Oeuvres complètes. Tome IV. Correspondance 1662-1663
(1891)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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No 1080.
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ments assez brusques et irreguliers, que je ne doute point qu'elles ne resistent aussi à ceux d'un navire agitè. De la justesse qu'elles garderont sur mer, nous n'en pourrons bien juger que par l'experience: mais cependant par ce que j'en voy icy, j'ay subject d'en bien esperer. Le mal est que Monsieur Brus ne passera pas d'icy en Escosse comme il avait fait estat du commencement, de sorte que cette experience ne se fera pas encore si tost si ce n'est qu'il trouue quelqu' autre qui soit assez intelligent pour le faire pour luy. L'on m'a escrit de ParisGa naar voetnoot5) que dans vostre Academie on examinoit les propositions de 4 personnes qui pretendent d'auoir trouuè le secret des Longitudes, de plus que le President de cette AcademieGa naar voetnoot6) a fait faire un petit vaisseauGa naar voetnoot7) qui tourne comme un cheval, et que sur ce modelle le Roy vouloit faire bastir une fregatte pour veoir si cela voudra reussir en grand. Et de tout cela vous ne me dites mot. Voila pour quoy je ne vous diray pas aussi comment j'ay ajustè ma machine du vuide en sorte que la pompe ne se gaste jamais, quelque long temps que je la laisse reposer, mais vuide tousjours aussi bien d'air, comme si elle estoit couchée soubs l'eau (ainsi que j'ay apprisGa naar voetnoot8) que Monsieur Boile a mis la siene) et sans qu'il y ait pour cela plus d'embaras qu'auparavant. Je me souviens a propos de cecy que je doibs encore response a une lettre de Monsieur BoileGa naar voetnoot9), qui s'adresse a vous, et qui a pour suject les remarques qu'en escrivant a vousGa naar voetnoot10) j'avois avancees en passant touchant quelques passages de son livre contre Linus. Je ne diray rien a tant de choses obligeantes qu'il escrit pour moy dans cette lettre pour ne m'engager pas a luy vouloir rendre la pareille, car je scay que je ne m'en demeslerois pas bien; et d'ailleurs je le croy superflu par ce que vous n'ignorez pas ni Monsieur Boile luy mesme quelle grande estime j'ay pour luy et pour les moindres choses qu'il produit. Pour les points qui y sont traitez, je n'ay pas aussi beaucoup a m'estendre dessus. Le premier est touchant l'hypothese des petits corps qui composent l'air. La quelle est si bien expliquee par l'autheurGa naar voetnoot11) dans sa lettreGa naar voetnoot12), que vous m'avez envoièe que si j'y ay apportè (car je ne m'en souuiens point) quelque autre difficultè à l'encontre, outre celle que j'avois d'admettre un mouuement interieur et inherant aux corps, je croy que j'ay eu tort. mais cette supposition quoy qu'authorisèe par Epicure me semble tousjours fort peu recevable. | |
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Quant a l'experience du tuyau de Linus ouuert par les deux bouts, qu'il dit s'attacher au doigt, quand on le remplit de Mercure et qu'on l'enfonce dans la mesme liqueur par le bout d'en bas, je croy qu'il est superflu d'en disputer tant qu'on n'aura pas essayè ce qui en arrive en effect. Cependant je suis fort trompè si en faisant la dite experience, il ne s'observe ce que je m'en vay dire. C'est que si on laisse enfoncée dans le Mercure une moindre partie du tuyau de verre que celle qui s'y tiendroit lors qu'on feroit nager le cylindre seul dans le Mercure se tenant debout, qu'alors estant mis en libertè, il quitera le doit sans s'y attacher aucunement si ce n'est toutefois l'enflure du doigt, dont vous parlez, qui puisse contribuer a cet effect: mais si une plus grande partie du verre est couverte du mercure vous scauez que cettuicy poussera le verre vers en haut, et par ainsi il pourra se tenir attachè contre le doigt. En dernier lieu Monsieur Boile parle de l'experience que cy devant j'ay faite avec de l'eau purgée d'air, qui ne descend pas du tuyau apres que l'air est tirè hors du recipient. Mais par ce qu'il ne touche point certaines particularitez fort remarquables que je vous ay contees dans une description assez ample de cette mesme experience (la quelle descriptionGa naar voetnoot13) je n'ay aussi jamais bien sceu si vous l'avez receue) j'ay suject de croire qu'alors au moins il n'en avoit pas veu la communication. Car en considerant les dites particularitez et entre autres, comment l'eau descend du tuyau lors que la moindre petite bulle y monte, avec ce qu'on en peut deduire, l'on reconnoit assurement que ce ne scauroit estre l'air restè dans le recipient qui en empesche la descente auparavant. Vous m'apprendrez s'il vous plait ce qui en est, car autrement je serois bien aise que Monsieur Boile vit cette petite histoire. Je vous prie de luy presenter mes respects et de croire que personne n'est plus parfaitement que moy
Monsieur
Vostre tres humble et tres obeissant seruiteur
Chr. Huygens.
Ne vous scandalisez pas de l'encre qui s'est versè sur cette lettre.
A Monsieur
A
Londres. |
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