Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684

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N^o 2241.
Susanna Huygens à Christiaan Huygens.
6 février 1681.

La lettre se trouve à Amsterdam, Bibliothèque de l'Université.
Elle fait suite au No. 2237.

A la Haije le 6^m Fevrier 1681.

J'avois sceu mon cher Frere, de mon Pere que vous aviez apres avoir long temps attendu, resceu les Provisions que je vous avois envoijée. mais J'aij etté fort aise d'en apprendre la confirmation de vous mesme par vostre agreable Lestre, du dernier du Mois Passé et sur tout que la Piece de Toile a bien plue a la Dame pour qui Elle avoit ette destinée. Elle s'est trouvée de la longueur de 52 Aulnes, au lieu de 50. comme je vous avois ditte cij devant. iavois oubliée de vous le faire scavoir par ma dernniere. je me resjouij de la continuation dè vostre santé. i'aij etté souvent en peine que le grand Froid vous auroit causé quelque incommodité. J'espere que rien n'empeschera nostre entrevüe L'etté Proschain. le Frere Drossard a passé quatre ou cinq jours a la Haije, nous dinasmes la plus part du temps ensemble ou chez le Frere de Zeelhem ou chez nous. si nous avions esté honorez de vostre Presence, la Famille auroit etté complette, ce qui n'est pas arivé de long temps. le Malheur qui est arivé a Madame de la Ferté et a Madame de Grandbonne¹⁾, m'afflige je vous prie de leur tesmoigner par occasion, ou a Madame Caron, la Part que j'ij prens. je vois qu'on trouve le Mariage du Jeunne Conseiller Vrijbergen, a Paris tout de mesme comme icij. mais je ne scaij pas, si vous estes informé de l'engagement qu'il a encore depuis quelque temps, avec une Jolie Engloise, la Fille d'un Petit Peintre, qui est venu icij avec Madame la Princesse, il se nomme Mester Gipson, c'est un Nain et sa Femme a la Taille semblable a la sienne, mais ces deux Creatures ont mis au Monde deux fort belle Filles. dont l'une a touche le Coeur de ce Jeune Blondin, et il a pris la peine de s'engager avec Elle, et mesme dit on pour certain qu'ils sont Mariez devant un Prestre Anglois. Elle est Grosse de luij si Elle n'est desja Accouchée. Elle est en Angleterre, depuis quelque Mois, et je suis informée de bonne part, quelle Parle de Monsieur Vrijbergen, comme de son Marij qui luij a promis de la venir prendre apres ses Couches. cette Affaire luij donnera peut estre plus D'Embarras qu'il ne pensse; il n'ij a pas moijen de faire consentir le Pere et la Mere pour laisser aller les Annonces. les deux Amans sont Partis dicij et Logent presentement a une Maison de la Dame, Prosche D'Amersfort, qu'elle Possede de son Premier Marij, et le Conseiller est le plus Amoureux du Monde. astheur il ij a d'autre Mariages sur le Tapis. pre-

1) Voir la Lettre N^o. 2237, note 1.

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mierement de Monsieur Voorst²⁾ et de cette Rische Desmoille Graef, D'Amsterdam. ils auront je croij leurs Premieres Annonces, Dimanche Proschain. un autre qui vous surprendra plus, et qu'on nous veut asseurer c'est de Monsieur D'Ooijen³⁾. le Frere de Monsieur de Buttingen avec Mademoiselle Isabelle Hooft, la Cadette de Madame Brasser, c'est une Partie fort esgale, si les Humeurs s'accordent seulement, de quoij je doutte fort⁴⁾ encore un Troisieme Mariage se fera dit on de Monsieur Gans⁵⁾ Seigneur du Nieuwlandt, avec L'heritiere nostre Demoiselle Janne Marie Tromp⁶⁾ et je le tiens pour asseuré. Monsieur Gerrit Heemskerck est aussi fort apparent a ce qu'on dit de Gagner les bonne Graces, d'une tres Riche, et tres laidde Demoiselle Schaep a Amsterdam. enfin c'est la Mode de se Marier, mais le Seigneur D'Oorschot que je viens de voir tout a l'heure Descrie le Mariage, autant que d'autres le tiennent Louable. et il m'a prié de vous dire, qu'il vous souhaitte tant de Constance en cette Affaire qu'a luij mesme, et en mesme temps il vous asseure de ses tres humble services. on est icij en grande inpassience pour avoir de Nouvelles D'Angleterre, depuis que celle est arivé que le Roij avoit resolu la Dissolution du Parlement. le Cousijn de Leeuwen est occupé presentement, par des Fascheuses Affaires et avec cela, casi continuellement attacqué de la Goutte. Monsieur Charas⁷⁾, qui est astheur a Londres est son unique consolation lors qu'il se trouve Mal. il est fort content de c'est homme, et l'autre ne semble pas estre moins satisfait de nostre Ambassadeur, a ce qu'il le tesmoigne dans ses Lestres qu'il escrit a mon Pere. il croit avoir un remede asseuré pour Guerir toutte sortte de Fievres⁸⁾; mon Pere l'a fait venir, pour la Cousine Sophie Le Leü, la qu'elle a une double quarte depuis long temps, mais ses Medecijns icij ne veulent pas consentir a la Luij faire prendre. Elle commence a se porter un peu mieux, mais il n'ij a pas moijen de le luij persuader. Elle veut estre Malade. Adieu mon cher Frere, j'espere que le temps viendra bientost que nous nous verrons. Dieu vous conserve en santé toutte nostre Famille se portte bien. Adieu.

Je vous prie de saluer tres humblement de ma Part Mademoiselle La Court.

2) Transisolanus Adolphus van Voorst, seigneur de Jaersveld, Hagevoerde etc., fils de Hidde van Voorst et de Johanna van Haersolte, fut gouverneur du palais du Prince d'Orange, et membre du Conseil d'Etat. Il épousa Arnoldina de Graeff, fille d'Andries de Graeff et d'Elisabeth Bicker, et mourut en 1707.

3) Voir la Lettre N^o. 2159, note 17.

4) Le mariage, en effet, n'eut pas lieu. Voir les Lettres N^o. 2159, note 17 et N^o. 2204, note 5.

5) Voir la Lettre N^o. 2157, note 3.

6) Johanna Maria Tromp, fille de l'amiral Maerten Harpertsz. Tromp et de sa troisième épouse Cornelia Teding van Berkhout. Elle mourut le 9 janvier 1717.

7) Voir la Lettre N^o. 1797, note 4.

8) Le quinquina, au sujet duquel Charas présenta à l'Académie des Sciences, le 31 mai 1692, un mémoire intitulé: ‘Nouvelle préparation de Quinquina & la manière de s'en servir pour la guérison des fièvres.’ Ce mémoire fut publié dans le Tome X des Mémoires de l'Académie.