Oeuvres complètes. Tome VIII. Correspondance 1676-1684

N^o 2217.
Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens.
1^er mars 1680.

La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.

A Paris ce 1 Mars 1680.

Vous me faites grace de ne me reprocher pas autrement que vous ne faites d'avoir esté si longtemps sans vous escrire¹⁾, mais vous me feriez tort si vous croyez que ce fust manque d'affection. J'apprens par fois de vos nouvelles par mon pere et quand je n'en apprens point je suppose que vostre famille et vos affaires sont en bon estat et comme je les souhaite. Mon pere vous aura mandè comme ces jours passez j'ay estè malade d'une apostume au front accompagnée de fievre, dont dieu mercy je suis maintenant gueri, et j'espere que par la ces malignes humeurs qui me causoient si souvent des maux de teste se seront en partie dissipées. Au reste pendant ma maladie qui a durè pres d'un mois je resolus bien fortement d'aller faire un tour en la patrie et mon pere et ma soeur²⁾ me le demandent aussi de leur costè;

1) La dernière lettre de Christiaan Huygens à Lodewijk Huygens que nous connaissions est le N^o. 2141; elle est datée du 14 octobre 1678.

2) Voir les Lettres N^os. 2210 et 2215.

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je suis encore dans le dessein de faire ce voyage à ce printemps, mais il faudra attendre que Monsieur Colbert soit de retour, pour avoir congè et paiement de ce qui m'est deu.

J'apprens avec bien de la joye que vous commencez a vivre avec un peu plus de satisfaction que par le passè parmi vos brouillons de Gorcum³⁾, et sur tout de ce que Mr. le Prince a disposè de la magistrature de la maniere que vous l'aviez souhaitè, dont il semble que vous tirez avec raison la consequence en vostre faveur.

Je vous envoie la description imprimée de mon niveau⁴⁾, ayant fait tirer des exemplaires pour moy, apres l'impression du Journal des Sçavants. J'ay fait executer avec succes cette invention avec des lunettes de 2 pieds a un convexe oculaire, et d'un pied avec 3 oculaires, pour voir les objects droits. Il ne se peut rien souhaitter de plus exact ni de plus commode, et je pretens mesme qu'il n'y a point d'autre niveau dont on se puisse servir avec seuretè que cettuycy. Si vous pouvez avoir des verres, vous pourriez en faire faire un, mais si vous n'osez l'entreprendre, il faut attendre que vous ayez veu le mien que j'apporteray avec moy.

Si a vous digues vous avez besoin d'un nivellage fort precis, il n'y a point de doute que vous en tirerez de bons services.

Je souhaite toute prosperitè a Madame la drossarde en l'estat ou elle est, et si, contre ses souhaits comme je crois, elle accouche d'un quatrieme fils, je m'offre a ce que vous m'aviez demandè a sa precedente grossesse⁵⁾, si ce n'est que vous ayez d'autres desseins⁶⁾. Je vous envoieray les ciseaux que vous demandez par la premiere occasion qui se presentera. Pour ce qui est des assietes d'argent j'en viens de peser une de chez m. de Carcavy, qui pese justement une livre, mais on en fait aussi de plus legeres. Son demi diametre est comme cette plus longue ligne. la largeur du bord comme l'autre, et c'est la proportion ordinaire.

A Monsieur

Monsieur Hugens de Zulichem Grand Bailly de Gorcum et du païs d'Arckel, A Gorcum.

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3) Consultez la Lettre N^o. 2123, note 2.

4) Voir la pièce N^o. 2212.

5) Voir la Lettre N^o. 2141.

6) Le 19 avril, l'épouse de Lodewijk accoucha d'un fils qui reçut le nom de Christiaan. L'enfant ne vécut que trois jours.