Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684
(1899)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 2157.
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la peine de m'escrire. je vous avois prié aussij de la part de Noté, de vouloir vous informer, si son Frere estoit encore en vie et Prisonnier a Versaille. J'aij sceu depuis de mon Pere que vous luij aviez Mendé que vous tascheriez de vous en informer mais qu'il ij avoit peu d'apparence, qu'il seroit lá; ce lieu n'ettant pas approprié pour une Prison. et encore qu'il ij pourroit estre ce seroit une estrange chose qu'il n'auroit point escrit en tout ce temps là. cepandant ses pauvres soeurs sont en une inquietude perpetuelle, si Elles eussent nouvelles certaines de la Mort de leur Frere, je croij qu'elles s'en consoleroijent. mais de vivre dans une incertitude Perpetuelle c'est ce qui leur lasse la Teste continuellement. vous estes donc encore prié mon Frere, de vouloir prendre la peine de vous informer, seulement s'il ij a des Prisonniers a Versaille et si iamais ils ij ont etté. je vous avois priée encore de vouloir demender a la Cousine Caron si Elle desire encore du Thée. et qu'il ij a moyen de luij en faire avoir de tres Exellent. je croij celon les Apparences que vous allez voir en peu de temps a Paris nostre Cousijn, le Seigneur D'Oorschot, c'est qu'il sera obbligé de faire ce voyage pour les Affaires de la Meijerie. Monsieur GansGa naar voetnoot3) sera a ce que je croij dans la mesme commission pourtant je ne vous puis rien dire de certain encore sur ce sujet, car nostre Schout a des Affaires icij continuellement. et il faudra voir dans peu les qu'elles il prendra le plus a coeur. si vous le voijez n'oublie pas de luij faire la guere d'une certain Niesse de Madame CromomGa naar voetnoot4) qui est Logée chez Elle, je voulois avoir le plaisir de le voir un jour tout de bon Amoureux. mais la peur qu'il a d'estre un jour ce que je luij ay tant predit s'il se MarieGa naar voetnoot5) luij fait tousjours reculer, quoij que quelque fois je croij qu'il a de la peine a se defendre d'estre tout de bon Amoureux. je luij conseille fort de rammener une Femme Francoise avec luij, pour estre bien Payé de sa peine. toutte nostre Famille se portte bien Graces a Dieu. ma Mere a Parlé depuis peu a un Medecijn estranger qui demeure a Maerssen prosche D'Uytrecht et qui a la reputation d'estre habil homme. Elle en a pris de Petitte Medecines; et depuis Elle n'a point eu de rudes Attaques de ces oppressions. mais i'aij souvent remarqué que le Changement de Medecines luij semble faire tousjours du bien. il faut pourtant faire ce qu'on peut pour estre soulagé. Elle m'a recommendée de vous souhaitter de sa part une bonne et heureuse Année, comme je fais de la part de mon Marij aussij et de toutte la Famille. souhaitant fort que cette Année ne puisse finir, sans que nous aijons le plaisir de vous voir. Je suis jalouse de tous ceux qui font le voijage de Paris, et que je n'en puis estre, mais qu'el remede. j'espere pourtant que ce temps viendra encore. il ij a quelque jours que jestois a Leijden; la en nous promenant par la Ville j'eu la Curiosite d'aller voir en passant l'admirable Demeure de vostre Demoiselle LacourtGa naar voetnoot6) que vous dittes, qu'elle regrette toujours, | |
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encore, J'admire comment Elle s'en peut souvenir lá ou Elle est dans un Logement si commode, et celá a Paris. mais j'espere qu'elle devient plus sage. et que pendant qu'Elle a si grand sujet d'estre Contente, qu'aussij Elle ne manquera pas de l'estre. nous avons icij une Troupe de Comediens François, depuis peu qui est assé bonne, et qui donne grand divertissement aux Dames et au Galans, pandant les soirées longues de l'hijver. Jan BatistGa naar voetnoot7) en a une grande Jalousie et quoij qu'il fasse pourtant soo hebben de Fransse de BovensangGa naar voetnoot8), et il vient fort peu de Monde chez luij. je croij que vous avez sceu que Madame Brasser a perdu son PereGa naar voetnoot9). Elle est encore a Amsterdam, on dit que ce bon homme a laissé grand bien; il avoit pour coustume de garder tousjours en Argent Content, une somme de Cinquante Mille Livres, une Fille qu'il laisseGa naar voetnoot10) qui n'est pas Mariée demeurera avec Madame BambeeckGa naar voetnoot11), mais le Pere n'a pas trouvé bon de la laisser venir a la Haije, aussij bien apres sa Mort que pandant sa vie. enfin Monsieur l'ambassadeur de FranceGa naar voetnoot12) a pris la Maison de Madame van der MijlenGa naar voetnoot13). la Cadette des FillesGa naar voetnoot14) de cette Dame est fort dans ses bonne graces dit on. le soir de trois Rois, il donna grand Festin a cette Famille, et a personne autrement, et apres, la Commedie, dans sa Maison. Adieu mon cher Frere, Adieu, je me recommende en vostre souvenir et j'espere que vous aurez quelque fois une demie heure pour m'escrire. |
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