Oeuvres complètes. Tome V. Correspondance 1664-1665
(1893)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 1254.
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Maisons. S'il y a rien dans tout vostre Païs qu'il faille conseruer c'est sans cajolerie vostre Personne à cause du merueilleux talent que le Ciel a mis en vous pour les Mathematiques en ce qu'elles sont vtiles a la Société. Vous m'aués bien resjouy en m'assurant que cette retraitte bien loin de nuire a vos Estudes, vous donneroit plus de commodité de les auancer; cela veut dire que vous y aués fait porter vos Liures et les Instrumens necessaires a vos Obseruations et Experiences, qui sont sans doute la meilleure et la moins dangereuse Compagnie que vous puissiés maintenant trouuer. Je pense que vous ne quiterés ce poste qu'apres qu'il aura gelé a glace et que le venin sera, ou entierement esteint, ou du moins assés reprimé pour nen craindre rien. Cependant vous vaquerés a vos Speculations tout à loysir et sans les distractions ineuitables dans les villes où lon est connu, et nous en verrons les fruits dautant plus agreables qu'ils auront pu plustost se meurir et nous estre plustost communiqués. Mais Monsieur, quest ce donc que cette nouuelle sorte d'horlogeGa naar voetnoot3) que vous aués inuentée et quel auantage pourra t elle pretendre par dessus vostre Pendule. Ie vous auoue que j'ay vne fort grande impatience que vous m'expliquiés cela pour ma joye et pour vostre honneur. Nous auons icy Monsieur VossiusGa naar voetnoot4) qui parle de vous comme je fais, et qui vous regarde comme vn ornement de sa Patrie. Ie l'ay veu en peine du succes des Pendules a la mer, sur ce que l'air y estant plus inegal quil ne l'est en terre selon que le temps est trouble ou serain, il est à craindre que les vibrations du Pendule ne soient plus estendües ou plus serrées et par consequent plus lentes ou plus vistes selon le plus ou le moins de resistance quelles rencontreront dans l'espace ou se fera leur mouuement. Vous me manderés s'il vous plaist ce que j'auray a respondre sur cette obiection. Pour Monsieur de Fermat c'est assés que vous luy ayés escritGa naar voetnoot5) pour me persuader qu'il sera demeuré content de vous; car quand vous auriés mesme desapprouué son sentiment sur le Probleme qu'il vous auoit proposé, il seroit blasmable s'il vous scauoit mauuais gré, n'y ayant rien qui doiue estre si libre que les pensées, ni qui soit plus du droit commun de la conseruer independante de celle d'autruy. I'attens ce qu'aura tesmoigné ce meschant Capitaine Holmes de l'effet de vos Pendules pour la connoissance des Longitudes, sur tout s'il a passé jusques a la Iamaïque. Vne chose me donne peine en cela, qui est de scauoir, au cas que le Pendule ait esté bien entretenu dans son mouuement sans arrest et auec egalité, quelle preuue lon aura que le temps et les lieux qu'il aura marqués seront plustost les vrays que ceux qu'aura marqués l'estime. Mais ce ne | |
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sera pas vne difficulté pour vous, et je ne la fais sans doute que par la foiblesse de mes lumieres en ce genre. Lorsque la solidité de l'effet sera bien confirmée nous verrons si vostre Conte EscossoisGa naar voetnoot6) vous sera aussi equitable qu'il semble le vouloir deuenir, et s'il s'en rapportera veritablement ou non a vostre Ami commun Monsieur de Moray. Monsieur Boile dans son Traitté des Couleurs n'attaque t il point Monsieur Vossius comme ont fait tant dautres sur l'article de la lumiere. Il est bien malsatisfait de nostre Monsieur PetitGa naar voetnoot7) Medecin Peripateticien a se faire brusler qui l'a maltraitté dans son liureGa naar voetnoot8). Ie lay fait abboucher icy auec Monsieur CotelierGa naar voetnoot9) Theologien tresscauant et tresmodeste sur le sujet de la Version des SeptanteGa naar voetnoot10). Il ne falloit pas perdre vn moment a remercier Monsieur Colbert comme vous aués fait et vous n'auiés aucun besoin de moy en cette rencontre aupres de luy qui fut informé par moy des l'annee passée pour n'auoir plus besoin de recharger. Ie vous rens mille graces treshumbles du soin que vous aués pris denuoyer ma lettre a Monsieur Heinsius et vous supplie d'assurer Monsieur vostre FrereGa naar voetnoot11) que je ne luy suis pas moins qu'a vous
Monsieur Treshumble et tresobeissant seruiteur Chapelain.
De Paris ce 5 Septembre 1664.
A Monsieur Monsieur Christianus Huggens de Zulichem A Voortbourg. |
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