Oeuvres complètes. Tome VI. Correspondance 1666-1669
(1895)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 1708.
| |
[pagina 370]
| |
scauoir la hauteur ou la pesanteur de lair, des quelles voicy la vraye CopieGa naar voetnoot1), Mais il n'a pas encore trouué celleGa naar voetnoot2) qui me marquoit la somme que vous a cousté la Monstre de vostre derniere inuention. C'est pourquoy je respondray premierement a vostre lettre, mais defereray de payer largent a Monsieur du Hamel iusqu'a ce que J'aye l'autre lettre, ou que vous me mandiez qui est la somme que Je doibs payer; aussi tost que par lune ou lautre de ces voyes Jen sçauray la certitude, l'argent sera consigné a Monsieur du Hamel. Je suis fort marri de ce qui sest passé entre vous et Monsieur Gregoire, non pas de ce qu'il y a entre vous une contrauerse, parce que les contestations des gens sçauantes produisent souuent bien de belles choses dans le monde, mais de ce qu'il soit arriué dans le procedé de la dispute des choses qui ait produit de laigreur dans vos plumes. Ce nest que depuis mon retour dEscosse que J'ay sçeu le detail de ce qui sest passé entre vous: Je m'en suis fait informer par un membreGa naar voetnoot3) de nostre Societé qui est des premiers de nos Mathematiciens, et Je vous enuoye icy la copie du papierGa naar voetnoot4) qu'il m'a donné. Jl nest pas necessaire que J'entre dans la matiere dont il y a question entre vous. Mais permettez moy de vous dire franchement ce que je pense de laigreur qui en est produite. Monsieur Gregoire est a la verité bien sçauant dans la Mathematique mais le feu de sa jeunesse a besoin d'addoucissement. Je ne scaurois approuuer son procedé enuers vous quelque iustification qu'il en pretende, il a failly contre les regles de la morale en se laissant emporter comme il a fait. Je le blasme donc fort de ce qu'il vous a traitte d'une maniere si rude. Mais dautre part il ne faut pas que Je vous cele, que de la façon qu'il s'est represente vostre procedé en son endroit, il auroit besoin d'une retenue plus grande qu'il n'a pour ne s'en piquer en quelque façon. Non pas tant de ce qu'au lieu de luy representer par lettre ce que vous auriez trouué a redire a ce qu'il auoit publié, comme il auoit desiréGa naar voetnoot5), vous le auez fait imprimer sans luy escrire, comme de ce que d'abord vous le traittez, a ce qu'il luy semble, nettement de plagiaire. Je ne veux pas examiner s'il sy est mépris ou non. Mais Je vous diray que Je scay plusieurs instances ou deux persones ont inuenté une mesme chose sans que lun ait rien pris de l'autre, dont Je vous donneray plus bas une instance; de sorte qu'en telles rencontres on doibt se bien garder de traitter quelqu'un de plagiaire sans le pouuoir prouuer formellement, veu qu'a mon auis il ne se peut rien dire de plus cuisant a un honeste homme. Or pour instance de ce que Je viens d'alleguer Je n'iray pas plus loin que les loys du mouuement inuentees par vous | |
[pagina 371]
| |
et par Monsieur le Doctor WrenGa naar voetnoot6), et peut estre celles de Monsieur le Doctor WallisGa naar voetnoot7) seront encore la mesme chose. Mais cest vostre faute, Je le puis bien dire, qu'elles ne soyent attribuees entierement a vous seul. Je crois vous auoir preditGa naar voetnoot8) il y a long temps ce qui en est arriué lors que Je vous excitois a publier les regles du mouuement dont vous nous auez fait voir quelque specimina en vostre chambre a LondresGa naar voetnoot9). Si vous m'eussiez cru, vous auriez épargné de la peine a ces deux Messieurs que je viens de nommer. Je vous pourrois alleguer bien dautres instances de cette nature, mais il seroit superflu. Maintenant n'ayant pas assez de loisir pour poursuiure ce suiet plus loin, Je vous diray que comme la derniere responce de Monsieur Gregoire se va imprimer dans les Transactions philosophiquesGa naar voetnoot10) de ce Mois si vous voulez que l'on y publie ce que vous aurez a dire la dessus Monsieur Oldenburg vous rendra fort volontiers cet seruice, puis qu'on a trouué bon pour plusieurs raisons et vous l'approuez que la responce de Monsieur Gregoire simprime. Au reste comme il ne se trouue rien dans son dernier papier qui vous puisse offenser, Je serois fort aise que toutes les fautes passees fussent oubliees et que desormais vous puissiez entretenir ensemble un commerce amicable touchant les choses les plus releuees dans la mathematique dou il arriuera que nostre Societé receüra de l'honneur et le monde en tirera du profit. Au reste la Societé ne sinteresse pas que je sçache dans les disputes de gens doctes a moins que les parties leur en remettent le iugement. On estoit fort satisfait de ce quil vous a plu communiquerGa naar voetnoot11) a la Societé par Monsieur Oldenburg touchant la preuention de contestations a l'auenir, à qui les inuentions qui se produiront dans le monde se deuront attribuer comme le premier et le vray autheur. Jl y a long temps que la chose a esté proposée par d'autres membres de la Societé, et Monsieur Boile a deposité quelques unes de ses inuentions entre les mains du president seul il y a quelque temps, et hier a vostre example Monsieur le Doctor Wren consigna une nouuelle proposition ou inuention en chiffre ou anagrammeGa naar voetnoot12) pour estre mis dans les Registres de la Societé comme vous auez fait: J'approuue fort la chose mais Je suis dauis que ces desposts ou communications se doibuent faire en langage commun Latin Anglois ou françois pour plusieurs raisons que Je vous deduiray une autre fois si vous le trouuez bon, cellecy estant desia crue a une plus grande longueur que Je ne me suis proposé. Seulement faut il que je vous marque que Je me trouue icy si fort employé depuis | |
[pagina 372]
| |
le matin iusqu au soir quil me sera impossible de vous escrire si souuent ni des lettres si longues comme Je le souhaitterois de bon coeur. Cest pourquoy il faut que Je prie Monsieur Oldenbourg de suppleer a mes defauts: Quoyque Je suis re solu de faire tousiours responce a toutes celles qu'il vous plaira descrire a
Monsieur
Vostre treshumble et tresaffectionné seruiteur R. Moray. |
|