teurGa naar voetnoot9) exprès les gouverne. mais j'ay honte de me voir descendre si bas, et que le papier me manque plus tost que je ne me suis advisé de mon impertinence, en vous ennuyant de mes discours de rien. Pardonnez Monseigneur, comme vous avez tousiours faict, à celuy que vostre bonté a rendu recognoissant de ce qu'il vous doibt, et aggreez que je vous aye faict repasser un moment à la Haye, hors des grandes et illustres occupations qui vous exercent par de là. J'ay accoustumé de desennuyer mon maistre (comme il vous en fouvient) par des discours d'Architecture au fort de ses grandes affaires: icy je pretens avoir faict la mesme chose, car, pour avoir un seul maistre à qui je doibs le tout, je ne laisse pas d'estre fans retour
Monseigneur, etc.
A la Haye où il nous tarde fort de voir arriver de vos portraits Indiens mais bien plus des nouvelles de la santé de Vostre Excellence, qui avoit esté esbranslée, selon les derniers aduiz.
17e de novembre 1637. |
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voetnoot1)
- L'Académie Royale des Sciences d'Amsterdam possède une collection de lettres, tant en original, qu'en copie ou minute, reliée en trois volumes et portant comme titre: ‘Lettres Françoises de Constantin Huygens, Seigneur de Zuylichem, Zeelhem et au Monnikelant, Secrétaire des Princes d'Orange, Président du Conseil, et Premier Maitre des Comptes de Sa Majesté Britannique Guillaume IIIe.’ Les lettres du premier volume contienuent plusieurs détails au sujet de la maison que le père de Christiaan Huygens se fit construire, de 1634 à 1637, à la Haye, sur l'emplacement actuellement occupé par le Ministère de la Justice, au Plein, coin du Pooten. C'est dans cette maison que Christiaan a passé une grande partie de sa vie.
Aux deux Lettres I et II que nous publions ici nous ajoutons dans cette note quelques particularités tirées, soit d'autres pièces de la collection citée, soit de quelques-uns des nombreux écrits qui ont paru sur Constantyn Huygens, père.
Le 4 janvier 1633, les Commissaires députés des Etats de Hollande et de Westfrise résolurent de mettre en vente une partie du jardin appartenant au Quartier du Stadhouder. Il est probable que cette résolution, qui avait pour but de faire construire dans le voisinage de la Cour un nouveau quartier aristocratique, a été inspirée par le Stadhouder Frédéric Henri. Ce prince brillant et valeureux, auquel ses nombreux succès guerriers valurent le nom de Stedendwinger (Dompteur de Places Fortes), avait un goût très vif pour les Beaux Arts et a puissamment contribué à l'embellissement de la Haye. Ce fut par son intercession que les deux lots de terrain principaux, attenant directement à la Cour, échurent à deux grands Seigneurs: le Comte Maurice de Nassau-Siegen et Constantyn Huygens, le secrétaire et confident dévoué du Prince. Pour la somme, à cette époque assez considérable, de 4750 florins, le Comte Maurice obtint le terrain sur lequel il bâtit le palais bien connu sous le nom de Mauritshuis. Par autorisation des Conseillers députés, Huygens reçut le sien en don gratuit du Prince Frédéric Henri. La situation de ces terrains se voit dans la planche ci-contre, reproduction aux ⅖ d'un dessin que M. Arnold Ising, à la suite de recherches qu'il a bien voulu faire pour nous, a trouvé aux Archives Nationales. C'est évidemment le plan original de l'agrandissement de ce côté de la ville et du parcellement du terrain à mettre en vente. On y trouve indiqués, à droite du Houtstraat, deux bâtiments déjà existants, savoir, l'Hôtel des Députés de la ville d' Amsterdam, et, à côté, la maison du Secrétaire Huygens. Cette dernière,
précédemment la demeure de Mademoiselle van Mechelen (voir la Lettre No. 855, note 5), est la maison où Christiaan Huygens naquit le 14 avril 1629. Constantyn la vendit, en 1637, au Conseiller Schotte. En 1642, les Députés d'Amsterdam en firent l'acquisition; ce ne fut qu'en 1736 qu'ils résolurent de démolir les deux bâtiments, en même temps que deux autres situés au côté sud de leur résidence, pour faire construire à leur usage le Palais actuellement occupé par les Archives Nationales.
