Oeuvres complètes. Tome VI. Correspondance 1666-1669

[p. 504]

N^o 1767.
H. Oldenburg à Christiaan Huygens.
17 octobre 1669.

La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.
Elle est une réponse au No. 1757. Chr. Huygens y répoudit par le No. 1770.

Monsieur,

Puisque vous le voulez ainsi, ie continuë de vous envoyer les Transactions, quoy que celles du dernier mois¹⁾ ne contiennent, peut estre, rien qui soit à vostre gout; la maniere de faire du Sel en France vous estant assez conuë, et la relation de l'incendie du mont AEtna n'ayant pas de particularités fort remarquables: qui sont les deux principaux chefs de ce Journal.

Tout le monde est encor à la campagne; c'est pourquoy nostre Societé ne s'est pas encor rassemblée²⁾: d'ou il vient, que ie ne luy³⁾ pas encor presenté vos Anagrammes⁴⁾; ce que ie feray pourtant a leur premiere assemblee. Je vous escrivis⁵⁾ le 6. Septembre, respondant alors à quelques particularitez de deux de vos lettres; estant resolu de vous satisfaire au reste, s'il plait à Dieu, aussi tost que ie pourray. Cependant i'ay parlé à Monsieur Neile⁶⁾, luy ayant fait voir ce que vous escrivistes dans la votre du 10 Aoust⁷⁾ touchant sa theorie du mouuement⁸⁾. il est fort votre serviteur et appercoit bien de ces raisonnemens particuliers, que Monsieur Wallis luy a envoyés, qu'il faut demordre de ses speculations. Jl souhaite pourtant, que quelque habile homme entreprist de decouvrir la veritable nature et les vrays principes du mouuement, d'oú procedent ces regles là, que vous⁹⁾, Monsieur Wren¹⁰⁾, et Doctor Wallis¹¹⁾ auez si doctement avancées; adjoustant, que tout ce qui a esté fait iusques icy, nous apprend seulement, que la Nature obserue telles et telles loix et proportions en mouvant les corps; mais que rien qui vaille n'a pas encore esté advancé touchant la cause physique, qui fait qu'un corps se meut et change de place.

A ce que vous touchez, que, selon vous, le repos et le mouuement ne peuvent estre considerez que relativement, il dit, que posé qu'il n'y ait qu'vn seul corps au monde, (ce qui n'est pas impossible) ce corps lá devroit estre consideré absolument, et estre ou en repos ou en mouuement, sans aucune relation.

1) Le N^o. 51 des Philosophical Transactions, du 20 septembre 1669 (V. st.).

2) La première séance de la Société Royale eut lieu le 21 octobre (V. st.).

3) Intercalez: ay.

4) Voir la pièce N^o. 1758.

5) Consultez la Lettre N^o. 1761.

6) William Neile.

7) Consultez la Lettre N^o. 1754.

8) Voir la pièce N^o. 1747.

9) Voir les Lettres N^os. 1693 et 1716.

10) Voir la pièce N^o. 1696.

11) Voir la pièce N^o. 1704.

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Il taschera de considerer vos regles sur ce sujet plus particulierement qu'il n'a fait, et vous en dira, peut estre, ses pensées.

J'ay vû Monsieur du Bois de la Mothe¹²⁾, mais ce n'a esté que depuis peu. Ie vous rends graces de m'auoir donné la conoissance d'une personne, qui, quoy que ieune, fait voir beaucoup d'esprit et grande douceur dans la conversation. Je tascheray de luy tesmoigner, combien i'estime l'honneur de votre recommendation, et les merites de l'un et de l'autre.

Le premier volume¹³⁾ de Monsieur Wallis touchant le Mouuement et la statique sera achevé d'imprimer dans l'espace d'un mois, si ie ne me trompe fort, et sera exposé en vente sans qu'on attende la sin du reste. Et ie croy, que dans 15. iours on aura aussi inprimé Les Lecons Optiques de Monsieur Barrow¹⁴⁾, Professeur és Mathematiques à Cambridge; qui a encor quantité d'autres belles choses, qu'il a meditees, aupres de luy que nous tascherons aussi de tirer de luy, qui a la reputation d'estre fort scavant dans toutes les parties de la Mathematique.

Je seray bien aise de scauoir au plustost, s'il vous plait, que vous ayez receu celle-cy de

Monsieur

Vostre treshumble et tresaffectionné seruiteur H. Oldenburg.

A Londres le 7 Octobre 1669.

A Monsieur Monsieur Christian Huygens de Zulichem, dans la Bibliotheque du Roy

à

Paris.

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12) De Cahideux, comte du Bois de la Motte, était père de l'amiral Emmanuel Auguste.

13) Voir l'ouvrage cité dans la Lettre N^o. 1702, note 8.

14) Ouvrage dont la troisième édition a le titre:
Lectiones Opticae & Geometricae in quibus PhaenomenΩn opticorum Genuinae Rationes investigantur ac exponuntur. Et Generalia Curvarum linearum Symptomata declaruntur. Auctore Isaaco Barrow, Collegii S.S. Trinitatis in Academia Cantabr. praefecto, et Societatis Regiae Sodale. Londini, typis Guilielmi Godbid, & prostant venales apud Robertum Scott, in vico Little Britain. 1674. in-4^o.
La première Edition est de 1661; la deuxième de 1670.