Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684

N^o 2177.
Ph. Doublet à Christiaan Huygens.
13 juin 1679.

La lettre se trouve à Amsterdam, Bibliothèque de l'Université.
Elle fait suite au No. 2163.

A la Haije le 13 juin 1679.

Voicij Sigr. Fratello la liste ou plus tost le conte des livres¹⁾ qu'on a acheptez sur vostre ordre pour la Bibliotheque du Roij, dans l'auction du feu sieur Proff. Heijdanus, montant en tout auec les frais comme vous ij verrez a la somme de f 332 liur. argent d'Hollande.

La quelle vous me pourrez faire tenir icij s'il vous plaist par quelque lettre de change sur moij, aijant esté desia paijee a Leijde par nostre bon amij Monsieur van Leeuwen qui a bien voulu auoir la bonté de prendre sur soij le soin de cet achapt, qu'il a fait faire sur le lieu par quel qu'un de ses gens ou autre propre pour

1) La liste des livres achetés à Leiden, pour la Bibliothèque du Roi, ne paraît pas avoir été conservée.

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cela, aussi a nostre auis l'a ton assez bien menagé, et la somme nous semble assez modique pour un si grand nombre de volumes. depuis, par l'ambaras que luij ont causé ses affaires et sur tout l'equipage et ce qui en depend, pour son Ambassade extraordinaire en Angleterre il avoit negligé de me remettre entre les mains le susdit memoire icij joint. cependant par ses soins aussi, les dit liures enballez etc. comme il faut, ont esté envoijez par Rotterdam a Rouen, où ils seront sans doutte desia arriuez, et peutestre aussi a Paris. La superscription des Balots s'adressant a vostre Seigr.^ie et aupres des liures dans le Balot on trouuera une liste toutte pareille a celle cij. Il m'a dit aussi pour vous en avertir que par mesgarde on auoit mis sur le Balots, pour la Bibliotheque de Monseigr. Colbert au lieu qu'il ij deuoit avoir esté, que c'estoit pour celle du Roij. mais cela ne fera rien a l'affaire.

Au reste nostre amij susdit ou plus tost son Excellence Leonine, pour parler congruement, est partij hijer auec un equipage fort leste et un train assez nombreux, auquel Mesdem^.lles ces quattre filles ainees ne donnent pas peu de lustre, vers la cour de sa Majesté Britannique. Ma femme et moij entre autres, l'auons esté conduire a la Brile, d'où il fit voile en nostre presence hijer a neuf heures du matin, dans une jachte que le Roij luij auoit envoijee expres, et auant mesme que nous pusmes arriuer a Maeslantsluijs il estoit desia, avec son vaisseau, et celuij ou estoient ses cheueaux, carosses et Bagage, pres de l'embouchure de la Riuiere, depuis le vent n'a pas esté fort bon nij trop mauuais aussi, mais il fait un tres beau temps de sorte qu'ils pourroient selon nostre calcul arriuer encore a ce soir dans la Riuiere de Londres. Il ne pretend pas demeurer plus de quattre mois en ce voijage, quoij que personne icij ne le puisse croire, mais il a pris de si bonnes precautions pour cela auant que partir et sur tout auant que se vouloir laisser emploijer, outre que je suis tresbien informé, combien il ij iroit de son interest pour ses affaires particulieres, si il ij restoit plus long temps, qu'asseurement il sera de retour deuant l'hijver.

J'espere que vous vous portez tousjours bien depuis vostre derniere jncommodité²⁾, pandant que le seigr. d'Oorschot estoit a Paris, je vous asseure qu'il luij a falu subir les questions ordinaires et extraordinaires, et cela jteratis vicibus, mais il a donné tres grande satisfaction, sur tout a moij qui suis assez rigoureux examinateur en ces sortes de matieres, mais je croij qu'asseurement en ma consideration il a bien fait de remarquer ou il auroit passé par dessus sans cela, tant ij a il a reueillé fort mon appetit pour goutter encore une fois de ma vie, pour le moins, les plaisirs et les beautez de cette grande ville et de ses enuirons. mais je ne scaij quand ce sera, tousiours pas de cette annee icij. et interim fiet aliquid. wij hebben

2) Consultez les Lettres N^os. 2166 et 2170.

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wacker int gasthuijs geweest³⁾, personne de nostre famille n'a esté exempt. mais dieu mercij tout cela est passé, a peu pres. ma fille ainee⁴⁾ estant encore incommodee de fievre tierce, mais qui diminue de jour a autre. ma bonne mere se porte aussi mieux que de coustume presentement, et a esté astheure trois semaine de suitte sans aucune atteinte de son mal ordinaire. Adieu toutte la famille vous baise tres humblement les mains.

Il ij a quelque temps que je vous auois prié de tascher de me faire auoir un plan de tout l'Enclos de Versailles ij compris le Trianon et la menagerie, le Canal etc. s'entend comme il est astheure car j'en aij un de Silvestre⁵⁾ qui est fait il ij a plus de dix ou douze ans. auant qu'on eust encore songé au Canal et Trianon mesme, si cela se pouuoit par quelque bonne occasion et le moijen de Mons. Clement⁶⁾ ou quelque autre, je vous en auraij beaucoup d'obligation et a celuij qui me l'aura fait avoir. Adieu.

3) Traduction: nous avons été bravement en hospice. Consultez les Lettres N^os. 2166 et 2170.

4) Constantia Theodora. Consultez la Lettre N^o. 2170, note 6.

5) Consultez la Lettre N^o. 1205, note 5.

6) Consultez la Lettre N^o. 2129, note 15.