Oeuvres complètes. Tome VII. Correspondance 1670-1675
(1897)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 1922.
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n'aurais pas donnè cette invention comme venant de moy, si ce n'est en ce que j'y puis avoir adjoustè. mais par malheur pas un de nostre academie ne se souvint qu'on eust jamais pensè de telle chose, lors que j'y portay mes barometres. Et ce ne fut que 15 jours apres q'ils eussent estè publiées dans le journal que M. Mariotte receut cet avis dans la lettre d'un de ses amis. Je feray mettre dans le prochain JournalGa naar voetnoot4) comme je ne pretens dorenavant que tres peu de part a cette invention, n'y ayant rien que j'abhorre d'avantage que de m'attribuer ce qui appartient a d'autres. Et quoy que la construction de M. des Cartes ne puisse pas reussir, a cause que l'eau fournit peu a peu de l'air dans le vuide, j'avoue pourtant qu'il n'estoit pas fort difficile, a qui auroit sceu la pensée de trouuer l'autre construction que j'ay donnée. Je ne scay si vous aurez ouy parler d'un hommeGa naar voetnoot5) qui soustient effrontement que c'est de luy que j'ay pris ce qu'il y a de meilleur dans cette invention et qu'il y a deux ans qu'il l'avoit proposée dans nostre Academie. Il a mesme osè le faire imprimer ayant trouvè de gens qui luy ont aidè a escrire. Et quoy que l'Intendant de la Police ait fait saisir les Exemplaires, je ne doute pas qu'on n'en ait trouuè quelqu'un pour vous l'envoier. Je n'ay vu de ma vie une impudence pareille a celle de ce fol, car il est reconnu pour tel, et une quantitè de propositions extravagantes, qu'autrefois il nous est venu faire le tesmoignent assez. Pour le barometre qu'il proposa il y a plus de 3 ans, ce n'estoit rien que le barometre ordinaire, qu'il avoit prolongè par en haut en l'inclinant, comme scavent plusieurs de nos Messieurs, mais l'on ne trouua pas que cela deust produire | |
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grand effect, et avec raison. Que s'il avoit eu des lors l'invention du barometre composè, il est bien croyable qu'il n'auroit pas manquè de le produire pendant tont ce temps, et d'autant plus que c'est le mestier de son pere de travailler a ces sortes de curiositez, cependant des gens comme cela trouvent des personnes qui les soustienent parce qu'il ne manque pas des envieux a nostre Academie et a moy en particulier. Et je vois qu'il ne est de mesme chez vous a l'egard de la Société Royale. La pensée du barometre qui n'est que de vif argent et dont le tuyau fait plusieurs retour par en bas, qui est dans l'escrit de l'homme, dont je vous ay parlè ne paroit pas mauuaise, mais elle ne reussit pas bien, par ce que le vif argent se separe et laisse de grandes parties derriere. C'est pourquoy j'ay fait faire un tel tuyau serpentant a un barometre de ma seconde construction, en sorte que ces retours commencent apres la seconde boete, et cela avec de l'eau au lieu du vif argent parce qu'elle suit parfaitement bien et se meut avec beaucoup plus de libertè que le mercure. Je vous remercie de l'extrait de la derniere lettre de M. Sluse, mais ayant enfermè quelque part les autres pieces qui appartienent a cette Exercitation sur le Problème d'Alhazen, ou je ne scaurois les trouuer a cet heure, je ne vous en diray rien, sinon que je veux croire que M. Sluse a pleinement satisfait au doute que j'avois. Et que je serois tres faschè s'il y a eu quelque chose dans mes precedentes lettres dont il aurait estè mal satisfait. Je ne scay ce que ce pourroit estre parce que pour la pluspart je n'en ay pas gardè des copies, mais si la chaleur de la contention (quoy que dans celle cy je ne scache pas d'en avoir eu aucune) m'a fait avancer quelque chose qui luy ait peu deplaire je le puis asseurer que cela me deplait beaucoup plus a moy mesme. Car j'estime trop son amitiè pour souffrir que pour des choses de si peu elle fut alterée ou diminuée en aucune façon. Vous verrez dans le livre que je fais imprimer si parmy les scavants Geometres de ce temps je ne le compte pas parmy les premiers, comme assurement il meriteGa naar voetnoot6). Pardonnez a ma prolixitè et croiez que je suis tres veritablement
Monsieur Vostre tres humble et tres obeissant seruiteur Hugens de Zulichem. A Monsieur Monsieur de Grubendol à Londres. |
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