Oeuvres complètes. Tome IX. Correspondance 1685-1690
(1901)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 2589.
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pour cette raison Monsieur que je me trouueray obligé pour ne me point faire daffaires auec personne, de les remettre entre les mains d'un de nos libraires et d'auertir ceux a qui uous les addressez de les aller prendre chez luy de uostre part directement, car on auroit de la peine a croire que ce ne seroit pas moy qui ferois cette distribution a ma fantaisie. Vous mauriez obligé pour mon particulier de faire seulement en sorte que uostre ouurage uint en ces pays cy chez nos libraires. Japprehende fort que ce que je uous ay dit de ma machine des eclipses et de la maniere de corriger les obseruations deuant et apres midy pour auoir le uray midy, ne uous en ait donné une bien plus grande estime quelles ne meritent, c'est trop peu de chose pour meriter seulement que uous preniez la peine de le uoir. Cependant j'auois trouué un Ecossois curieux de mathematique qui deuoit passer chez uous a son retour de france et il m'auoit promis de se charger dune de ces feuillesGa naar voetnoot2) pour uous la mettre entre les mains, mais je ne l'ay pas uû auant son depart s'il est parti a present. je feray pourtant ce que je pourray pour uous en faire tenir auec ce que nous auons imprimé de nostre recueilGa naar voetnoot3) si je puis en auoir auant qu'il soit acheué. Pour ce qui est des louanges que uous dites que je donne a uostre horlogeGa naar voetnoot4) je uoudrois auoir pû luy en donner dauantage parce que je suis tres persuadé que lon a en ce point toute la perfection ou lon pourra jamais atteindre, et si j'ay esté assez heureux pour faire plus en astronomie que ceux qui m'ont precedé sur le mouuement et sur la position des astres, c'est a uous Monsieur a qui j'en suis redeuable; car sans la mesure exacte du temps le secours de nos pinules a lunette qui sont a la uerité dune tres grande importance nauroit pas pu me mener aussi loin que j'ay esté. je n'ay jamais douté que uous n'en fussiez l'inuenteur: mais j'ay souuent des assauts a soutenir pour ce sujet et quand on m'objecte qu'on peut bien faire en astronomie sans ce secours je ne puis m'empescher de me mettre en colere. Pour les micrometres et les pinnules a lunettes que j'ay attribuez a M. Picard ce n'est que sur le recit de M. Auzout et sur celuy de Mr. Picard mesme qui mauoit souuent parlé la dessus, et lors qu'on ma uoulu dire que la premiere uuë en estoit duë au Marquis MaluasieGa naar voetnoot5) comme on le uoit dans ses Ephemerides, j'ay repondu que si quelqu'un pouuoit sen attribuer cette decouuerte ou au moins la premiere idée ce deuoit estre uous Monsieur dans uostre Systema Saturnium page 82Ga naar voetnoot6). Pour connoistre la difference des meridiens entre Paris et la Haye si uous pouuiez estre asseuré des costes jusqu'a Dunquerque, la position de Dunquerque auec Paris est bien etablie par mes obseruations comme je lay mise dans mes tables et ce seroit assez en attendant que nous pussions faire des obseruations correspon- | |
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dantes des satellites. S'il arriuoit quelque eclipse de lune auant ce temps et que uous pussiez scauoir l'heure au juste ce seroit toujours une bonne obseruation de marquer le passage de lombre par les taches tant a lentrée qu'a la sortie. Ceux qui uous ont dit que M. BorelliGa naar voetnoot7) estoit mort ont dit uray, il y a enuiron 6 mois. Pour Mons. labbé de Lannion il y a plusieurs années qu'il eut ordre de ne point uenir à lacademie sans qu'on luy en donnat la permission. On na point mis de chimiste a la place de M. Borelly quoy que plusieurs personnes se soient fort empressez de la demander. M. Cassini a esté malade quelque temps et cest ce qui la fait un peu retarder limpression de ses tables des satellites de jupiter, presentement il se porte bien. Je souhaitterois que son ouurage fut acheué a fin que nos uoyages fussent donnez au public. Il m'est uenu une pensée a legard de uostre barometre doubleGa naar voetnoot8) pour oster lirregularité qui sy rencontre par les differentes eleuations de leau qui pesent differemment sur le mercure et qui font que le mercure ne descend ou ne
monte pas precisement selon la pesanteur de l'air. de plus le tuyau dans lequel monte leau estant ordinairement fort petit l'air exterieur na pas autant de liberté dy agir comme il feroit dans un grand tuyau ou bien cette liqueur se soutenant d'elle mesme contre les parois du tuyau elle ne pese pas auec toute sa liberté sur le mercure du grand uase. cependant il est necessaire que ce tuyau soit petit pour faire son effet. J'ay donc pensé d'attacher au haut de ce petit tuyau un espece d'antonnoir ou uase egal a celuy ou est le mercure qui fut fort ouuert par le dessus, et le remplir au moitié enuiron dune liqueur un peu plus legere que l'eau et qui ne pût pas mesler auec elle ensorte qu'elle ne laisseroit pas de faire toujours son effet par la descente ou leleuation du mercure, et la hauteur AB de la liqueur demeurant toujours la mesme au dessus de la hauteur CD du mercure, il n'en seroit pas plus chargé dans une eleuation que dans une autre, au moins a tres peu de difference pres qui ne uiendroit que de la difference du poids de la liqueur et de l'eau qui seroit toujours tres semblable en comparaison de la proportion des pesanteurs de l'air a l'eau. de plus lair pesant ou agissant librement sur la superficie de la liqueur AB et la liqueur et l'eau ne faisant plus qu'un corps continu leau ECD couleroit librement dans le petit tuyau au moins aussi librement que le mercure du petit tuyau qui joint les deux gros uases, a l'exception toutefois de la pesanteur du mercure | |
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qui le fait agir plus facilement. Pardonnez Monsieur si j'ay remply le reste de cette lettre dune chose a laquelle uous auiez peut estre pensé il y a longtemps mais que uous auez negligée. Soyez seulement tres persuadé que personne ne uous estime ny ne uous honore plus que je fais. Je suis
Monsieur Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur De la Hire. A Monsieur Monsieur Hugens de Zulichem a la Haye. |
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