Oeuvres complètes. Tome IX. Correspondance 1685-1690
(1901)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
[pagina 546]
| |
No 2636.
| |
[pagina 547]
| |
faute, mais j'estois en voyage et bien distrait. En voicy la correction. C'est qu'il faut mettre les espaces pour les temps et vice versa dans les propositions 4 et 6 de l'article 5, et apres auoir ainsi corrigé les propositions, il faut donner la demonstration de l'une à l'autre, et vice versa. De sorte voicy comme il falloit dire dans la prop. 4 en y mettant la prop. 6 corrigée: si velocitates acquisitae sunt ut sinus erunt tempora impensa ut logarithmi sinuum complementi, posito radium seu sinum totum esse ut velocitatem maximam. Et à cela s'ajuste la demonstration qui est mise a la proposition 4me, cum enim (j'en repete les paroles) incrementum velocitatis sit differentia inter impressionem et resistentiam, hinc ex proecedenti statim sequitur impressionem (gravitatis) esse ad incrementum velocitatis, ut quadr atum velocitatis maximae ad excessum hujus quadrati super quadratum proesentis velocitatis. Ex quo scimus per quadraturas, summam impressionum quae est proportionalis assumto tempori, esse ut Logarithmum, si numerus sit qualem in propositione hac enuntiavimus. Ce sont mes paroles precises et pour vous faire voir qu'elles s'ajustent à la proposition ainsi corrigée et transposée, aussi bien qu'avec vos decouuertesGa naar voetnoot4), Appellons comme auparavant le temps t, les velocités v, la plus grande velocité a, les resistences r. Or il est manifeste que les elemens des velocités c'est à dire les differences de deux velocités prochaines se trouuent en adjoutant à la velocité precedente la nouuelle impression faite par la gravité et en soustrayant en mesme temps la resistence ou perte causée par le milieu, donc dv (increment de la velocité precedente pour faire la suivante) est dt - rGa naar voetnoot5), or r = dt.vv/aa donc dv = = dt - dt vv/aa ou bien dt/dv = aa/aa - vv, c'est à dire, comme parle ma demonstration: impressio gravitatis (dt) est ad incrementum velocitatis (dv) ut quadratum velocitatis maximae (aa) ad excessum huius quadrati super quadratum praesentis velocitatis (aa - vv). Car dt expriment aussi bien les elemens des temps, que les impressions de la pesanteur, qui sont proportionnelles à ces elemens. Par là vous voyés, Monsieur, que t = ∫ dv . aa / aa - vv, ou parlant à l'ordinaire, que le temps est la somme de aa/aa - vv, c'est à dire selon vostre expression, que le temps est 1/1v + ⅓v3 + ⅕v5Ga naar voetnoot6) | |
[pagina 548]
| |
etc. Mais selon la mienne, les temps sont comme les logarithmes de √(aa - vv)Ga naar voetnoot7) c'est à dire les velocités v estant comme les sinus, les temps sont comme les logarithmes sinuum complementi. Et vous trouverés que ces deux expressions s'accordent. J'auois crû mieux faire en m'exprimant ainsi. En echange la proposition 4me corrigée (les espaces estant mis pour les temps) doit estre mise à la place de la sixieme et alors la proposition sixieme veritable sonnera ainsi: si rationes inter summam et differéntiam velocitatis maximae et minoris assumtae sunt ut numeri, spatia quibus assumtae velocitates sunt acquisitae, sunt ut logarithmj. Et alors la demonstration de la proposition 6me repondra à sa proposition. En symboles les espaces estant marqués de s et les elemens de ds comme auparavant, puisque r = = ds . v/a et dt = a/v dsGa naar voetnoot8) substituant ces valeurs dans l'equation susdite dv = = dt - r, on aura ds=dv . av / aa - vv ou s = ∫ dv . av / aa - vv. Ce qui depend encorde la quadrature de l'Hyperbole ou des Logarithmes. On le pourroit encor exprimer par cette series s = ½vv + ¼v4 + ⅙v6 etc. mais j'ay crû mieux faire en disant, que les velocités