Oeuvres complètes. Tome VI. Correspondance 1666-1669

N^o 1618.
Christiaan Huygens à [Lodewijk Huygens].
6 janvier 1668.

La lettre et la copie se trouvent à Leiden, coll. Huygens.

A Paris ce 6 Janvier 1668.

Je ne scay pas si vous estes de retour de Zuylichem, mais je le souhaite, afin que vous puissiez aider Monsieur de Gent¹⁾ de vos avis en ce qui regarde l'essay des horologes qu'il s'est proposè de faire. L'on en fera bientost autant icy²⁾ comme je pense vous avoir desia mandè³⁾. Un homme qui a estè avec Monsieur de Ruijter a son voiage de Guinée et Terra Nova⁴⁾ a dit a Thuret⁵⁾, que dans son vaisseau il avoit eu une Pendule, mais a ce qu'il a pu comprendre elle n'estoit point suspendue; aussi ne s'en estoit ils pas servi fort utilement au rapport de cette personne. Si vous en pouuiez scavoir plus de particularitez j'en serois bien aise; et peut estre j'en apprendray par le moyen du Sieur de Mortagne⁶⁾ que mon Pere dit devoir accompagner Monsieur van Beuningen⁷⁾. Il y a d'autres gens icy qui se disent avoir l'invention des Longitudes, et en ont parlè a Monsieur Colbert. Monsieur van Gangel⁸⁾ est un des Interessez, quoi qu'ignorant encore le secret, qu'il dit estre trouuè

1) L'amiral W.J. van Gent, croyant devoir faire bientôt un voyage de guerre, avait proposé à Chr. Huygens de l'accompagner. Consultez la Lettre N^o. 1614, note 3.

2) Consultez la Lettre N^o. 1623.

3) Dans la Lettre N^o. 1614.

4) De Ruyter a fait ce voyage en 1665.

5) Thuret était horloger à Paris.

6) Henri de Mortagne était attaché d'ambassade et fut souvent adjoint aux envoyés politiques des Provinces Unies.

7) Koenraad van Beuningen, revenu le 12 octobre 1667 de Paris où il avait été depuis décembre 1664, fut de nouveau envoyé à Paris comme ambassadeur extraordinaire le 26 janvier 1668, avec la mission de contribuer au rétablissement de la paix entre la France et l'Espagne. Il partit le 11 février, mais, par suite de divers contretemps, n'arriva à Paris que le 27 février.

8) Van Gangel était banquier à Paris. Consultez la Lettre N^o. 239.

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par des gens en Hollande. Pcut estre auront ils fait la proposition a Messieurs les Etats aussi bien qu'icy, ce que je vous prie de scavoir.

Ils parlent de leur Invention comme d'une chose nullement douteuse, et ne semblent estre en peine seulement, que de quelle maniere ils feront bien leur traitè avec le Roy pour leur avantage et assurance. Ils demandent 50 mille escus une fois et 10 mille livres de rente.

Vostre invention de l'arc ne feroit pas l'effect que vous pensez en y suspendant une horologe. J'ay bien songè cy devant a quelque chose de semblable, mais je scay que le chocq d'un vaisseau ne peut estre si subit qu'il soit besoin d'y chercher remede, je dis pour celuy de haut en bas.

Pour l'employ que vous donnez aux arcs dans vos Carioles, je vous ay dit cy devant⁹⁾, pour quoy je croiois qu'ils ne plieroient pas bien. I'ay songè depuis qu'il vaudroit mieux attacher sur vostre aissieu deux flesches pliantes AB, et deux autres CD, un peu plus haut, appuiees sur ces premieres par les pieces CA, DB. Et la chaise sur les flesches CD. Vous auriez par ce moyen un pliement double car les flesches de dessus et dessous plieroient librement toutes deux se courbant comme dans cette figure. Vous y pourrez penser et en entendre l'avis du frere de



Moggershill¹⁰⁾ Surintendant des Carosses.

9) Consultez la Lettre N^o. 1616.

10) Philips Doublet, leur beau-frère.