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par la diminution de la vistesse du corps, qui la sent, et je m'estois assés expliqué la dessus dans tout mon discours, mais j'advouë qu'il demande de l'attention. Je ne scay si vous aurés examiné ce que je dis de la resistence absolue4), comme il s'en trouve dans le frottement. Il est tres vray, comme vous avés remarqué, Monsieur, que dans un jet libre par un milieu resistent, la simple composition des deux mouvemens ne peut avoir lieu et pour que mon article 6. puisse trouver place, il faut une hypothese particuliere5). Ce peu que j'ay vû de Mr. Fatio me le fait estimer, et j'attends beaucoup de sa penetration. Je suis bien aise d'entendre qu'il est à la Haye, et je luy envierois ce bonheur, dont il ne m'est pas permis de jouir, si je ne considerois, qu'il profitera beaucoup en vous voyant quelques fois, et qu'il en sera d'autant plus en estat de rendre service au public. Il n'a pas mal choisi en se mettant à chercher les courbes dont les tangentes sont d'une nature connue, c'est presque ce qu'il y a de plus difficile et de plus important en Geometrie; je contribuerois volontiers à l'aider si je puis dans cette recherche, s'il en croyoit avoir besoin. Comme il a aussi trouvé vos courbes je m'imagine qu'il aura pris quelque biais, qui serve à abreger; comme en effect je puis fabriquer plusieurs canons particuliers pour retrancher le calcul. Pour ce qui est d'une courbe dont la soutangente soit yy | |
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absolument aussi bien que l'autre, dont l'equation est 2aaxx=aayy-y47). Et comme vous me demandés la determination de l'aire de la derniere, asin que M.
Puisque la premiere achevée retourne en elle meme, en forme de 810), on en peut juger que le theoreme de Mr. Newton11) p. 105, qui pretend, qu'il n'y a point de courbe recourrante (de la Geometrie ordinaire) indefiniment quadrable, ne scauroit subsister, et qu'il y a quelque faute dans sa demonstration. Mais je ne l'en estime pas moins; Opere in longo fas est obrepere somnum. M. Bernoulli a aussi trouvé ensin la ligne de la chaine12). Je croy que la connoissance de mon calcul l'aura un peu aidé, car quoy que ce probleme ne soit pas des plus difficiles, je m'imagine qu'il n'est pas trop aisé d'y reussir sans avoir quelque chose d'equivalent à ce calcul. Je n'ay pas vû sa solution, je ne laisse pas de croire qu'il a donné dans le but. Mons. Tschirnhaus n'y a pas mordu, quoique j'aye parlé expres d'une maniere à l'y engager13), pour luy donner occasion d'exercer sa methode, dont il nous pro- | |
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mettoit tant, jusqu'à me reprendre obliquement, de ce que j'avois dit que l'Analyse ordinaire ne suffit pas dans ces rencontres. Je croy que Mr. Fatio est allé trop viste en pretendant que mon Exponentiale est impossible. Je verray un de ces jours, si je vous en pourray donner la construction. On ne donnera la solution de M. Bernoulli que quand j'auray envoyé la mienne; et si vous le trouvés à propos nous y joindrons la vostre, mais j'espere de la voir prealablement, et de vous faire juger de la mienne. 14) Je voudrois bien scavoir ce que vous jugés des variations de l'eguille aimantée et des causes de l'inclination. Et s'il est bien seur, que dans des lieux qui ne sont pas eloignés l'un de l'autre il se trouue une grande difference entre les declinaisons. Je suis disposé à croire que cela n'est point. Mais l'experience en doit juger souuerainement. Je desire aussi de scavoir vostre sentiment sur la cause du flus et reflus de Mr. Des Cartes15). Je me souuiens que vous avés traité autres fois de la cause des parelies. J'espere que vous en mettrés la demonstration dans vostre dioptrique, et que vous nous donnerés apres tant de delais cet ouvrage si desiré. M. Newton n'a pas traité des loix du ressort; il me semble de vous avoir entendu dire autres fois que vous les aviés examinées, et que vous aviés demonstré l'isochronisme des vibrations. N'y a-t-il personne à present qui medite en philosophe sur la medecine? Feu Mr. Crane16) y estoit propre, mais Messieurs les Cartesiens sont trop prevenus de leur hypotheses. J'aime mieux un Leeuwenhoek qui me dit ce qu'il voit, qu'un Cartesien qui me dit ce qu'il pense. Il est pourtant necessaire de joindre le raisonnement aux observations. Mais je finis en me qualifiant avec beaucoup de zele
Monsieur
Vostre treshumble et tresobeissant seruiteur Leibniz. |
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