Oeuvres complètes. Tome I. Correspondance 1638-1656
(1888)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 26.
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sisse pas, & nous donne de la peine. Souvent nos jeunes gens en font plainte, & y remarquent une grande inegalité. Il se plaint d'ailleurs que se mutuo imitant, & pro uno vel altero haustu, septenos exhauriunt. Je luy ai dit qu'il faut regler cela, & les contenter sur le traictement. Il y a aussi une petite controverse de laquelle j'ay promis de vous escrire. On a pensé que tous les jours un professeur selon leur ordre disneroit a leur table, & que son Altesse a ordonné pour cela 400 fl. Mons. le Regent dit qu'il a seulement ordre d'en convier quelques uns par fois comme il verra bon. Ils disent que pour la conversation et pour apprendre ils desirent qu'il y en ait un a tous les disners. Je voy aussi cet inconvenient si cela est laissé a l'arbitrage du Regent, qu'il y en aura de mal-contens pour l'inegalité. Aussi que quelques uns objectent, que s'il les convie de son mouvement, il ne les doibt pas mettre au dessous de luy, puis qu'ils sont ses invitez. Tout cela cessera, s'ils y vont par tour selon leur ordre. Car ils y seront comme professeurs, & luy estant le premier, tiendra sa place sans jalousie. Il s'est creé beaucoup de fascherie par cette oeconomie, n'ayant pas de gens qui entendent la cuisine pour des bouches assez delicates, & qui scavent qu'il y a ici des ordinaires ou pour dix francs la sepmaine les officiers sont traictez fort liberalement. Je l'ay aussi exhorté a faire rarement des Theses; & pour l'ordinaire faire disputer ses escholiers sur les articles de la confession. Car sous ombre des theses gratuites, ils nous voudroient faire des livres, et occuperoient l'imprimeur a peu de chose. On travaille aux actes de l'inauguration & aux harangues suivantesGa naar voetnoot3). Hier Mons. KipperusGa naar voetnoot4) faute de pendans, requit Monsieur le Gouver- | |
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neurGa naar voetnoot5) de trouver bon qu'on deschiquetast un pauvre soldat mort de dissenterie a l'hospital. Le Capitaine s'y opposa, & Mons. le Gouverneur aussi representa que cela fascheroit les soldats si on les traictoit tanquam viles animas. Mons. Kipper faisoit instance que Madame l'avoit ainsj entendu. Mais sauf vostre meilleur advis je ne pense pas que cela soit bon à faire, contre la volonté des gens de guere. Il vaut mieux attendre que quelqu'un se fasse pendre; & en attendant decouper des chiens ou autres animaux. Sur tout cela cependant j'attendray vos bons advis, & l'interpretation de la volonté de leurs Altesses. Monsieur HausmanGa naar voetnoot6) dans quelque sepmaine fera un voyage a la Haye, par lequel je vous communiqueray le reste. Nous n'avons encore point eu les livres donnés par son Altesse. & pour l'employ du don de Madame, nous attendons que Mons. PhilemonGa naar voetnoot7) fasse le Catalogue de ce qui est en la Bibliotheque, afin qu'on n'achepte pas, ce que nous avons desia, & il n'y a rien de si pressé. C'est ce que je vous puis dire pour le present de nos nouvelles scholastiques. Vous n'en attendez pas d'autres de moy. Vos escholiers sont en bon estat graces a Dieu; & le jeune Philosophe de Monsieur de Zuylichem promet beaucoup, & sera le premier qui ouvrira la dispute publique de Philosophie, comme m'a dit Monsieur Bornius. Je vous souhaitte une heureuse & prospreGa naar voetnoot8) année, laquelle ne le peut estre sinon entant que Dieu fortifiera en santé son Altesse, & donnera a toute sa maison avec les autres benediction, celle que tous leurs serviteurs desirent. Entre lesquels je suis aussi,
Messieurs Vostre tres-humble et tres-affectionné serviteur et Collegue André Rivet. De Breda le xij Janvier, 1647.
A Messieurs, Messieurs de Zuylicheim & de Heenvliet, Curateurs de l'Eschole Illustre de Breda A la Haye. |
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