il y a 7 à 8 ansGa naar voetnoot2), que je fis voir à M. Colbert une machine, que j'avois fait construire dans cette même intention, & qui fut enregistrée dans nôtre Academie, l'effet en étoit: qu'une petite quantité de poudre, comme il en faut, pour remplir un dé à coudre, était capable d'élever quelques seize cens livres, à la hauteur de cinq pieds, & cela sans cette impetuosité ordinaire, mais d'une force temperée & égale; quatre à cinq laquais, que M. Colbert fit tirer à la corde attachée à cette machine, furent élevez fort facilement en l'air; toutefois il se rencontre quelque difficulté, à renouveller continuellement cette force, &c. |
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voetnoot1)
- Nous extrayons ce fragment de lettre d'un article intitulé ‘Ad Majorem Dei Gloriam’ de la livraison de mai 1687 du journal cité. Dans cet article, l'auteur anonyme rappelle que déjà deux ans et demi s'étaient écoulés depuis que l'on avait proposé le problème d'employer la force de la poudre à canon à des buts plus utiles que celui de détruire, le seul auquel, d'après l'opinion généralement répandue, un agent aussi violent pourrait servir. Il poursuit: ‘Unicus tantum repertus est qui subodoratam reactionis, virtutis, aut actionis secundae praedictam opinionem de impossibilate seposuit, & conatum suâ approbatione dignatus est, in epistola ad amicum, sub dato 24 Maii 1686 gallicè’: ici suit le fragment de lettre, qui doit évidemment être attribué à Chr. Huygens, quoique nous n'en trouvions aucune trace dans nos collections et que nous ne puissions indiquer avec quelque certitude le nom du correspondant, auquel la lettre a été adressée. Nous ignorons aussi dans quelle publication le problème, dont parle l'auteur, a été proposé. Toutefois, on peut voir, par la Lettre No. 2330, que, en effet, au commencement de 1684, la question d'une machine à poudre à canon occupait les esprits.
L'auteur de l'article ‘Ad Majorem Dei Gloriam’ nous est également inconnu. Nous savons seulement par une lettre de Leibniz à Papin, du 11 avril 1704 (Gerland, Leibnizens und Huygens' Briefwechsel mit Papin, p. 297), qu'il était ‘Stifts-hauptmann à Zoedtenbourg’. Comme solution du problème dont il s'occupe dans son écrit, il propose de faire projeter, par l'inflammation d'une demi-once de poudre, un poids de 15 livres à une hauteur de six ou huit pieds, où, au moment de son repos, il s'accrocherait à la corde d'un axe de faible poids, lequel par la force de la gravité pourrait faire tourner deux petites pierres de deux au trois livres cent cinquante fois avant que le poids projeté ne serait retourné au point d'où il avait été lancé. Quoique ce projet ne soit pas de nature à donner une haute idée du génie inventif ou des talents mécaniques de l'auteur, il parait cependant que son article a attiré l'attention du Landgrave de Cassel. C'est ce qui résulte d'un article de Papin, publié dans les ‘Nouvelles de la République des Lettres’ du mois de septembre 1688 (voir aussi les ‘Acta Eruditorum’ du même mois), où on lit:
‘C'est sans doute quelque chose de grand & de généreux que de vouloir tourner à l'utilité des hommes la force de la poûdre à canon, qui jusqu'icy n'a presques esté employée qu'à les détruire: & ainsi le projet qui en fut proposé dans les Nouvelles de la République des Lettres du mois de May 1687, ne pouvait manquer de plaire à S.A.S. Monseigneur le Landgrave de Hesse, de sorte qu'il me fit l'honneur de m'en parler lors que j'estois à Cassel. Mais comme il sçait les difficultez qui se rencontrent dans le commencement des inventions qui requierent de l'exactitude; S.A.S. ne jugea pas à propos de faire d'abord de grandes Machines, mais trouva qu'il valloit mieux commencer par quelques petits essays, sur quoy on pourra se régler pour en faire ensuite d'autres plus grands, & ainsi par degrez perfectionner cette invention. Je me suis conformé à des ordres si judicieux; & j'ay fait un Modéle qui à la verité, à cause de sa petitesse ne produit pas autant d'effet que celui dont parlent les mesmes Nouvelles de la République des Lettres, qui a esté montré à Monsieur Colbert, mais il suffit pourtant pour faire voir ce que l'on peut attendre de cette invention quand on fera de plus grandes machines’, etc.
Dans la suite de cet article, Papin donne la description de quelques modifications qu'il avait apportées à la machine à poudre à canon de Chr. Huygens (voir la Lettre No. 1971), à la construction de laquelle il avait assisté en 1673, lorsqu'il était attaché au laboratoire de l'Académie des Sciences en qualité d'aide préparateur. (Voir la Lettre No. 2008, note 11). L'article du Stifts-hauptmann de Zoedtenbourg et l'extrait de la lettre de Huygens (notre No. 2425) ont donc fourni à Papin l'occasion de reprendre l'étude de l'invention de son maitre, le mécanisme qui fut l'origine de la première machine à vapeur. (Consultez: Christiaan Huygens, Discours prononcé à l'occasion du deuxième centenaire de sa mort, par J. Bosscha, Archives Néerlandaises des Sciences exactes et naturelles, Tome XXIX, p. 352; Bulletin des Sciences Mathématiques, 2e Série, T. XX, février 1896; Revue Scientifique, 4e Série, Tome IV, 16 novembre 1895), ou l'édition allemande: Christian Huygens. Rede am 200en Gedächtnistage seines Lebensendes gehalten von J. Bosscha, Sekretär der Hollandsche Maatschappij der Wetenschappen zu Haarlem, Mit erlaüternden Anmerkungen vom Verfasser. Aus dem Holländischen übersetzt von Th.W. Engelmann Professor in Utrecht. Leipzig, Verlag von Wilhelm Engelmann, 1895.
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voetnoot2)
- En réalité 12 à 13 ans, savoir en septembre 1673; voir la Lettre No. 1971.
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