cipes, qui neanmoins est assez clair, surtout quand ces lettres lui servent d'explication. Je ne doute pas qu'elles ne fissent quelque peine à Monsieur Leibnitz si on les imprimoit, puis que ce n'est que bien long temps aprez qu'il a donné au Public les Regles de son Calculus Differentialis, et cela sans rendre à Monsieur Newton la justice qu'il lui devoit. Et la maniere dont il s'en est acquité est si eloignée de ce que Monsieur Newton a la dessus que je ne puis m'empecher en comparant ces choses ensemble de sentir bien fortement leur difference comme d'un original achevé, et d'une copie estropiée et tres imparfaite. Il est vrai Monsieur comme Vous l'avez deviné que Monsieur Newton a tout ce que Monsieur Leibnitz paroit avoir, et tout ce que j'avois moi même et que Monsieur Leibnitz n'avoit pas. Mais il est encore allé infiniment plus loin que nous, soit pour ce qui regarde les quadratures, soit pour ce qui regarde la proprieté de la courbe quand il la faut trouver par la proprieté de la Tangente. Il ne se contente pas par exemple de retrouver l'Equation de la Courbe lorsque sa fluxion est donnée,
pour me servir de ses expressions, c'est à dire lors qu'on a l'Equation de la TangenteGa naar eindb). Il la retrouve encore lors qu'on a la fluxion de la fluxion, ou la fluxion de la fluxion de la fluxion &c. Ce qu'il a sur les Quadratures est infiniment plus general que tout ce que l'on avoit auparavant, et il est tres simple et d'un usage merveilleux dans toutes les parties de la Geometrie.
J'ai Monsieur corrigé en divers endroits le livre de Monsieur Craige que Monsieur de Zulichem Vous envoiera. Ce livre n'a presque rien qui ne fut deja connu. Il est ecrit sans aucune exactitude et pour le mettre en l'état où il devroit etre il auroit absolument fallu le refondre. J'ai copié mes corrections comme je les avois écrites à la haie à la marge de mon exemplaire; ou n'aiant été mises que pour mon usage et pour decharger ma memoire je ne serois pas surpris si Vous trouviez qu'il n'etoit pas fort à propos de Vous les envoier dans l'etat où elles sont. Mais je n'ai pû me resoudre à leur donner une autre forme, aiant à present l'esprit occupé de tout autres pensées.
On a arreté Monsieur le Conte du Quene MonrosGa naar voetnoot7) parce qu'il avoit connu Monsieur de GenesGa naar eindc): et ses amis n'ont pas même la liberté de le voir. La lenteur que le grand nombre d'affaires apporte en ce pays à celles qui ne sont pas de la
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derniere importance me fait craindre que sa prison ne dure encore bien longtemps. Je suis dautant plus touché de ce qu'il souffre que je connois parfaitement son innocence.
Il ne tiendra pas à moi que Monsieur Leibnitz ne sache la Methode dont je me servois pour retrouver en certain cas l'Equation de la Courbe par l'Equation de la Tangente. Mais je doi me rejouïr, si je veux encore approfondir ce sujet, d'avoir rencontré en Monsieur Newton un guide sans comparaison plus eclairé et plus genereux: quoi qu'il y ait bien du plaisir de travailler sur son propre fonds. Je tacherai de me consoler de ce que Monsieur Leibnitz se dedit des engagemens où il etoit entré de lui même. Bien qu'il y ait toujours à perdre quand on n'apprend pas une chose qu'on auroit pû savoir je ne serai pas faché d'avoir évité de faire des échanges de propositions de Mathematiques comme de marchandises. Pour Vous Monsieur Vous étes embarqué dans ce negoce et je crain que Monsieur Leibnitz, qui met toujours ses denrées à un fort haut prix, ne se montre difficile à se contenter sur les avances qu'il pretendra Vous avoir faites. Je n'ai encore ni abandonné ni embrassé absolument la pensée de faire une seconde édition du livre de Monsieur Newton. Monsieur Hampden Monsieur Vous fait ses trez humbles complimens. J'espère Monsieur que votre santé sera tout à fait retablieGa naar eindd). Je suis avec beaucoup de respect
a Monsieur
Vostre tres humble et tres obeissant Seruiteur
N. Fatio de Duillier.
A Londres ce 5/15 Fevrier 1692. |
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voetnoot1)
- Chr. Hugenii etc. Exercitationes Mathematicae, Fasc. II, p. 127.
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voetnoot4)
- Peut-être le fils du négociant Tourton, chez lequel Fatio demeurait à Londres. Voir la Lettre No. 2697.
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voetnoot5)
- Mr. Dierquens fils ou père; consultez la Lettre No. 2094, note 1.
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einda)
- Il aura veu le passage de PlutarqueGa naar voetnoot8) au livre de facie in orbe lunae [Christiaan Huygens].
