura sçu l'accident arrivè au bon Mr. Newton; scavoir qu'il a eu un atteinte de phrenesie qui a durè 18 mois et dont on dit que ses amis, à force de remedes et e le tenant enfermé, l'ont gueri maintenant.

A la Haye ce 8 juin 1694.

J'espere que ma lettre du 29 du mois dernier vous aura estè rendue. J'ay parlè du depuis à Mr. de Volder pour m'informer touchant ce que je vous avois mandè, qui m'a nommè quelques personnes qu'on pourroit proposer pour l'employ dans l'Academie inconnue, mais m'assurè en meme temps qu'il n'en connoissoit pas de plus capable que le Sr. Teiller dont vous m'aviez escrit. Il m'en a dit aussi touchant ses bonnes qualitez des choses que je ne scavois pas, et entre autres qu'il avait voiagè en Italie, en Sicile, et jusqu'au Cairo, et qu'il avoit dessinè en tous ces pais une insinitè d'antiquitez et de belles vues. Au reste que sa sollicitation ou celle de ses amis pour la profession de Mathématique à Utrecht n'avoit pas reussi, seulement par ce qu'il avait esté le disciple de Mr. Cranen⁴⁾, car ces partialitez du Carte-

1) Chr. Hugenii etc. Exercitationes Mathematicae, Fasc. I, p. 181.

2) Leibnizens Mathematische Schriften, Band II, p. 177. Briefwechsel, p. 732.

3) Le sommaire se trouve écrit à la suite de la minute de la Lettre N^o. 2854.

4) Sur Theodorus Craanen, voir la Lettre N^o. 346, note 1.

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sianisme et et du Voetianisme s'etendent jusques mesme les professions, où il n'est pas question de Theologie. J'ay aussi vu apres cela Mr. Teiler et toute sa boutique de la Manufacture des toiles imprimées, estant logè à une demie lieux d'icy dans une maison de campagne qui est grande et belle. Il me dit que d'autres personnes luy avoient encore parlè touchant cet employ en Allemagne, que c'estoit chez Mr. le Prince de Wolfenbuttel, et me paroissoit assez bien disposè maintenant à l'accepter. Mr. de Volder m'a dit qu'il a estè cy-devant professeur à Nimwegen. Je n'ay pas voulu manquer, Monsieur, à vous faire scavoir toutes ces choses, puis que vous m'avez fait l'honneur de demander mon avis, et que je n'estois pas assez informè en vous escrivant ma precedente lettre.

J'oubliay de vous marquer dans la mesme deux vilaines fautes qu'on a faites dans le Journal de Leipsich en donnant ce que j'ay escrit de Problemate Bernouliano, scavoir abstinere statuerim au lieu de statuissem. Et omnia erui posse au lieu de eam⁵⁾. Vous me ferez grand plaisir d'en avertir par occasion l'Editeur de ces Journaux, à qui je ne scay si je dois imputer cet Erratum ou à vostre copiste, car je suis bien assurè d'avoir escrit autrement.

Je ne scay si vous aurez sceu l'accident arrivè au bon Mr. Newton⁶⁾, scavoir qu'il a eu une atteinte de phrenesie, qui a durè 18 mois, et dont on dit que ses amis à force de remedes et de le tenir enfermè, l'ont à peu pres gueri maintenant. Voila un grand malheur, et le plus facheux qui puisse arriver à un homme. J'avois encore d'autres choses à vous mander, mais je suis pressè d'envoier cette lettre, c'est pourquoy je finis en vous assurant que je suis etc.

5) Voir la pièce N^o. 2823, notes 5 et 10.

6) Consultez à ce sujet, la Lettre N^o. 2855, note 3.