Oeuvres complètes. Tome IV. Correspondance 1662-1663
(1891)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 1031.
| |
[pagina 168]
| |
sans doute vous causent un grand mespris pour tout ce qu'il y a de choses de cette sorte dans la Patrie. J'eusse voulu veoir madame LouiseGa naar voetnoot2) dans son habit claustral et faisant la charge de PortiereGa naar voetnoot3). Au reste la conversation sur le suject du pendule a estè fort plaisante. voila des mauvais pas ou se met le bon Signor Padre pour en prescher avec tant d'affection les vertus. De Saturne il n'en est pas de mesme, car il en peut parler en toute securitè sans craindre des semblables in convenients. Ce parentage ne luy est aucunement a charge, et luy fait honneur, comme vous avez pu juger par la reverence du Sieur ThaumasteGa naar voetnoot4) l'Anglois. J'attens encore des nouuelles de chez Madame de BrederodeGa naar voetnoot5), pour scavoir quand je me doibs rendre a Zulichem. Il me semble que de son costè on ne presse pas fort l'affaire, et du nostre je ne voy pas aussi suject de la haster, pourveu qu'ils s'abstienent de rebastir l'ouvrage que nous avons demoli. J'ay escrit a van GenderenGa naar voetnoot6) d'y prendre garde et de nous en advertir. Mon Pere aura ri sans doute que j'ay nommè Dirck JanszGa naar voetnoot7) le Secretaire pour un des mediateurs de nostre costè, qui est en l'autre monde il y a plus d'un an, comme j'ay apris depuis. C'est en effect estre bien informè des affaires, mais vous scaurez que le Sieur de ZeelhemGa naar voetnoot8) y a estè trompè aussi bien que moy. Je luy ay communiquè vostre apologie touchant la despense comme il m'a aussi fait part cy devant de ce que Mon Pere luy en a escrit, en quoy n'ayant jamais trouvè qu'il eut grand suject de se plaindre j'ay mis ces remonstrances au rang de celles que tant de fois nous avons ecoutées en cas pareil. En tenant bon compte, comme jusqu'icy vous avez sait, cela vous justisiera tousjours assez, et le frere dit que desia il en a escrit a Mon Pere pour luy faire comprendre qu'il n'y avoit pas encore a redire a vostre despense. Pour moy je ne trouverois pas hors de raison qu'il vous donnast quelque chose d'avantage estant a Paris, veu que le credit n'y est pas si bon qu'icy, et les 14 mille voyes qu'il y a là de despendre son argent. | |
[pagina 169]
| |
Je ne scay quelle nouuelle on peut avoir là de la prise de Formosa. Les vaisseaux des Indes qui nous en doivent apporter ne sont pas encore arrivez, mais on les attend bientost. On a bien sceu que les Chinois estoyent dans l'Isle et qu'ils tenoient Taiwan assiegée, ou commande Monsieur CoijetGa naar voetnoot9), mais qu'ils l'auroient emportée, de cela on ne scait encore rien, quoy qu'il y en ait, et entre autres le Cousin CaronGa naar voetnoot10) qui l'apprehendent fort. Je le fus veoir dimanche passè pour luy demander ce que c'eftoit de ce livre de medecine Japonoise dont Monsieur Thevenot m'a escritGa naar voetnoot11). Il me dit que ce devoit estre un abus de PisoGa naar voetnoot12), parce que jamais il n'a eu le dit Livre ni ne luy en a parlè, mais bien souvent de la maniere dont ces Insulaires exercent la medicine. J'eserirayGa naar voetnoot13) a Monsieur Thevenot ce qu'a ce propos il m'en a racontè, mais ce ne poura pas estre aujourdhuy. En recompense je veux aussi luy envoier un ExtraitGa naar voetnoot14) du Voiage en la Chine, que j'en ay tirè lors que je l'eus entre mes mains, je dis cette Relation qu'il a si fort desirè d'avoirGa naar voetnoot15). Je ne scavois pas moy mesine que j'avois cet Extrait, mais je viens de le trouuer parmy d'autres papiers. Hier je fus au Role entendre plaider la cause du Sieur BorriGa naar voetnoot16) cet homme si renommè, et ce fut la premiere fois que je le vis. On l'a icy citè pour comparoistre en personne, Monsieur le Procureur GeneralGa naar voetnoot17) s'estant joint avec l'Officier d'AmsterdamGa naar voetnoot18), et ainsi son Excellence estoit là teste nüe dans une grande con- | |
[pagina 170]
| |
fluence de monde. l'affaire est que les heritiers d'un marchand d'Amsterdam nommè DemmerGa naar voetnoot19), ayant trouvè une espece d'obligationGa naar voetnoot20) par la quelle Borri luy promettoit que dans 2 ans il luy paieroit 100 mille francs pour un certain secret que ce Demmer luy auroit enseignè, et la dite obligation ayant pourtant de clausulesGa naar voetnoot21) qui la rendoit invalide, l'on a commencè de soubçonner le Sieur Borri qu'il auroit empruntè quantitè d'argent du deffunct, et que puis apres il l'auroit depeschè par belle medicine, car il luy avoit servi dans sa maladie, et cet homme ayant estè assez accommodè durant sa vie, l'on ne trouua presque rien apres sa mort. Borri fut d'avis de demander mandement de purge a Amsterdam, pour faire cesser ce meschant bruit, et l'Officier dat hij soude op Articulen gehoort werdenGa naar voetnoot22). En quoy Borri ayant triomphè il a appellè l'Officier devant la Cour icy, et demandè derechef a se purger. Monsieur BoyGa naar voetnoot23) qui s'est joint au dit Officier, a plaidè de mesme qu'il fut interrogè sur des articles et c'est ce de quoy on dispute encore, sans qu'on ait encore touchè aux informations. Le Faiseur de Cartes P. MeffertGa naar voetnoot24), aupres de qui il Signor Borri avoit aussi tout credit, est encore mort assez subitement et pauvre quoy qu'on l'ait tousjours tenu fort riche, ce qui augmente fort les soupcons contre le dit BorriGa naar voetnoot25). |
|