Oeuvres complètes. Tome X. Correspondance 1691-1695

N^o 2335^a.
Christiaan Huygens à P.E. Vegelin van Claerbergen¹⁾.
24 mai 1684.

La lettre se trouve à Leeuwarden, archives de la famille van Eysinga²⁾.
Elle est la réponse au No. 2330.

A la Haye ce 24. Maj. 1684.

Monsieur

Je vous dois encore des remercimens de m'avoir communiquè le project de Mr. de Frijbergen touchant un nouvel usage de la poudre à canon, ayant differè de

1) Aux données biographiques de la Lettre N^o. 2316, note 1 nous pouvons ajouter les suivantes.
Philip Ernst Vegelin van Claerbergen naquit le 10 octobre 1613, dans le Palatinat. Après quelques voyages il devint secrétaire, puis chambellan de Willem Frederik van Nassau, comte de Nassau-Dietz, Stadhouder de la Frise. Il épousa, le 22 janvier 1643, Fokjen van Sminia, veuve de Frederik van Hillema, laquelle mourut le 30 avril 1658. Il se remaria avec Josina Ruisch, qui lui survécut. Philip Ernst mourut le 6 décembre 1693.

2) Nous devons la copie de cette lettre, ainsi que celles des Lettres Nos. 2364^a, 2382^b, 2498^a et 2561^a, aux soins de M. le docteur T.J. de Boer, sous-bibliothécaire de la Bibliothèque royale de la Haye.
La lettre est évidemment la même que celle dont nous avons imprimé un fragment sous le N^o. 2425 avec la date 24 mai 1686, dont le millésime est en erreur de deux ans. Ce fragment était emprunté à l'article des Nouvelles de la République des Lettres, cité dans la note 1 de la Lettre N^o. 2425. L'Unicus’, dont il est question dans cette note, est donc bien Christiaan Huygens et l'‘amicus’ ne peut être que P.E. Vegelin van Claerbergen, lequel très probablement a communiqué l'extrait à Freybergen. Ce dernier s'identifie maintenant avec le ‘stifts-hauptmann à Zoedtenbourg’. Voir, sur Freybergen, les Lettres Nos. 2495, 2496 et 2504.

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m'acquiter de ce devoir jusqu'a ce que je pusse vous communiquer en revenche la nouvelle invention de se servir des telescopes³⁾ sans avoir besoin de tuyau, ni de machine embarassante pour les dresser. L'on a voulu que je fisse imprimer la description que j'en ay faite et je vous en envoie deux exemplaires, dont vous aurez la bontè d'en faire tenir un à Monsieur Fullenius⁴⁾ qui verra par là que je me souviens de luy quoyqu'il semble m'avoir oubliè. Pour ce qui est du dessein de Mr. de Frijberguen⁵⁾ il n'est pas tant hors d'esperance de succes a mon avis que l'on diroit d'abord et il y a 7 a 8 ans que je fis voir a Mr. Colbert une machine que j'avois fait construire dans cette mesme intention, et qui fut enregistrée dans nostre academie. L'effect en estoit qu'avec une petite quantitè de poudre, comme il en faut pour remplir un dè a coudre, elle estoit capable d'elever quelques seizecent livres à la hauteur de 5 pieds, et cela sans cette impetuositè ordinaire qu'on luy voit, mais d'une force temperée et egale. quatre ou cinq laquais que Mr. Colbert fit tirer a la chorde attachee a cette machine furent elevez fort facilement en l'air. Toutefois il se rencontre quelque difficultè a renouveller continuellement cette force, et puis que nous avons des moteurs plus commodes, comme sont le vent et les eaux courantes, je ne vois pas qu'il y ait grand avantage a poursuivre ou perfectionner cette invention. Si vous avez appris depuis vostre derniere ou en est Mr. de Frijbergen⁶⁾, je seray bien aise d'en estre instruit, comme aussi de l'estat de vostre santè a la quelle je m'interesse comme estant de tout mon coeur

Monsieur

Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Hugens de Zulichem.

3) L'ouvrage cité dans la note 1 de la Lettre N^o. 2334.

4) Comparez la Lettre N^o. 2335. Sur R. Fullenius, voir la Lettre N^o. 2317, note 1.

5) Ici commence, avec un autre exorde, le fragment de cette lettre, imprimé dans les Nouvelles de la République des Lettres et reproduit dans notre N^o. 2425.

6) Chr. Huygens avait reçu avis des projets de Freybergen par la Lettre N^o. 2330.