Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684
(1899)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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No 2197.
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bliotheque du RoijGa naar voetnoot3), d'autant qu'il ij a plus de six mois qu'il a debourssé cet argent n'aijant pas cru que sa maijesté voudroit estre son debiteur si longtemps d'une somme si considerable, ou plus tost le Sire de Carcaui de la direction de qui cela depend. Vous scauez peutestre desia au moins le sigr. Padre ne manquera pas de vous le faire scavoir par cet ordinaire la perte tres sensible que nous venons de faire tous en la personne de nostre cher et tres grand amij Mons.r ChiezeGa naar voetnoot4), qui est mort si subitement d'une certaine oppression de poitrine et rumatisme, et sans doutte inflammation de poulmon aussi, comme nous venons d'apprendre par les dernieres lettres, je croij que c'est justement le mesme accident, comme celuij par le quel je perdis il ij a 7 ans astheure ma fille aineeGa naar voetnoot5). vous ne douttez point qu'il ne soit infiniment regretté de tous ceux qui ont eu l'auantage de le coignoistre, toutte nostre famille en est tres sensiblement touchee, aijants tousiours esperé que quelque jour nous nous serions encore une fois reveus rassemblez icij dans la petitte salette de nostre maison, de la quelle et des joyeuses soirees que nous ij auons passees si souuent en bonne compagnie il se ressouuenoit encore tousiours en ses lettres. Sed non fuit in fatis. Le frere de Zeelhem qui estoit present lors que S.A. en receut la nouvelle dit qu'il le regrettoit extremement et que de long temps il ne luij auoit veu tesmoigner tant de ressentiment de pareil accident. nunc cassum lumine lugent. et pendant sa vie on le laissoit languir a Madrid sans luij paijer les appointemens non obstant touttes les jnstances, lamentations et supplications qu'il ne cessoit de faire sans cesse. sur tout il s'aperceura auec le temps qu'il a perdu en luij un tres fidelle et zelé serviteur, et nous tous un amij imcomparable. Pour le Seig.r de Nijenroode il semble qu'il se remet au moins nous en jugeons ainssi, n'en aijants point eu des nouuelles depuis quelques jours ce qui n'est pas mauvais signe, d'ailleurs la sigra CarabellaGa naar voetnoot6) estant trop exacte pour ne pas donner des auis sur ce sujet s'il en estoit besoing comme elle a accoustumé de faire ou au fig.r Padre ou a la sorella de Zeelhem. J'aij veu dans vostre derniere au S[ignor] P[adre] que vous souhaittez d'estre informé du succez des pretendues amples et riches promesses de Sieur Becker ou BeckerusGa naar voetnoot7) qui convertiroit tout le sable du riuage de Scheveling en or, pur et fin. or il n'a pas encore jusques astheure donné beaucoup de satissaction, il est vraij qu'il a fait il ij a quelques semaines une certaine epreuve ou deux en petit volume c'est a dire pour la quelle il a fait la depence de dix ou douze escus en argent, (car il faut que l'argent en soit, et l'or qu'il pretend produire ou bien la matiere | |
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doit couler a trauers de l'argent sans pourtant qu'il deperisse rien de cet argent). mais messrs les commisaires deputez a cette jmportante fabrique et les muntmeestersGa naar voetnoot8) essaijeurs etc. qui en sont aussi n'ont point eu contentement entier cette fois la, et mesme on remarque que quelques uns des commissaires qui cij devant estoient fort persuadez de la chose et en auoient conceu une opinion tres forte et croijants que l'jnvention reussiroit infalliblement, commencent a tesmoigner un peu moins d'ardeur a la prosner comme ils faisoient auparavant. on attend astheure seulement la grande espreuve qu'il a promise depuis longtemps et qui doit decider de l'affaire. mais l'autheur la remet et differe de temps en temps ce qui ne semble rien promettre d'auantageux et fait croire qu'il n'est pas encore bien asseuré de son fait. a cette grande espreuue (comme on la nomme) il faudra emploijer environ mille escus en argent que l'estat s'est obligé de luij fournir pour ce la, mais qui n'ij perdra rien comme je viens de vous dire en ne deperissant rien de la masse du dit argent qui ij est emploije. Somma sommarum on croit qu'il en ira comme de tous ces predecesseurs au metier c'est a dire que El todo es nada. et en voila assez ce me semble sur ce sujet pour satisfaire a vostre curiosité, j'aij esté encore expres hijer pour cet effet voir Mons.r van BleijswijckGa naar voetnoot9) Gecommitteerde Raedt de la part de la Ville de Delft, qui outre que de touttes ces choses se fait raport de temps a autre a leur assemblee, est un personnage fort curieux de touttes sortes de belles et bonnes choses, qui m'a informé d'une grande partie de ce que dessus, ce qui en arriuera, je ne manqueraij pas de vous le faire scauoir en temps et lieu, mais jusques astheur il n'en est autre chose. L'autheur se fait donner du GenaedeGa naar voetnoot10). ce qui sent assez son Allemand, et le Charlatanisme, Conseiller etc. de S. Maijeste Jmperiale. a la demande pour quoij il n'a pas mis en execution cette belle decouuerte aupres de son ancien maistre qui en a autant besoin je pensse que Messr. les Estats, il ne repond sinon que le sable qui est arrousé journellement de la Mer est plus propre pour son jnvention que l'autre, et c'est ce qui fait perdre toutte esperance a Messieurs les Estats d'Utrecht qui avoient fait dessein de redresser touttes leurs finances par le moijen de cet habille homme en faisant convertir toutte cette grande bruijere et desert qu'on apelle den Amersfoortsen Berg, en fin or, ce qui asseurement auroit esté une chose admirable louable et profitable tant pour le publicq que pour l'jnventeur en son particulier qui auroit esté ou seroit veritablement celuij dont on diroit qui miscuit utile dulci. Mandez nous un peu quel effet ont fait par de la Les Charmes de ces deux | |
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belles qu'on ij a veu n'a guerres, je veux dire les deux filles de Mons. le feu Pensionaire de WitGa naar voetnoot11), et si en consideration de la memoire de Mons.r leur Pere on ne les a pas eu en quelque consideration particuliere. elles ij ont esté sous la conduite d'une certaine dame des mieux nourries et qui scait son monde parfaittement madame Graef de PolsbroekGa naar voetnoot12), apres quoij quid non speramus etc. J'aij une certaine coustume de ne finir jamais mes lettres qu'auec mon papier, puis donc que le feuillet est remplij vous voila quitte, j'ajousteraij seulement que toutte la famille vous baise les mains, Adieu. |
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