Oeuvres complètes. Tome II. Correspondance 1657-1659
(1889)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 18a.
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nement vers l'AcademieGa naar voetnoot3) et en mon absence, nous n'avons point eu de loysir de conferer sur ce que vous luy escrivez. Vous avez bien raison de l'appeler Clairvoyant; car en effect il penetre promptement, tout ce qui semble à d'autres obscur ou difficile, et se mocque volontiers de la grimace de ces gens, qui font esclatter peu de matiere par des grands appareils de tailles douces et autres embellissemens à quoy vous sçavez comme entre autres les Jesuites sont subjects, et quanto conatu magnas saepe inanias prodant. Tesmoing le grand volume de KircherusGa naar voetnoot4), ou ceste miserable Gnomonique tant traictée et retraictée par ces gens là occupe seule les ⅔ de son livre. Contre ce qu'il dit, que rien ne brusle soubs l'eau ce nous est chose familiere aux feux d'artifice de veoir jetter certaines bales enflammées au fonds d'un estang et dans bien 7 ou 8 minutes apres s'en revenir de là toujours ardentes. Ce Jesuite mesme avoue dans la prochaine page à ceste sentence, que la Camphre faict cela. En recompense du voyage en paradis que vous me communiquez vous sçaurez pour chose assez estrange quoy que réelle, que des gens serieux d'aage et de condition declarent avoir veu prisonnier à Anvers, durant nos premieres guerres un homme qui avoit la faculté de veoir au travers des habits, pourveu qu'il n'y eust point de rouge, qu'en suitte la femme de son Geollier l'estant venu veoir aveq d'autres femmes, pour le consoler dans sa calamité, elles furent bien estonnées de le veoir rire, et le pressant de dire ce qui en estoit cause il repondit froidement, par ce qu'il y en a une d'entre vous qui n'a point de chemise, ce qui fut avoué. Raisonnez la desus et faictes que Kircherus ne l'oublie pas dans sa 2e editionGa naar voetnoot5), car | |
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celà ce peut bien appeler par excellence Ars magna. Vous prenez la peine de demander l'aage de mon filsGa naar voetnoot6), et luy faictes trop d'honneur, il est entré dans sa 17e Année et a l'advenant de ce qu'il sçait me promect beaucoup, ne craignez pas que je le presse d'esprit. Jamais je ne l'ay faict à mes enfans, non plus que mes ParensGa naar voetnoot7) à moy. Le petit livre du bien commun m'est venu; je le liray avidement et en parleray cy après. Tassin me mande que le Sieur BallartGa naar voetnoot8) alloit entamer mon impression. Je seray bien ayse d'en veoir une espreuve. Je vais tout presentement escrire au Sieur LuiggiGa naar voetnoot9) en sa langue comme vous le desirez, mais je doibs estre esclairé de ses qualitez, et s'il y fault molt illustre ou davantage. je vous prie que ce soit au plus tot. Monsieur l'Electeur de BrandebourgGa naar voetnoot10) est venu icy pour espouser nostre fille aisnéeGa naar voetnoot11). Je commence à m'informer de sa musique qui n'est pas encor arrivée, mais demeurée à Clève aveq un train immense et splendide que ce Prince mesne selon sa condition. l'on me dict que le merveilleux StipheliusGa naar voetnoot12) en est qui faict plus de miracles sur la Viole de Gambe qu'homme qui fust jamais, qu'un autre en faict encor davantage sur la viole garnie au derriere de manche et ailleurs de chordes d'airain, un troisieme encor davantage sur ce qu'ils appellent la dulcianeGa naar voetnoot13) instrument a vent. Vous aurez advis de ce que j'en apprendray. Je finis pour retourner à la besoigne du contract de ce beau mariageGa naar voetnoot14) où | |
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j'ay este nomé comissaire à trois contre le grand ChambellanGa naar voetnoot15) de cest Electeur grand maitre de l'ordre teutonique et autres familliersGa naar voetnoot16) de ceste Altesse Electorale. Apres telles entrefaictes suivront nopces et musique tout nostre saoul et puis je suis Monsieur Vostre tres humble seruiteur C. Huijgens. |
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