Oeuvres complètes. Tome IX. Correspondance 1685-1690

[p. 235]

N^o 2495.
P.E. Vegelin van Claerbergen à Christiaan Huygens.
21 octobre 1687.

La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.

de Lewarde ce 21/11 Octobre 1687.

Monsieur

Depuis que ie nay eu l'honneur de vous veoir i'ay informé Monsieur de Freybergue de toutes les choses curieuses que vous auez eu la bonté de me dire. Cela lá engagé en escrire une fort honnest lettre dont ie vous en envoy un extrait¹⁾ auec la tres humble priere que ie vous fais de sa part et de la mienne de vouloir satisfaire a sa curiosité et a la mienne, en nous apprenant ce que cest que ceste maniere de cheminée²⁾ dont la fumée semble navoir pas d'issuë. Nous vous supplions encore Monsieur de nous apprendre quand vostre liure des Academiciens³⁾ doit estre imprimé, et chez qui nous en pourions auoir des exemplaires, ce qui nous y sollicite est que nous nous promettons le plaisir, dy veoir les productions de vostre bel esprit, et les decouuertes que vous faites dans les secrets de la nature et de la science. Monsieur Freyberg⁴⁾ comme vous le verrez souhaitte ardemment de veoir celuy qui par un dé plein de poudre [peut] faire lever 1600 ℔ de pesenteur ce qui luy paroist comme incroyable⁵⁾.

Je ne dois pas oublier que Monsieur Fullenius ma tres recommandé de vous faire ses tres humble baisemains. Et ie vous prie lors que vous verrez Messieurs d'Ablancourt et de Burnet⁶⁾ de les asseurer que iay beaucoup de respect et de veneration pour eux. Jay aussy pour vous les mesmes sentiments, puis que Je suis parfaittement

Monsieur

Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Vegelin de Claerbergen.

1) Voir l'Appendice I, N^o. 2496.

2) Voir la Lettre N^o. 2447, note 6.

3) L'ouvrage cité dans la Lettre N^o. 2432, note 1.

4) Consultez, sur Frybergen ou Freybergen, conseiller du prince d'Anhalt-Dessau, la Lettre N^o. 2330.

5) Consultez la Lettre N^o. 2425, note 1. C'est évidemment à l'occasion de l'article des ‘Nouvelles’ que l'attention de Freybergen a été de nouveau attirée vers la machine à poudre à canon de Chr. Huygens.

6) Sur d'Ablancourt et Burnet, voir les notes 2 et 3 de la Lettre N^o. 2431.

[p. 236]

P.S.

On doit bien craindre qu'on n'attente a la vie de cest illustre Monsieur Burnet dans un siecle où les personnes injustement irritez ne font ny scrupule ny conscience de se seruir des scelerats pour faire un mauuais coup et en verité Monsieur il deuroit prendre guarde a luy de ne se hazarder pas a rentrer de nouit ny a manger chez des personnes quil ne connoist pas bien.

A Monsieur

Monsieur de Huijgens Seigneur de Zulichem à la Haye.

par faveur de Monsieur le Professeur Tronchin⁷⁾.

7) Jean Antoine Tronchin, né à Genève, auteur d'une grammaire française, depuis 1667 professeur extraordinaire de langues étrangères à Franeker. Il mourut en 1688.