Oeuvres complètes. Tome X. Correspondance 1691-1695

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N^o 2498^a.
Christiaan Huygens à P.E. Vegelin van Claerbergen.
25 octobre 1687.

La lettre se trouve à Leeuwarden, archives de la famille van Eysmga¹⁾.
Elle est la réponse au No. 2495.
Vegelin y répondit par la Lettre No. 2504.

Monsieur

J'ay receu par les mains de Monsieur Tronchin²⁾ la lettre que vous m'avez fait l'honneur de m'escrire qui enfermoit l'extrait de celle de Monsieur Freydberg³⁾ a vous. Je ne scay pas bien si l'invention de cheminées dont il souhaite d'estre informè est la mesme dont j'ay vu quelque description dans le Journal de Scavants de Paris⁴⁾. Cependant je ne laisseray pas de vous dire comment on m'a fait comprendre que ces cheminees sont faites, par ce que quand mesme Monsr. Freydberg ou vous eussiez vu ce journal, il se pourroit que vous n'auriez point



entendu en quoy l'invention consiste, puis qu'on n'y a point adjoutè de figure. Ce n'est pas, comme l'on luy a fait entendre, qu'il n'y a point d'issue pour la fumée, mais la fumée se consume tellement par le feu, qu'elle sort comme une vapeur invisible comme il arrive dans les fourneaux des verreries.

AA est un receptacle ouvert par en haut, dans lequel on met la matiere combustible, sur un gril qui est a cet endroit AA. au dessous du quel est joint le tuyau BC. montant perpendiculairement et estant ouvert au bout C. Il arrive donc que le tuyau BC. s'echauffant, l'air qui y est contenu par la legeretè que luy donne sa chaleur, monte continuellement et sort par le bout C. Et entraine ainsi la fumée qui s'engendre au vaisseau AA, mais qui, passant en descendant a travers le feu, perd toute son epaisseur et son odeur, de sorte qu'en mettant mesme du cuir ou autre chose puante avec les char-

1) Voir la Lettre N^o. 2335^a, note 2.

2) Jean Antoine Tronchin; voir la Lettre N^o. 2495, note 7.

3) La Lettre N^o. 2496.

4) Voir la Lettre N^o. 2447, note 6.

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bons allumez, et plaçant la machine au milieu d'une chambre, on n'appercoit aucune mauvaise odeur, ni fumée. Mais il faut que le feu soit auparavant bien allumè et que le tuyau BC soit echauffè. Voila comme on m'a depeint cette sorte de fourneau ou cheminée, dont on a fait l'experience a Paris, mais non pas icy à la Haye que je scache. l'inventeur se nomme d'Alesme⁵⁾ que j'ay connu estant en France. Si j'ay bien retenu le tuyau B.C. avoit 5 ou 6 pieds de haut. Je ne croy pas qu'on puisse emploier cette machine pour chauffer une chambre en la mettant ailleurs que sous la cheminee par ce que l'air qui sort par le tuyau B.C. devient inutile a la respiration, pour avoir passé par le feu. Je souhaiterois pour la satisfaction de Monsieur Freydberg que l'ouvrage que l'on fait imprimer a Paris fust achevè, mais comme il y a encore bien de pieces qui y doivent entrer je ne scaurois dire quand cela sera⁶⁾. Il y a desia 4 ou 5 mois que j'ay envoiè pour cela les copies de mes escrits, ou est entre autres⁷⁾ la maniere dont je me sers pour emploier la poudre a canon, que Mr. Freydberg a tant d'envie de voir et qu'il estime plus qu'elle ne merite. pour luy en donner quelque ouverture vous pouvez luy mander qu'au lieu d'un poids de plomb ou autre matiere solide qu'il se proposoit d'elever⁸⁾ par l'effort de la poudre je n'eleve que l'air, qui apres cela, par sa pression, fait mouvoir ce que l'on veut. En luy escrivant je vous prie d'avoir la bontè de luy faire mes treshumble baisemains et de mesme a Mons. Fullenius de qui Mons. Tronchin m'a dit qu'il travaille avec assiduitè aux verres des Telescopes. Je suis

Monsieur

Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Hugens de Zulichem.

5) Sur André d'Alesme, voir la Lettre N^o. 2008, note 15.

6) L'ouvrage cité dans la Lettre N^o. 2432, note 1.

7) Voir la note 1 de la Lettre N^o. 2435.

8) Voir la Lettre N^o. 2425, note 1.