estant v, les espaces sont comme les logarithmes des raisons de a + v à a - v. Ainsi j'ay ces expressions exponentiales (que vous appellés en riant supertranscendentes) √(1 - vv) comme bt et 1 - v/1 + v comme bs, b estant un certain nombre constant. Je ne voy pas pourquoy vous trouvés de l'obfcurité dans ces expressions, car il n'y en scauroit plus auoir que dans les logarithmes ordinaires, qui ne vous scauroient donner aucune peine. Et puisque vous avés adjouté quelque limitation à vostre arrest contre ces sortes de formules, en les rejettant, à moins que je n'y aye remarqué quelque utilité notable, j'acheveray d'instruire le procès, a fin que vous puissiés prononcer une sentence definitive. Je crois donc que dans les lignes qui passent les equations de l'Algebre ordinaire, c'est tout ce qu'on peut souhaitter à leur egard en Analyse, que de les exprimer par ces equations nouuelles. Si on le pouuoit tousjours faire, on connoistroit par là parfaitement la nature de la ligne, on pourroit donner ses tangentes, ses quadratures, extensions, centres et même ses intersections avec une courbe donnée, et resoudre par ce moyen des problemes transcendans determinés, en fin je ne voy rien de possible, qui resteroit à faire apres cela, et le tout ne supposeroit que la construction des logarithmes, outre les constructions de la Geometrie ordinaire. On pourra encor determiner les cas quand certains points demandés se peuvent | |
[pagina 549]
| |
donner par la Geometrie commune. Si ces raisons ne valent rien, je me suis bien trompé de mon calcul. Je croyois vous avoir communiqué quelque chose de fort bon et de grand usage. Et quand j'aurois fait une beveue dans le cas, que je vous avois envoyé, cela ne pourroit rien diminuer de la force de la methode. Par les expressions susdites je donne une equation qui exprime la relation entre l'espace et le temps, car il se trouve 1 - bs / 1 + bs = √(1 - bt). De sorte que les temps estant donnés en nombres, les espaces se trouuent par là et vice versa; en supposant la construction des logarithmes. On aura bien de la peine à arriver icy, par une autre voye, à une equation finie. Apres avoir examiné la courbe que vous assignés pour la proprieté des Tangentes, et que vous m'aviés proposée, Monsieur, je trouve que vostre courbe semble y repondre, mais qu'elle n'y repond pas de la maniere que la formule est conçue; au lieu que les miennes y repondent. Et il s'y passe quelque chose de curieux à l'égard des signesGa naar voetnoot9). Je trouue donc que l'equation estant x3 + xy2 = aay, il provient DB = aax - 2xxy / 3aa - 2xy, au lieu que vous m'auiés proposé 2xxy - aax / 3aa - 2xy. Et a sin qu'on ne pense pas que c'est la meme chose, et qu'il faut parler de la façon posterieure, lorsque le point D doit estre pris ad partes oppositas, et non vers A, je reponds que suivant le calcul, il est toujours vray, soit que CD se mene supra ou infra, c'est à dire vers A ou ad partes oppositas, que DB est aax - 2xxy / 3aa - 2xy dans votre courbe, puisque cette valeur s'obtient par un calcul general, et cela prouue seulement, que lorsque cette valeur est une grandeur negative, D doit estre pris non supra (vers A) mais infra B. Et a fin que vous jugiés mieux de la solidité de cette remarque, et que l'Analyse ne scauroit mener à vostre courbe par la propricté que vous aviés proposée, vous trouuerés que les courbes, que j'auois envoyées, satisfont rigoureusement et uniquement a la valeur 2xxy - aax: 3aa - 2xy, et ne scauroient satisfaire à la valeur aax - 2xxy: 3aa - 2xy; car jettant les yeux sur ma derniere lettreGa naar voetnoot10) vous trouverés cette equation 3dx/x + dy/y = 2xdy + + 2ydx, dont je puis venir à bout. Car la somme de 2xdy + 2ydx est 2xy, mais si la valeur est aax - 2xyy: 3aa - 2xy, vous trouuerés 3dx/x - dy/y = -2xdy + +2ydx. Mais la somme de - 2xdy + 2ydx ne se trouue pas de même, et il faut auoir recours à d'autres adresses, dont je ne m'estois pas servi parce que j'estois devenu fort aisément à ce que vous m'aviés demandé: Apres tout cela, je | |
