Oeuvres complètes. Tome VI. Correspondance 1666-1669

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N^o 1702.
H. Oldenburg à Christiaan Huygens.
14 février 1669.

La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est la réponse au No. 1700. Chr. Huygens y répondit par le No. 1718.

A Londres le 4. Fevrier 1669.

Monsieur,

Apres auoir lû les theoremes du mouuement, qu'il vous a plû envoyer¹⁾ à la Societé Royale, et les comparé auec les regles de Monsieur Wren²⁾ on a trouué d'abord, qu'ils sont equipollens, et plusieurs entre nous sont assez persuadés de leur verité. Mais il faut plus de temps et de consideration, pour en dire quelque chose de plus precis, la matiere estant aussi delicate qu'importante. La Societé y travaille à present, et ie pense, qu'Elle ne quittera point ce sujet, qu'Elle n'y voye bien clair, et ne donne à chacun de ceux, qui y ont travaillé, l'honneur, qui luy appartient.

Il y a encore trois autres de la dite Societé, qui ont aussi exhibé leur meditations sur la mesme chose, asscavoir Messieurs Wallis³⁾, Neile⁴⁾, et Croon⁵⁾ dont celles du premier se pourront, peut estre, accommoder à vostre theorie et consequemment a celle de Monsieur Wren; mais celles des autres deux, point, que ie croy.

A fin de faciliter la communication des papiers de Messieurs Wallis et Wren aux Membres de nostre Societé, et à d'autres aussi (pour resveiller tant mieux les Esprits par tout) on l'a iugé a propos de les faire inprimer dans les Transactions, dont ie prens la liberté de vous envoyer icy vn Exemplaire⁶⁾.

Si i'eusse eu vostre permission, et que vous nous eussiez communiqué le som maire de tout ce que vous en auez medité, ien aurois enrichi les mesmes Transactions de grand coeur. Ce que Monsieur Wallis en dit⁷⁾ ne sont que les chefs, qu'il deduit bien amplement dans vn assez grand volume⁸⁾ à present sous la presse.

1) Voir la pièce N^o. 1693.

2) Consultez la pièce N^o. 1696.

3) Voir la pièce N^o. 1704.

4) Consultez le compte rendu de la séance du 29 avril 1669, Birch p. 361 (V. st.).

5) Consultez le compte rendu de la séance du 21 janvier 1668/9 (V. st.).

6) Les Philosophical Transactions du 11 janvier 1668/9 (V. st.) N^o. 43.

7) Consultez la pièce N^o. 1704.

8) Mechanica: sive de Motu. Tractatus Geometricus. Pars Prima. in qua De Motu Generalia. De Gravium Descensu & Motuum declivitate. De Libra. Authore Joh. Wallisio SS. Th.D. & Geom. Profess. Saviliano in Celeberrima Acad. Oxoniensi Regalis Societ. Sodali & Regiae Majestati à Sacris. Londini. Impensis Mosis Pitt in Vico vocato Little Brittain. 1670. in-4^o.
Plus tard suivirent les deux autres parties:
Mechanica, sive de Motu Tractatus Geometricus. Pars Secunda in qua de Centro Gravitatis ejusque calculo. Authore Joh. Wallisio SS. Th.D. Geometriae Profess. Saviliano in Celeberr. Acad. Oxoniensi Regalis Societat. Sodali, & Regiae Majestati à Sacris. Londini. Impensis Mosis Pitt in Vico vocato Little Brittain. 1670. in-4^o.
Mechanica sive de Motu Tractatus Geometricus. Pars Tertia in qua De Vecte: aut unico aut binis pluribusve Fulcris sustento. De Axe in Peritrochio cum Potentiis cognatis. De Trochlea seu Polyspasto. De Cochlea. De Motibus Compositis, Acceleratis, Retardatis & Projectorum, De Percussione, De Cuneo, De Elatere & Resilitione seu Reflexione. De Hydrostaticis, & Aeris Aequipondio. Variisque Quaestionibus Mechanicis. Auctore etc. 1671. in-4^o.

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Je ne scay pas, si i'ose vous conseiller de prendre le mesme chemin, c'est à dire, de mettre au iour, comme vn avantcoureur, le sommaire de vostre travail sur cete matiere. Si d'avanture vous le trouuiez bon, de faire ainsi, ie vous assure, qu'en cas que vous voulussiez m'ordonner de les mettre dans nos Transactions⁹⁾, ie le ferois non seulement auec Joye, mais encore auec cette attestation, que, quoy qu'il vit le iour apres les travaux de Messieurs Wallis et Wren, il auoit esté entre mes mains au mesme temps, que ceux là, et encore qu'il y a plusieurs années¹⁰⁾, que vous en auiez esté le possesseur; comme cela se peut verifier par plusieurs Experiences, dont vous predisiez icy le succes par la force de la theorie, que vous auiez desia conceuë de cete matiere, quoy que vous ne trouuiez pas alors à propos, d'en faire part à nos Philosophes icy.