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voetnoot8)
- ΠΕΡΙ ΤΟΥ ΕΜΦΑΙΝΟΜΕΝΟΥ ΠΡΟΣΩΠΟΥ ΤΩΙ ΚΥΚΛΩΙ ΤΗΣ ΣΕΛΗΝΗΣ. De facie in orbe lunari. Au § XI on rencontre, en esfet, le passage remarquable suivant, que nous empruntons à la tradnction d'Amyot, d'après l'édition:
OEuvres mêlées de Plutarque, traduites du Grec par Amyot, Grand-Aumônier de France; avec des Notes et des Observations, par MM. Brotier et Vauvilliers. Nouvelle Edition, Revue, corrigée et augmentée, par E. Clavier. Tome cinquième. A Paris, de l'imprimerie de Cussac, Rue Croix des Petits-Champs, No. 33. An XI (1803) in-8o.
On y lit (pages 238 et 239):....il y a des colomnes et des pilliers de diamant qui la soustiennent (c'est-à-dire la Terre), comme dit Pindare. C'est pourquoy Pharnaces est hors de crainte que la terre ne tombe: mais il a pitié de ceulx qui sont à plomb au dessoubs du cours de la lune, comme les Aethiopiens et ceulx de la Taprobane, de peur qu'un si pesant fardeau ne tombe sur eulx, et toutefois il y a le mouvement de la lune qui engarde qu'elle ne tombe, et la violence de sa révolution, ne plus ne moins que les pierres et cailloux, et tout ce qu'on met dedans une fronde, sont empeschez de tomber, parce qu'on les tourne violemment en rond. Car chasque corps se meut, selon son mouvement naturel, s'il n'y a autre cause qui l'en detourne. C'est pourquoy la lune ne se meut point selon le mouvement de sa pesanteur, estant son inclination deboutée et empeschée par la violence de la revolution circulaire.
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voetnoot6)
- Cette correspondance entre Newton et Leibniz, conduite en 1676 et en 1677 par l'intermédiaire d'Oldenburg, se trouve reproduite, entre autres, dans les ouvrages de Gerhardt: Leibnizens mathematische Schriften’, Bd. I (à commencer par la lettre No. 36, p. 100) et ‘Briefwechsel von Gottfried Wilhelm Leibniz mit Mathematikern’ (p. 179-254). Voir d'ailleurs, à propos de ce qui va suivre, la note 3 de la Lettre No. 2723.
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eindb)
- s'il peut connaitre par l'Equation si une courbe est quadrable? avez vous dit a mon frere que ce traité de Mr. Newton paroitroit bien tostGa naar voetnoot9). si une soutangente estant donnée il peut dire s'il y a une courbe a qui elle convient [Christiaan Huygens].
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voetnoot7)
- Abraham du Quesne, seigneur de Monros, second fils du célèbre amiral de même nom et de Gabrielle de Bernières. Après la mort de son père il s'était fait catholique, mais, pris de remords, il s'engagea dans l'entreprise de son frère Henri qui, voulant venir en aide à ses coréligionnaires réfugiés, organisa une expédition pour une île lointaine afin d'y sonder une colonie. Dans les premiers mois de 1690, les vaisseaux à l'ancre au Texel n'attendaient plus que le signal du départ et le comte de Monros allait mettre à la voile, lorsque Henri du Quesne, apprenant qu'une slotte française partait de France pour s'opposer au débarquement dans l'île de Bourbon et ne voulant pas s'exposer à violer le serment qu'il avait fait à son père de ne jamais combattre les Français, renonça à son projet. Abraham du Quesne se rendit en Angleterre où il mourut.
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eindc)
- Je m'estonne qu'il n'ait pas mieux connu de GenesGa naar voetnoot10) de qui avec raison on n'a pas bonne opinion. je croy pourtant du Quesne innocent [Christiaan Huygens].
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voetnoot10)
- De Genes, navigateur français, proche-parent du théologien Julien-René-Benjamin. Il jouit de la faveur de Louis XIV, qui le créa capitaine de vaisseau et chevalier de Saint-Louis et le gratifia de pensions et d'une grande étendue de terre en Cayenne, que le roi avait érigée en comté, sous le nom de comté d'Oyac. Comme gouverneur de l'île de Saint-Christophe, restituée à la France par le traité de Rijswijk, il dut abandonner cette île aux Anglais. Il fut condamné en août 1704 pour lâcheté, dégradé de la noblesse et privé de la croix de Saint-Louis. Il appela de ce jugement au
conseil du roi. Voulant revenir en France pour suivre cet appel, il fut fait prisonnier par les Anglais et conduit à Plymouth, où il mourut cette même année. Louis XIV accorda des pensions à sa veuve et à ses enfants ‘en raison de sa fidélité et de ses bons et agréables services’.
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eindd)
- On m'a parlè d'un traitè de dioptrique d'un des membres de la Société qui est-ce?Ga naar voetnoot11) Locke [Christiaan Huygens].
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voetnoot11)
- Il s'agit probablement de l'ouvrage suivant:
Dioptrica Nova. A Treatise of Dioptricks, in two Parts. Wherein the various Effects and Appearances of Spherick Glasses, Both Convex and Concave, Single and Combined, in Telescopes and Microscopes, Together with Their Usefullness in many Concerns of Human Life, are explained. By William Molyneux of Dublin Esq. Fellow of the Royal Society. Ex Visibilibus Invisibilia, London, Printed for Benj. Tooke. mdcxcii, in-4o.
Sur William Molyneux, voir la Lettre No. 2361, note 2.
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