[pagina 550]
| |
m'imagine que vostre arrest provisionnel sera addouci, et comme vous devés juger en dernier ressort, et sans appel, vous serés d'autant plus porté à faire droit aux parties. Je suis bien aise que Mrs. de Leipzig vous ont fait justice dans leurs ActesGa naar voetnoot11); Mais en rapportant la seconde partie de vostre traité il y a une beveue dont je suis fasché. Celui qui a donné cette relation s'est imaginéGa naar voetnoot12) que vostre quadrature de l'Hyperbole par 1 + ⅓ + ⅕ + 1/7 etc. estoit la même que celle que j'auois joint à ma Quadrature Arithmetique du cercle, parce que je voyois une certaine analogie assez belle. Cependant la mienne est celle de Mercator, tirée de 1/1 - ½ + ⅓ - ¼ etc., et par consequent differente de la vostreGa naar voetnoot13). Je vous asseure | |
[pagina 551]
| |
que je n'ay aucune part à ce mesentendu, et même je feray en sorte que cela soit remarqué et redresséGa naar voetnoot14). Je voudrois pouuoir satisfaire à tous les autres points de vostre lettre, et surtout examiner attentivement ce que j'ay fait sur la figure de la chaineGa naar voetnoot15), pour faire la comparaison avec vos decouuertes. Mais je suis a present enfoncé dans des vieux papiers et parchemins de nos archives et pressé pour les depecher. Ainsi il me faut prendre du temps pour cela. J'ay demonstration de la regle de la composition des mouuemens, qui me sert de fondement à la decouuerte des tangentes par les foyersGa naar voetnoot16). Je suis bien aise de scavoir que c'est vous dont M. Fatio entendoit parlerGa naar voetnoot17), pour joindre cette obligation aux autres qu'on vous a. Mons. Spener ne m'a pas ecrit non plus. J'espere qu'il sera plus exact en experiences qu'en correspondences. J'auois eu autre fois la vue d'essayer si par le moyen du vuide on ne pourroit tirer quelque chose des corps, entre autres en y joignant des filtres, puisque ce seroit une espece de presse, plus subtile et plus uniforme que l'ordinaire. | |
[pagina 552]
| |
Peut-estre que M. Spener a pensé à quelque chose de semblable avec son siphon qui doit attirer, mais si cela estoit, il ne deuuroit pas avoir manqué. Ainsi je ne scay pas bien ce que c'est. Puis que vous avés fait des experiences de consequence avec l'ambre, je vous diray que feu Mons. Gericke en auoit fait de fort considerables avec des corps electriques. Il m'en ecrivit un jour et j'en chercheray le détail. Ce qui m'a fait croire que la variation de l'eguille a quelque regle (quoiqu'inconnue encor) c'est que j'ay vû des journaux des grands voyages ou elle estoit tres souvent observée et ou elle ne changeoit pas par sauts mais peu à peu. Comme ma lettre sur les planetes et autres points, que je vous destinois il y a long temps est quasi faite, je la finiray et la mettray au net, pour la vous envoyer aussi tostGa naar voetnoot18) que je seray un peu plus libre pour pouuoir vaquer à des pensées que je n'ay plus presentes dans l'esprit. Je vous remercie de ce que vous dites de Messieurs Hudde et Witsen. Quoyque je souhaite fort de voir vos pensées punliées, je prefere l'interest de vostre santé à celuy de nostre utilité. Peut-estre pourriés vous donner souuent des pensées detachées qui seroient de consequence sans vous tant attacher à la forme des ouvrages reguliers. Je suis avec tout le zele que je dois
Monsieur
Vostre treshumble et tresobeissant serviteur Leibniz.
A Monsieur Monsieur C. Hugens Seigneur de Zulichem franco Breme à la Haye. |
|