Oeuvres complètes. Tome III. Correspondance 1660-1661
(1890)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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No 935.
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relire la lettre de Monsieur Frenicle. Et vous voyez que Je me sers indifferemment des mots, Oual & Eliptique comme signifiant une mesme chose: et que Je ne manque point a vous escrire assez amplement, selon la promesse que Je vous en ay faite ce matin par Monsieur ArelGa naar voetnoot7) auquel J'ay aussi donné une autre Chimiste SceptiqueGa naar voetnoot8), pour vous apporter craignant que celuy que J'ay recommendé au secretaireGa naar voetnoot9) de vos Ambassadeurs, ne soit egaré; puisque vous auez esté si long temps sans le receuoir: le charactere que vous donnez tant de Monsieur Hobbes, que du TraittéGa naar voetnoot10) de Monsieur Digby, est tel, qu'il ne se peut rien dire de plus apposite. Jl ne faut pas s'estonner que ceux qui n'obseruent point les bourgeonnements des vegetables, & plusieurs autres petites choses circonstantielles, n'en dressent point une histoire exacte: & que par consequent la philosophie qu'ils en deduisent ne soit defectueuse. Mais on ne se contente point encore de celle des plantes que ce scauant et eloquent personnageGa naar voetnoot11) a bastie, auec le temps on y fouïllera bien plus auant. J'ay maintenant a vous dire de la part de Monsieur Boile que n'ayant point eu aupres de luy pas un de ses liures qui traittent de sa Machine, il ne se souuenoit point bien, quelle piece c'en est, qui est marquee 44. Mais iugeant que c'est le haut bout de la SoupapeGa naar voetnoot12), qui etGa naar voetnoot13) couuert de Cuire pour se ioindre plus estroitement aux Costez du Cylindre, il dit qu'il vaut bien mieux quil soit de bois, que de Cuiure. Mais il ne m'a point encore enuoyé le memoire qu'il m'a promis, pour vous en eclaircir plus positiuement, en vous deduisant les raisons. aussi tost que Je l'ay Je vous l'enuoyeray. Cependant il m'a dit qu'il est apres à faire une autre Machine, encore plus exacte que sa premiere. Et n'ayant peut estre pas encore songé a toutes les autres particularitez, il m'a donné charge de vous dire, que son dessein est, de placer son cylindre paralel à l'horizon dans un vaisseau plain d'eau pour mieux empescher l'entree de l'air. quand il m'en dira dauantage vous le scaurez aussi. mais cecy pourra suffire pour vous donner suiet d'inuenter tout ce qui y peut estre utile. J'ay seulement a vous aduertir, qu'une des choses plus considerables, et, peut estre, des plus difficiles, est, dadiuster le Robinet en sorte, qu'il ne reste (que peu ou) point d'air entre le Robinet et le bout de la Soupape lors qu'elle est poussée au haut du Cylindre. estGa naar voetnoot14) mesme il faut que le trou du Robinet soit bien petit. Jl me vient presentement en la teste de vous dire que J'ay appris d'un amy une façon de Robinet le plus exquis pour bien retenir ou exclure, tant l'Air, que l'eau et l'huile, que Je n'ay point encore communiqué a Monsieur Boile. C'est d'en faire la boette, | |
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ou partie exterieure et immobile, d'Estain; et l'autre, qui y entre, et tourne, de Corne, de figure un peu Conique; ou plus estroit a lun bout qu'a l'autre. Celuy qui me l'a appris, fait des lampes auec tels Robinets, qui ne laissent iamais ecouler une seulle goutte d'huille, et qu'il en a inuenté plusieurs autres deuant que d'auoir trouué celuy cy qui est parfaitement bon. Si vous en auez enuie Je vous en enuoyeray un petit. Vous voyez maintenant qu'on est bien loin de vous rien celer de tout ce qu'on scait: Et que vous estes obligé a nous estre bien liberal de vostre costé. Mais vous y estes assez porté de votre propre mouuement. neantmoins Je vois que vous nous donnez lieu de vous