Oeuvres complètes. Tome IV. Correspondance 1662-1663
(1891)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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No 1021.
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tes personnes ne se pouvoit eschauffer qu'a mon avantage, car en effect il y en a d'estre citè par eux, et de tous les deux partis avec elogeGa naar voetnoot9). Je devrois les prier et particulierement Monsieur Frenicle d'en estre moins liberal; mais je prevoy que le combat se terminera bien tost apres qu'ils auront connu la veritable phase de ♄ qui est a present, ou par leur propres observations, ou en adjoutant foy aux mienes; car elle ne favorise non plus l'une que l'autre de leur hypotheses, mais confirme entierement la miene estant telle que voicy, et je la peindray un peu mieux que de coustume, a fin qu'elle ne cause pas des abusGa naar voetnoot10) comme celleGa naar voetnoot11) de l'an passè. Les anses comme vous voiez sont bien larges aux endroits ou elles sont attachées au globe, contre ce qui devroit estre selon Monsieur Wren, qui les supposoit là fort estroites. Vous voyez aussi qu'il s'en faut encore beaucoup que l'interieure ellipse des anses ne passe par dessus le globe et par dessous sans le toucher, comme Monsieur Frenicle l'avoit attendu, ou du moins qu'il s'en faudroit tres peu. Je viens a vostre discoursGa naar voetnoot12) sur mon experience pneumatique, qui quoy que beau et subtil, ne me met pas encore en repos touchant la cause des estranges effets qui s'y decouvrent. Pour ce qui est de vostre hypothese des quatre elemens et de leur qualitez je veux bien en admettre icy, ce qui fait au present suject, c'est a dire ce que vous supposez touchant l'air et l'eau. La figure que vous donnez aux particules de cellecy est la mesme que Monsieur Des Cartes luy attribue, et quant au meslange de cet element avec celuy de l'air il est evident par ce qu'on en voit dans cette mesme experience, quand on la fait avec de l'eau fraische. Toutefois il ne semble pas qu'il y ait telle quantitè d'air dans l'eau que vous pensez, parce que quand elle en est toute purgee l'on n'appercoit pas que sa quantitè en soit devenue moindre. Au reste je suis marry d'avoir estè cause en ne m'expliquant peut estre pas assez clairement, que vous n'ayez pas sceu au vray l'histoire de mon experience. Car premierement c'est seulement l'eau qui a estè purgée d'air dans le recipient vuide pendant toute une nuict qui refuse apres de descendre de la phiole, et non pas l'eau sraische apres avoir descendu une fois comme vous avez cru. Secondement dans l'eau purgée il n'y vient pas tousjours une petite bulle qui face descendre celle de la phiole, mais quelque fois, et quelquefois point. Et quand la dite eau descend a mesure que cette bulle se dilate cela ne se fait pas avec beaucoup de peine et de temps, mais presque en un moment. Et l'air de la | |
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bulle ne s'insinue pas entre l'eau du col et ses parois mais c'est l'eau qui descend le long de ces parois, laissant le chemin du milieu libre a l'air. En fin ce n'est pas tousjours avec precipitation que l'eau remonte dans la phiole quand je donne entree a l'air dans le recipient, mais quand je veux je la fais monter petit a petit. Vous devriez avoir estè informè de toute ces particularitez, qui sans doute auroient apportè quelque changement dans vostre raisonnement. Et si de plus vous eussiez sceu que je n'ay pas fait seulement l'experience avec une phiole a long col, mais aussi avec des tuyaux simples fermez par dessus et assez larges, et tousjours avec mesme issue, vous n'auriez jamais attribuè la cause de la suspension de l'eau a l'empeschement que s'entredonnent les particules de l'eau, en voulant sortir a la soule vers en bas, car vous avez fort bien vu vous mesme que si en ce cas elle demeuroit suspendue comme auparavant, vostre conjecture ne subsisteroit pas. Or quand mesme c'est une phiole avec un col estroit, je ne scay si vous avez raison de croire que pour cela les petites anguilles de l'eau s'y rengent de leur longueur pour ainsi se presser entre elles, car ce col quoy qu'il ne fust que d'une ligne est tousjours extremement large a proportion de ces petits corps, comme la tour de Nostre Dame a une aiguille et bien plus encore, de sorte que ces parties de l'eau ont la libertè de s'y tenir en quelque sens que ce soit. Mais supposè qu'elles fussent ainsi serrees dans le col comme vous voulez il semble que l'eau qu'elles composent ne seroit plus liquide mais comme glacee, ce qui ne se trouve point. dans l'experience en fin que vous apportez de l'eau d'une phiole renversee qui n'en tombe point, la raison pour quoy cela arrive est manifeste à scavoir le pressement de l'air contre l'ouverture d'en bas, au lieu que selon vous ce seroit encore l'empeschement que se donnent les parties de l'eau en voulant sortir par cette ouverture estroite. Voila Monsieur ce que j'avois a vous dire touchant vostre recherche, qui comme j'ay advouè ne me satisfait pas tout a fait, mais vous suppliant de me faire scavoir en revanche les difficultez que vous avez trouvees dans ce que j'en ay escrit a mon frereGa naar voetnoot13), et vous obligerez
Monsieur
Vostre &c. |
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