Oeuvres complètes. Tome VII. Correspondance 1670-1675
(1897)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendExtrait d'une lettre de M. Hugens de l'Academie Royale des Sciences à l'auteur du Journal des Sçavans, touchant la Lunette Catoptrique de M. Newton.Je vous envoye la figure & la description du Telescope de Monsieur Newton. Pour ce qui est de mon sentiment que vous desirez sçavoir touchant cette nouvelle invention, quoy que je n'en aye pas encore vû l'effet, je crois pouvoir dire qu'elle est belle & ingenieuse, & qu'elle reussira, pourveu qu'on puisse trouver de la matiere pour les miroirs concaves, qui soit capable d'un poli vif & uni, comme celuy du verre; dequoy je ne desespere pas. Les avantages de cette Lunette pardessus celles où l'on n'employe que du verre, sont premierement que le miroir concave, quoy que de figure spherique, assemble beaucoup mieux les rayons paralleles vers un point, que ne font nos ver- | |
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res spheriques; comme cela se peut démontrer geometriquement. D'öù il s'ensuit que deux Lunettes de même longueur, dont l'une sera de cette nouvelle maniere, & l'autre avec un verre objectif à l'ordinaire, la premiere portant une plus grande ouverture pourra assembler beaucoup plus de rayons venans des objets, quoy que le petit miroir en empêche quelques-uns; & partant on la pourra faire grossir bien davantage que l'autre: de sorte qu'avec la moitié ou le tiers de la longueur des Lunettes, ou peut estre encore moins, on pourra faire l'effet accoûtuméGa naar voetnoot1). Le second avantage est que par cette invention l'on évite un inconvenient inseparable des verres objectifs, qui est l'inclination de leurs deux surfaces l'une à | |
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l'autre. Car quoy que cette inclination soit petite, elle ne laisse pas de nuire aux rayons qui passent vers les côtez du verre, & elle nuiroit encore davantage si l'on pensoit se servir de verres hyperboliques ou elliptiques, ausquels il faudroit donner de plus grandes ouvertures. Je conte pour un troisiéme avantage que par la reflexion du miroir de métail il ne s'y perd point de rayons comme aux verres qui en reflechissent une quantité notable par chacune de leurs surfaces, & en interceptent encore une partie par l'obscurité de leur matiere. Et cette matiere étant d'ailleurs si difficile à rencontrer de la bonté qu'il la faut pour les longues Lunette, parce que le plus souvent elle n'est pas toute homogene; c'est un quatriéme avantage de cette Lunette Catoptrique, qu'au métail il n'est besoin d'autre bonté que de celle de la superficie. Ceux qui ont vû la Lunette de Monsieur Newton remarquent qu'on a un peu de peine à la dresser vers les objets. Mais on y peut remedier assez facilement en attachant une lunette à la sienne qui luy soit exactement parallele, par laquelle on cherchera premierement l'objet. Il est vray qu'il faut pour cela un second observateur, si la Lunette Catoptrique est grande; parce que celuy qui y regarde doit estre monté au bout qui est élevé vers enhauts. Mais cette incommodité n'est pas considerable, eu égard à l'utilité de l'invention. Si au lieu de miroirs spheriques, l'on en pouvoit avoir de paraboliques exactement formez & polis; ces Lunettes feroient l'effet que l'on s'est promis des verres elliptiques ou hyperboliques; & je croy bien plus facile de reüssir aux miroirs. |
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