Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684
(1899)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 2134.
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meur, c'est comme si Elle s'estoit fait transporter d'icij a l'Ile dans son lit, la ou on estoit tousjours accoutumé de la voir icij et iamais autrement. Rien ne me surprend d'avantage que ce qu'elle semble trouver les Livres les mieux celon son humeur, qui sont Papistes. Le temps me souvient qu'elle en parloit tout autrement, et qu'elle railloit son Marij de cent Bagatelles de cette Religion. Je me resjoui d'entendre tant de bien du Mariage de la Cousine de Granbonne celon que vous en parlez je ne scaij ce qu'elle pouroit desirer davantage. J'espere qu'elle mesme a aussij l'esprit de comprendre son bonheur. Je n'aij pas encore pu scavoir ce quest devenu le Thée de la cousine Caron. Mademoiselle de Hertooch m'a promis, d'en demander des nouvelles a son Frere a RotterdamGa naar voetnoot3), a qui je l'avois fait addresser celon les ordres de Madame Caron mesme. J'espere que dans peu le commerce entre la France et nostre Paijs cera plus libre; et qu'il ne faudra plus tant de detours, pour envoyer et faire venir ce que l'on voudra. Les Affaires de la Paix semblent estre en bon estat presentement. La joije a esté grande icij de l'arrivée de son Altesse apres que le Siege de Mons a esté levé, car on estoit fort en peine d'une seconde Bataille. Cependant la premiereGa naar voetnoot4) a fait bien des Familles Affligées. Entre autres celle de Crooneman est bien a plaindre. Il avoit resceu le coup droit dans le Front, touttefois il ne mourut que trois jours apres. le Baron de FrissumGa naar voetnoot5), qui a espoussé depuis peu la Petitte filleGa naar voetnoot6) de Hessels a esté dit Mort aussij mais astheur il commence a revivre, mais on dit qu'il est dangereusement blessé, comme une grande quantité d'autres. Sans doutte que les François n'en sont pas quitte a meilleur marché que nous, car celon qu'on parle icy la Bataille a esté furieuse. Mademoiselle Ladder que vous avez connu a eu le Malheur de perdre son Marij Monsieur Dronkelaer non pas a la Guerre, mais d'une fortte Fievre. Elle en est extremement Affligée comme encore de son Frere Ainé qui est aussij Mortellement Blessé. Je suis bien aise que le Gouvernement de Juffrouw La CourGa naar voetnoot7), vous donne du contentement, mais je ne scaurois souf- | |
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frir que la ou elle est si bien placée elle ne cesse de songer a ce Begijnage de Leijden. Ne seroit ce pas qu'elle ce repend peut estre, qu'elle n'a pas Choisi le Partij van de kooren CooperGa naar voetnoot8) qui lavoit demendé en Mariage. Je luij escris tout expres, pour luij donner du Coeur si je puis et il me semble que je ne le puis mieux faire que de luij asseurer, que vous estes content de sa fasson de Gouverner le Menage. C'est une grande Folle si elle ne se peut contenter en une si bonne condition. Mademoiselle van Leeuwe luij escrira aussij et mesme Monsieur de Leeuwe m'a dit, qu'il veut luij mesme faire Compliment sur son bonheur. Il m'a recommendé de vous vouloir faire ses Baisemains. Il est allé a la Maison de Halfweegen pour des Affaires de Rijnlant je croij qu'il revient a ce soir, car il est si fort occupé d'autres Affaires, pandant ce temps, qu'il a peu de repos. Le beau temps continuel qu'il fait, nous rend nostre sejour de la Campagne fort agreable. J'espere que nous ij pourons rester encore quelque temps, mais ma MereGa naar voetnoot9) ij a le moindre divertissement; aussij se trouve Elle bien souvent mal comme encore presentement, mais les oppressions ne sont pas souvent si vehementes comme elles estoijent autrefois. Elle vous fait ses Baisemains, comme aussij mon Marij je croij que vous aurez resceu sa lestre de la sepmaine passée. Tous nos enfens se portent bien graces a Dieu. Mon Frere le DrossartGa naar voetnoot10), qui a etté icij en attend un quatreieme au Mois d'Octobre. Voijla sa Famille bien ogmentée en peu de temps. L'on me dit hier que la Maison de Madame de SommerdijckGa naar voetnoot11) estoit preparée pour Monsieur D'EstradesGa naar voetnoot12), qui emmenneroit sa Femme, pour voir la Haye. Madame Colbert devoit l'Accompagner. Ils ne verront pas la Haije en son plus beau lustre car Elle est fort deserte presentement. Madame la PrincesseGa naar voetnoot13), que l'on tient grosse pour certain, se tient encore a Honselaerdijck pandant qu'on raccommode son Appartement a la Haije. Adieu mon Cher Frere Adieu. Dieu vous veuille garder en parfaitte santé. Lors que vous avez la bonté de mescrire je vous prie de me dire si vous avez trouvé quelque Changement extraordinaire, aux habits des Dames ou a leur Coiffure. |
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