La Societé le trouue fort bon, ce que vous proposez comme vn Expedient pour assurer à chacun l'honneur de ses descouuertes et inventions; et Elle m'a ordonné de vous remercier du commencement, que vous auez fait dans vostre derniere, de le mettre en pratique, et de vous assurer, que ce que vous leur auez envoyé, sera enregistré incontinent¹¹⁾.

Je croy, que Monsieur le Chevalier Moray vous envoiera¹²⁾ par ce mesme ordinaire ce qu'il a à vous dire touchant la dispute entre vous et Monsieur Gregory; de la quelle Monsieur Collins¹³⁾, qui est estimé fort honeste homme

9) Chr. Huygens n'a pas lui-même publié sa théorie dans les Transactions, mais dans le Journal des Scavans. Consultez la pièce N^o. 1716. Une traduction latine en fut inserée dans les Phil. Transactions N^o. 46 du 12 avril 1669, avec l'attestation d'Oldenbourg. Nous avons reproduit cette pièce sous le N^o. 1718.

10) Déjà en 1661 Chr. Huygens en avait traité lors de son séjour à Londres. Consultez la Lettre N^o. 1670, note 1.

11) Consultez le compte rendu de la séance de la Société Royale du 4 février 1669 (V. st.).

12) Il ne l'envoya que quatre jours plus tard. Voir la Lettre N^o. 1708.

13) John Collins naquit à Wood Eaton (Oxfordshire) le 5 mars 1625 et mourut à Londres le 10 novembre 1683. Fils d'un pasteur nonconformiste, et d'abord apprenti libraire, ensuite 1642-1649 matelot, il se fixa à Londres comme professeur de mathématiques. Il publia plusieurs ouvrages, épousa une demoiselle Austen, blanchisseuse de la Reine et vivait dans des circonstances très modestes. En 1667 il fut élu membre de la Societé Royale, et eut une correspondance très suivie avec plusieurs savants parmi lesquels sigurèrent au premier rang Newton et Leibnitz; il était régulièrement consulté sur les progrès des mathématiques, et indiquait souvent à ces contemporains savants d'utiles recherches à entreprendre; il fut par suite surnommé ‘le Mersenne anglais’.

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et bon mathematicien a donné l'abbregé¹⁴⁾, qui vous sera communiqué. Et quant à la replique¹⁵⁾ de Monsieur Gregory à vostre responce¹⁶⁾, elle sera inserée, auec tout le respect, qui vous est dû, dans les Transactions de ce mois¹⁷⁾ quoy que ie souhaiterois fort, que cette dispute fut bien terminée, et qu'on n'eut pas besoin d'entretenir les lecteurs de ces Journaux auec des particularitez, qui tesmoignent de la chaleur et de l'animosité des personnes de merite, et auec cela du soupcon de l'incertitude mesme des conoissances Mathematiques. D'ailleurs Monsieur Gregory est vn homme assez modeste dans la conversation, et ie ne scay comment il s'est laissé emporter à des paroles chocquantes dans cette dispute. le chevalier Moray vous en entretiendra plus amplement, pendant que ie vous assure, que tous nos Messieurs retiennent leur ancienne estime et affection envers vous et que ie suis particulierement

Monsieur

Vostre treshumble et tresaffectionné serviteur

Oldenburg.

Je vous prie, Monsieur, de vouloir desormais addresser vos lettres pour moy, ainsi,

A Monsieur

Monsieur Grubendol¹⁸⁾ a Londres.

Rien que cela, et tout me sera bien livré.

P.S.

La Societé seroit bien aise, que vous trouassiez bon, de nommer le temps, dedans lequel vous leur expliquerez ceste invention mise en chifre; vous laissant neantmoins la liberté entiere de le faire ou de ne le faire pas.

Pour Monsieur Hugens de Zulichem.

14) Voir la pièce N^o. 1709.

15) Consultez, pour la réponse de Gregory, la Lettre N^o. 1682.

16) Voir la Lettre N^o. 1669.

17) Les Philosophical Transactions du 15 février 1669, N^o. 44.

18) Le nom ‘Grubendol’ est un anagramme pour ‘Oldenburg’. On s'en servait pour que les lettres ne fussent pas, pour des raisons politiques, retenues à la poste.