Oeuvres complètes. Tome II. Correspondance 1657-1659
(1889)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 11a.
| |
[pagina 548]
| |
accomplie chanteuse qui se puisse veoir, en toute sorte de stile et de langue comme feu son PereGa naar voetnoot3) Chevalier de qualité en Angleterre et autre fois icy colonel et Gouverneur d'Utrecht, amateur esperdu de la musique n'espargnoit rien à la faire perfectionner; en particulier aussi sur l'Espinette, ou elle faict des merveilles ayant mesme passé par les mains du Sieur de ChambonierGa naar voetnoot4) qui ne vous doibt pas estre incognu. Gardez ceste description pour quand en france l'on pourra vous demander qui est ceste Utricia Ogle (La ville d'Utrecht luy a donné ce nouveau nom à son Baptesme) à qui ie dedie mes compositions. Il y a six mois qu'elle s'est mariée à un Gentilhomme AngloisGa naar voetnoot5), le plus chaud et passionné et entendu amateur de la musique que j'aye encor veu de sa condition. Je puis bien le nommer obstetricien de mes Pseaumes, car il ne s'est jamais voulu saouler de m'en voir produire et sans un tel ἐργοδιώϰτης jamais je ne m'y fusse appliqué aveq tant d'assiduité. Que si vos musiciens entendoyent comme sa brave femme et moy nous nous demeslons de ces Pseaumes, aveq son excellente voix, ma Basse et ma Teorbe, je croy que pour peu de complaisance qu'on a en france pour les choses estrangeres, ils se lairroyentGa naar voetnoot6) persuader à juger nos concerts supportables. Le Livre de RegiusGa naar voetnoot7) vous contentera en sa methode. Il est parti en chapittres dont vous trouverez icy les tiltres que j'ay faict copier jusques ou l'impression est parvenue; et ces Chapittres parlent par Articles fort distincts lesquels, de plus, sont accompagnés d'une chaisne de notes marginales: de sorte que la lecture en sera plaisante et commode, plus que celle des discours plus estendus de Monsieur Descartes. Quand vous me demandez des a cest heure comment il explique le flux et reflux, l'Aymant et que vous faictes proprement le françois qui a accoustumé, disons nous, de demander quelle heure va sonner à l'Horologe, sans vouloir avoir la patience de le compter. Attendez donq; dans peu vos desirs seront satisfaicts. Monsieur Saumaise va donner sa miliceGa naar voetnoot8) à ce que me m'en mande Monsieur Rivet: mais vous sçavez combien ceste promesse dure. Son Altesse m'en a encor parlé aujourd'huy aveq desplaisir, et ne faudra que le nouveau livre de | |
[pagina 549]
| |
mutuoGa naar voetnoot9) de vostre AdvocatGa naar voetnoot10), pour nous frustrer encor des années de ceste pieceGa naar voetnoot11). J'ay deux jeusnes galands, mon Aisné et celuy qui le suit qui ont grand' envie de veoir vostre quadrature de l'hyperbole et vos centres de percussion, et pour vous dire qu'ils sont capables d'en juger, je fay copier une lettreGa naar voetnoot12) que le cadet (aagé de 17 ans) escrit à sondit Aisné (qui est icy en charge aveq moy) sur le subject de ses estudes mathematiques, où ce garçon reuscit à merveilles, comme en toutes autres choses, quae possent fidem tuam superare, si je vous les recitois. Je ne sçay si l'hiver qui vient je me resoudray a envoyer ces deux enfans en france, où j'ose m'asseurer que vous les regarderiez de bon oeil, et ne seriez par fois pas marry de leur conversation. Je ne sçay si vous aurez ouy parler d'un Collegium Auriacum, et d'une Escole Illustre que son Altesse mon maistre vient de fonder à BredaGa naar voetnoot13), nous y avons faict | |
[pagina 550]
| |
venir 5 ou 6 excellens professeurs un entre autres pour les mathematiques qui est Pellius l'AngloisGa naar voetnoot14), homme si celebre, que je m'asseure que vous le cognoissez de reputation, un Gentilhomme de ces paiisGa naar voetnoot15) Grand Veneur de Hollande soubs Son Altesse, Monsieur Rivet et moy avons esté constituez Curateurs de ceste Academie naissante, dont l'inauguration se va faire aveq solennitez requises le 16me de ce moisGa naar voetnoot16) mais ceste autre vocation icy plus importante ne me permettra pas d'y assister, trans-substantiation ou non-trans-substantiation in vitam veterem. C'est assez je vous lasse de mon babil et demeure pour tousjours
Monsieur
Vostre tres humble et tres affectionné serviteur C. Huijgens.
Au Camp de Saint Gilles, le 12e Septembre 1646. |
|