No 239.
Christiaan Huygens à Constantyn Huygens, pere.
15 octobre 1655.
La minute se trouve à Leiden coll. Huygens.
A Paris 15 Octobre 1655.
Monsieur mon Pere
Je responds a la vostre du 7eGa naar voetnoot1) qui nous a estè rendue hier au matin en quoy je trouve estrange que la poste met tousjours plus de temps a revenir qu' a s'en aller en de là. le soin que il vous plait de prendre à nous introduire chez les gens de condition m'obligeroit à vous en faire des remercimens si je n'estois bien asseurè que vous jugez plus favorablement pour ce qui est de ma recognoissance que de ce que j'ay de complaisance exterieure. Toutefois en nous ordonnant tant des visites je vous prie de ne vous point estonner de la despense que nous faisons estant chose certaine que pour hanter les hommes de qualitè il en faut passer par là. Il vous plaira donc de nous pourvoir au plustost de quelque billet à Monsieur van GangelGa naar voetnoot2) et de croire que nous en avons grand besoin, puis que le contenu du dernier s'en est allè pour la pluspart à nous habiller et nourir, et qu'à peine le reste pourra suffire pour 15 jours. Monsieur Tassin et d'autres qui nous verront icy vous pourront asseurer que nous sommes assez bons menagers, n'estans pas mieux habillez que chez nous ny ne faisant pas plus grande chere. Et pourtant si ces frais vous semblent monter trop haut, il faudra bien nous faire revenir. Je ne demande que de voir cette cour, qui arrivera bien tost, pour en scavoir faire quelque rapport a mon retour. Au reste pour ce qui est du sejour de Paris je croy bien que tant que j'y demeureraij d'avantage et plus je profiteraij de la conversation des gens de cette nation. mais pour revenir tout autrement faict que je n'estois en partant, je ne scay si lon le jugera. pour moy je ne m'appercois pas de ce changement, du quel il en est peut estre de mesme, que quand on croit en grandeur. Hier nous avons esté
regalèz par Monsieur de Chamboniere, lequel nous avions este veoir quelques jours auparavant. Il nous vint querir avecq son carosse, et premierement nous mena a l'assemblee des honestes curieux qu'il a instituè luy mesme comme je vous aij mandè cy devantGa naar voetnoot3). de la nous vinmes chez luy, ou il joua du clavecin, admirablement bien. Et nous retint à souper en compagnie de quelques autres Messieurs et dames. entre autres estoit sa soeur qui a espousè la marquiseGa naar voetnoot4) de Lucerne en Piedmont. Je n'ay pas le loisir de vous faire une