Oeuvres complètes. Tome VI. Correspondance 1666-1669

N^o 1698.
H. Oldenburg à Christiaan Huygens.
21 janvier 1669.

La lettre se trouve à Leiden, coll. Huygens.

A Londres le 11. janvier 1669.

Monsieur,

Par le dernier ordinaire ie vous envoiay¹⁾ la Theorie du mouuement, faite par Monsieur Wren²⁾, come il l'auoit presentée à la Societé Royale le 17^me de Decembre, apres que Monsieur Wallis leur auoit exhibé la sienne³⁾ au mois de Novembre precedent. Jeudy dernier⁴⁾ vostre lettre et vos autres papiers⁵⁾ touchant le mesme sujet furent leus en pleine Assemblee; ce qui efstant fait ie fus commandé d'abord, de vous remercier tres affectueufement de la bonté, que vous leur auez

1) Consultez la Lettre N^o. 1695.

2) Voir la pièce N^o. 1696.

3) Voir la pièce N^o. 1704, qui fut présentée par Mr. Oldenburg à la Société Royale dans la séance du 26 novembre 1668 (V. st.).

4) Dans la séance de la Société Royale du 7 janvier 1668/69 (V. st.).

5) Voir la Lettre N^o. 1692 et l'Appendice N^o. 1693.

[p. 352]

tesmoignée en leur faisant part de vos belles meditations sur vne matiere si importante à la Philosophie; et de vous assurer au mesme temps, qu'ils auront un soin particulier, non seulement de faire enregistrer vos communications, mais aussi d'en recommander la consideration à ceux de leur corps⁶⁾ qui ont travaillé et qui travaillent encore sur la mesme matiere, à fin d'en faire rapport à la Societé, et comme aussi pour satisfaire au defir, que vous tesmoignez de scauoir le sentiment de nos Philosophes sur cete Theorie là. Nous esperons, puisque il y a astheur tant de beaux Esprits, qui s'occupent dans vn si beau sujet, que cete matiere sera enfin solidement digéree et parfaitement establie; et nous souhaitons, que chacun de ceux, qui s'y appliquent, y apportent vne telle disposition, qui veuille conferer les labeurs des autres auec les siens à l'amiable et sans prejugé, pour quiter tout ce qui sera trouué contraire à la raison, et pour reconoistre et embrasser la verité par tout où Elle se presentera.

Quoy que i'aye desia vû ce que Monsieur Gregory a respondu⁷⁾ a ce que vous auez fait inprimer dernierement⁸⁾ contre luy, il n'y en a pourtant rien d'inprimé encore, et ie ne scay pas, si on le trouuera à propos⁹⁾, d'inserer cete response (qui est en latin, et fait 4. pages escrites à la main datée le 15 Decembre) dans les Transactions, vû que nous voudrions plustost estouffer que nourrir ces fortes de disputes entre deux personnes, qui sont et l'un et l'un et Membres de nostre Societé. Je ne doubte pourtant pas que Monsieur Gregory ne face inprimer fa replique par vne autre voye, que l'on ne pourra prevenir. Cependant il eft bien plus moderé dans cete derniere piece, que dans les precedentes¹⁰⁾, et ne fait prefque rien que de raifonner à fa mode, fans faire beaucoup de reflexion à ce qui eft perfonel. S'il y ait eu aucune chose inprimee, qui vous concernast, dans les dernieres Transactions, ie n'eusse pas manqué de vous l'auoir envoyee. le Chevalier Moray, si ie ne me trompe fort, vous dira son sentiment¹¹⁾ de toute la contro-

6) This letter and the other papers being read, it was ordered also that copies should be made of those papers [voir la Lettre N^o. 1692, et l'Appendice N^o. 1693], and given to such members of the Society as had considered that subject, viz. the president [Lord Viscount Brouncker], the bishop of Sarum (Salisbury, siège alors occupé par Seth Ward), Dr. Wallis, Mr. Pell, Dr. Wren, Mr. Neile, Dr. Croune and Mr. Hooke. D'après les comptes rendus des séances ultérieures des copies furent délivrées, au Président le 21 janvier, au Dr. Wren et Mr. Colwall le 28 janvier, à Mylord Brereton pour Monsieur Pell et à Monsieur Neile le 4 février 1668/69 (V. st.).

7) Sur cette réponse de James Gregory, datée du 15 décembre 1668 (V. st.), voir la Lettre N^o. 1682.

8) Consultez la Lettre N^o. 1669.

9) L'insertion fut décidée dans la Séance du 1^er février 1668/69 (V. st.). Consultez la Lettre N^o. 1682, note 1.

10) Consultez les Lettres N^os. 1653 et 1684.

11) Consultez la Lettre N^o. 1708.

[p. 353]

verse; et vous vous pouuez assurer, que la Societé Royale conserue toute l'estime pour vous, que vous meritez, come ie fais de mesme, qui suis

Monsieur

Vostre treshumble et tresaffectionné serviteur

H. Oldenburg S.R.S.

A Monsieur

Monsieur Christian Hugens de Zulichem
dans la bibliotheque du Roy à

Paris.