Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684

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N^o 2234.
Susanna Huygens à Christiaan Huygens.
6 décembre 1680.

La lettre se trouve à Amsterdam, Bibliothèque de l'Université.
Elle fait suite au No. 2233.

A la Haije le 6^me Decembre 1680.

C'est a mon grand regret mon cher Frere que i'apprens par la Lettre de Juffrouw La Court que vous ettiez un peu incommodé de Douleur ou des chaleurs dans la Teste, mais comme Elle me dit qu'autrement vous vous portiez bien J'espere d'apprendre bien tost, que vous ne vous plaignez plus de rien. J'aij bien ma part quelque fois de la migraine et je plains plus que Personne ceux qui souffrent des Pareilles incommoditez. J'aij envoijé vos Provisions a Monsieur de Hertoge a Rotterdam, il ij a plus de dix ou douze jours, et comme il avoit Mendé a sa soeur, qu'il ne manquoit point d'occasion, de les envoijer a Rouen, je ne doutte pas ou vous les rescevrez bien tost. je vous envoije la Memoire icij jointe de ce qu'il ij á dans le Balot, et ce qu'il a cousté. J'espere que vous en serez satisfait et qu'une autre fois vous me voudrez bien honnorer de vos Commissions. mon Pere me Paijera ce qu'il ij manque a L'argent, de vostre Rente a vie. je ne doutte pas, ou vous serez satisfait de la Piece de Toile que je vous envoije, aussi me semble Elle belle et fine pour son Prix. mon Pere ne se trouve plus tant incommodé, de ce Bourdonnement dans la Teste. il se garde un peu du Froid, le soir sur tout, suivant le Conseil des Medecijns, et de ces Amis. mais s'il me vouloit croire il feroit mettre plus des Cheveux, a sa calotte. mais il n'en veut rien faire jusques astheur. il ij a quelque temps qu'il avoit la bonté, de nous regaler d'un Consert de sa Theorbe. de la qu'elle il accompagnoit, juffrouw Catrijn Smits¹⁾. Elle garde encore sa belle Methode de Chanter, mais Elle n'apprend rien de nouveau. Son Inocent de Marij ij estoit aussi, qui Jouoit quelque Pieces sur le Clavecing; vendredij passé nous fusmes regalez en bonne Compagnie chez le Frere de Zeelhem c'est qu'il avoit perdu une Gagure depuis longtemps, a Madame Boreel, la qu'elle se devoit Paijer, avec des huitres. ce qui ce fist emplement il ij avoijent outre cette Dame et son Bon Marij Monsieur et Madame Caeuw, de Hulst²⁾, le Cousijn Eeck³⁾ et sa chere motié.

1) Catharina Smits, que l'on rencontre dans la correspondance de Constantyn Huygens, père. C'était une femme d'une réputation douteuse et qui a joué un certain rôle dans le grand monde. Elle paraît encore avoir ensorcelé le vieux Rheingraf von Salm, de sorte qu'il était même question d'un mariage. Voir le Journal de Constantyn Huygens, fils (Lettre N^o. 2147, note 16), au Tome I, pp. 132 et 133.

2) Roeland Cau, grand-bailli de Hulst (voir la Lettre N^o. 1215, note 15), avait épousé Antoinette Schade van Westrum, fille de Willem Schade van Westrum et d'Aemilia van Kinschot. Elle mourut le 22 avril 1703.

3) Sur Sicco Eeck et son épouse, voir la Lettre N^o. 1162, notes 7 et 8.

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le Cousijn Dewilm et sa soeur Ainée, et encore le Philosophe Heemskerck⁴⁾, et mon Marij et moij. Tootie Schadé est encore du mesme Humeur, qui nous l'avons connue il ij a vingt et cinq Ans. et cest fort bien conservée, quoij qu'elle a desja un Grand Garcon de la Taille de son Pere, et une Fille, qui est bien Jolie et qui est L'ainee de ses Enfens. toutte la Compagnie, estoit de bon humeur et l'on se resjouissoit jusques a deux heures apres minuit. apres qu'on avoit mangé, des huittres en une grande quantité nous trouvasmes dans une autre chambre un Ambigu fort bienordonné, et Appretté et mesme magnifique. vous scavez que ma soeur geen struijf om een Eij sal bederven⁵⁾. hijer au soir nous avons eu une semblable resjouissence chez Madame Brasser, la Compagnie estoit un peu moins grande, mais la Dame nous regala de la belle magniere. Elle me demende tousjours de vos nouvelles et m'a recommendée, une fois pour touttes, de vous faire ses baisemains. toutte nostre Famille se portte encore bien. Dieu vous veuille rendre vostre santé parfaitte. n'oubliez pas je vous prie, de nous faire scavoir en qu'el Estat vous voús trouvez. Adieu mon cher Frere mon Marij vous salue tres humblement. par occasion je vous prie de faire mes baisemains a la Famille de la Cousine Caron. dittes moij je vous prie si Monsieur de Slijdregt ne se void pas a Paris. et si vous n'avez pas ouij parler de Monsieur Drost⁶⁾.

4) Coenraad van Heemskerk; voir la Lettre N^o. 2159, note 4.

5) Traduction: ne gâtera pas une omelette pour un oeuf.

6) Coenraad, Baron Droste; voir la Lettre N^o. 2152, note 11.