rementeuoir des choses, que vous ne nous auez point encor communiquees, et Je crois que ce n'est qu'à cause que vous les auez oubliees. Je ne vous en marqueray à present, sinon, le desir que nous auons d'auoir Copie de la lettreGa naar voetnoot15) que Monsieur Frenicle vous a escrite, et de la responseGa naar voetnoot16) que vous luy auez enuoyee. Je vous diray aussi que Monsieur Neile desire de scauoir si vous songez a faire imprimer le manuscriptGa naar voetnoot17) qu'il vous a presté pour cette fin. Je crois que c'est quelque phaenomenes de Venus &c. Et quant a moy Je desire fort de sçauoir a quel point est l'impression des autres pieces que vous nous auez promis de publier. On a grande enuie de fouiller dans la science du Mouuement, & du poids. Mais personne n'y ose mettre la main puis que vous vous en estes meslé. Seulement Je vous diray, que sur la proposition qui a esté faite dans nostre Assemblee il y a 15. ioursGa naar voetnoot18), touchant une Mesure Vniuerselle, c'est a dire, telle que l'on la puisse faire exactement egalle en tous lieux sans se la communiquer au preallable: (Comme si Je voûs priois de m'enuoyer une aulne de Ruban, ou une liure de succre, mesure d'Angleterre, sans que vous eussiez la mesure de l'aulne ou de la liure Angloise, vous eussiez le moyen de me les enuoyer par une mesure commune qui se trouue partout.) l'on est apres pour voir si cela se peut faire par le pendule, adiusté selon vostre inuention, par des segments de Cycloeides. Ce qu'on s'y propose est, si l'on peut faire, par exemple, un pendule de la longueur qu'il faut, pour mesurer une minute seconde exactement, par chaque vibration, ou excursion, en sorte que cette longueur soit tousiours egalle en tous lieux; alors cela pourra passer pour un fondement de mesure uniuerselle dont toutes les autres mesures, tant de differentes especes que de differentes quantitez de chaque espece se peuuent deriuer. Or si, par vos Cycloeides, deux pendules de mesme longueur, comptant depuis le centre de Grauité du poids appendu au sommet du fil, (dont on compte le poids pour rien.) ayant des poids differents ap- | |
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pendus, font leurs excursions en temps egal, l'affaire est faite. pour scauoir donc si cela se fait, nous auons fait faire des pendules a vostre mode, et sommes apres lexperiment de la chose, dont vous scaurez le succez. Vous pourrez peut estre, auec iustice, nous reprocher l'impatience qui nous pousse a faire cet experiment deuant que Vostre traitté soit publié. Mais ne nous reprochez point l'impatience puisque, consideré l'enuie que nous auons de voir vos traittez, il y a dix ans que nous les attendons. Au reste Je crois que vous vous plaindrez du loisir que J'ay eu cette fois icy pour Vous rompre si indiscrettement la teste auec un tas de paroles superflues; Mais la crainte de Vos reproches ne m'empeschera pourtant pas, de voir sil y a encor quelque chose dans Vostre lettre que Je n'ay point touchee et d'en dire encor un mot ou deux. l'Impression de Vostre Systeme de ♄ dont J'ay fait mentionGa naar voetnoot19), n'est pas une de celles que Vous me marquez. Mais ne l'ayant veu qu'en passant chez un libraire (auec Monsieur le Mylord Bronker) dont Je ne me puis souuenir, Je ne vous en scauray dire d'auantage. Je tascheray pourtant de m'en informer et puis Vous le sçaurez. Maintenant pour toute apologie Je vous diray, que si Je ne me trouuois las d'escrire Je trouuerois le moyen de vous lasser encor deux fois plus que vous ne l'estes, en lisant ce que J'ay escrit. et vous laisse à penser si c'est agir en philosophe, ou comme estant parfaitement
Monsieur
Vostre treshumble, tresobeissant & tresaffectionné seruiteur R. Moray.
A Monsieur Monsieur Christian Hugens de Zulichem A La Haye. XII |
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