Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684

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N^o 2229.
Susanna Huygens à Christiaan Huygens.
26 septembre 1680.

La lettre se trouve à Amsterdam, Bibliothèque de l'Université.
Elle fait suite au No. 2224.

A la Haije le 26 Septembre 1680.

Jusques astheure J'aij esperé de vous voir icij mon cher Erere avant que L'etté se passeroit, mais je voij bien que ce n'est pas vostre intention, depuis que vous avez laissez partir nos Ambassadeurs¹⁾, sans vous servir de cette occasion; quoij que si vostre dessein estoit encore de venir, je scaij bien, que vous ne manqueriez pas de Compagnie si vous en cherchiez je [vous] prie ditte moij si nous n'aurons pas l'[avantage] de vostre Presence pour c'est hijver, aussi i'aime mieux de le scavoir ce qu'il en será que de m'en Flatter, et qu'apres, il n'en arive rien. nous avons veu de retour icij Monsieur de Vrijberge²⁾, et toutte sa Famille, ils ont bien surpris leurs Amis: lors qu'on disoit, que leur voijage alloit jusques a Paris; n'aijant parlé que d'aller a Bruxelles. ils sont fort satisfaits de leur Promenade, a ce que j'entens. et de toutte les Civilitez resceues par tout. je croij que je ne serois pas moins, si i'avois un jour le Plaisir, de faire ce voijage. je n'en veux pas encore defesperer, que scaijt on ce qui pouroit ariver encore. le Cousijn de Leeuwen se Prepare pour faire un troisiemme Voijage en Engleterre. ce qui n'est pas une petitte Fatigue pour un homme, comme luij, qui est si sujet a des si grandes incommoditez de la Goutte et de la Gravelle, cependant on le semble juger nessesaire, qu'il Accepte cette Commission pour le bien Public, vers le temps que le Parlement s'assemble. il prend ses Filles Ainées avec luij, lesquelles parlent L'Anglois, que cela est surprennant. mesme a mon Pere, qui s'en estonne tousjours qu'elles s'expliquent en cette langue, comme en Flamend. la Joije de ces Filles est grande de pouvoir fair ce retour, avec Monsieur leur Pere, car a ce que je puis voir, elles ont quitté ce Paijs avec grand regret: de windt isser al vrij wat in van de Ambassade³⁾. il ne prend autre Caractere cette fois cij que D'envoijé Extraordinaire, mais il aura tousjours le Choix D'Ambassadeur Extraordinaire s'il veut. nous avons quitté nostre Clingendael, depuis huit ou dix jours, a cause d'une Petitte indisposition, qui m'ettoit survenue un peu subitement, mais Graces a Dieu je me porte mieux astheur, et j'espere qui si le beau temps continue, que nous ij irons encore passer quelque jours, pendant le Vinketijt⁴⁾. il ij a si grand Changement a Clingendael, depuis que vous n'ij avez pas etté, que cela vaut un Voijage Expres. j'ose croire que vous ne desapprouverez pas ce qu'on ij a fait.

1) Voir la Lettre N^o. 2147.

2) Voir la Lettre N^o. 1396, note 5.

3) Traduction: elles sont déjà tout en l'air, de cette Ambassade.

4) Traduction: saison de la chasse aux pinsons.

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mon Marij est allé faire un Tour en la Nort Hollande, pour des Affaires Particulieres, et pour voir en passant les belles Maisons, qu'il trouverá, sur cette Route. il pretend de passer le Beemster, en revenant. on dit Merveilles d'un beau Lieu que Monsieur Reijgersberge⁵⁾ a lá. et de beaucoup d'autres. mais c'est peu de chose pour vous, qui voijez bien d'autre beaux Lieux, si ce n'estoit, que cette belle Maison de Virij et ce qui en depend. du quel vous Jouissez si souvent agreablement, comme s'il vous appartenoit.

mon Pere commence a se trouver mieux, ce Bourdonnement du qu'el il a etté incommodé si long temps⁶⁾, dans la Teste diminue de temps en temps. il en sembloit si Abbattu que cela me causá des grandes inquietudes. je croij bien tost il aura une visite du Frere Drossart, et sa Femme, ils trouveront assé de Place pour ij pouvoir Loger. c'est une chose casi ridicule lors qu'on songe que mon Pere et ma soeur de Zeelhem avec son Enfent unique, occupent deux si grande Maisons. astheur que le Frere est Partij avec son Altesse, comme cela arive bien souvent, je croij que la bonne Femme se trouve bien solitaire. de ma vie je n'ay veu la Haije si desertte comme Presentement. Madame Brasser revient ce soir d'un Voijage qu'elle a fait a Aix, avec d'autre Compagnie. a vous dire le Vraij je n'aij point d'opinion de son Mariage, avec ce Major. on dit que depuis qu'Elle a esté Absente, il void souvent une jeune veufve de Nobelaer, Fille de Monsieur de Valkenbourg⁷⁾. Adieu mon cher Frere je vous souháitte continuation de santé, toutte nostre Famille se portte bien a vostre service. Je vous prie de saluer de ma part Mademoiselle La Court. J'aij resceu la Boitte et le Pacquet pour Mademoiselle Cureu. je remercie fort Mademoiselle la Court de la Graine de Fleurs, qu'elle m'envoije. l'autre Pacquet je l'aij addresse la ou il faut.

5) Probablement Jan van Reygersbergh, conseiller de l'amirauté à Amsterdam.

6) Voir la Lettre N^o. 2226.

7) Voir la Lettre N^o. 2186, note 8 et 9.