Les terrains concédés à Constantyn Huygens pour la çonstruction de sa maison sont les no. 7 et no. 8, celui acquis par le Prince Maurice le no. 6 du plan. Par une faveur particulière du Stadhouder, Huygens put encore disposer d'une partie du terrain intermédiaire, nommé Akerland, attenant directement aux bâtiments de la Cour. C'était une espèce de parc, dont les arbres servaient de héronnière pour les chasses du Stadhouder. Huygens obtint la partie, de forme triangulaire, située entre le fossé qui traversait le terrain et la nouvelle Place; il en fit un jardin au bout duquel il bâtit une écurie. Le reste de l'Akerland fut transformé plus tard par le Comte Maurice en un jardin, orné de grottes et de statues, qu'il mit en communication avec son palais au moyen d'une galerie souterraine.
Comme les deux édifices furent bâtis en même temps, Huygens put profiter de ses relations avec le Comte Maurice pour participer aux avantages que ce dernier tirait de sa haute position, dans l'acquisition et le transport des matériaux. On en trouve la preuve dans le fragment suivant d'une lettre écrite par Constantyn Huygens. La copie, sans adresse, porte dans les ‘Lettres Françoises’ la date du 11 avril 1634.
‘Après ce peu d'advis en matière publique, je vous supplie me permettre de vous demander le vostre en quelque chose de particulier qui me concerne. C'est que mon Seigneur et maistre vient de rendre un signalé témoignage de l'honneur de sa bienveillance très particulière en mon endroict, par la concession gratuite d'une tres-belle pièce d'héritage longue de 360 pieds et large de 80, 90 et moins vers l'un des bouts; situé le long de ce que nous nommons icy l'Ackerland, ou la Héronniere, derrière ceste Cour, et s'estendant ainsi depuis le logis que va bastir M. 1e Comte Maurice, jusques au Sieur Volbergen, place vrayment digne d'un beau batiment, comme aussi j'y en desseigne un de 90 pieds de front, avecq la basse-cour, galeries, et autres appartemens le tout à l'instance de Son Excellence, qui, par affection naturelle qu'il porte à l'Architecture, ne cesse d'animer un chascun à l'embellissement de la Haye, et à mesme intention m'a honoré de ce beau présent. La description que je vous en fay avecq tant d'importunité, ne tend qu'à me frayer le chemin vers ceste question: s'il n'y auroit moyen de pecher si bien dans les eaux troubles de vostre quartier, que, moyennant la grace de Monseigneur le Landgrave, on s'en pourroit faire pourvoir d'une centaine d'arbres de chesne, à se soulager d'une partie de la despense que ce batiment me va jetter sur les bras, et si, outre la faveur que j'ose m'en promettre, Monsieur de vostre costé vous estimez qu'il y en ayt par decà que j'y puisse utilement employer, sans celle de Son Excellence mesine, que je ne voudray pas faire descendre à une interceffion de si peu de valeur. Monsieur le Comte Maurice a trouvé des expedients bien adroicts à de semblables négociations, et s'est faict pourvoir en sorte de tous costez, que je pense qu'il
payera richement sa maison en bois de chesne, mais je ne prétens nullement me prévaloir de comparaisons si inesgales: ains de me veoir sublever tant soit peu par l'addresse de mes amiz. Parmi lesquels, Monsieur, si je m'avance à vous oser ranger en ceste occasion: je vous supplie d'en attribuer la source à la démonstration qu'il vous a pleu tousiours me faire de l'honneur de vostre amitié, comme à celuy qui de longue main revere vos vertuz insignes et chéris le bien de leur cognoissance. Obligez moy, s'il vous plaist, de m'y confirmer de la suitte de voz courtoisies, et de me dire franchement, si je m'emancipe à des pretentions desordonnées et desquelles les effects doibvent revenir à charge du Prince à qui j'en veux par vostre entremise. Car cela estant je renonce à toute impudence et me condamne sans absolution. Mais, si, comme je disoy d'entrée, il y apparence de retirer quelque planche du debris que font les torrents de la guerre dans ces miserables forests, je retourne à vous prier de m'en enseigner vos adresses et après tout vous conjure de donner de l'interpretation favorable à mon effronterie et de faire estat’ etc.
Pour faire entrer ces bois dans le pays, à travers les lignes ennemies, le Comte Maurice adressa au gouverneur espagnol de la Gueldre, don Juan Verdugo, la lettre suivante, datée du 8 août 1634, que nous trouvous dans la même collection:
‘Monsieur, Ayant donné ordre avecq le Seigneur de Zuylichem, Conseiller et Secrétaire de Monsieur le Prince d'Orange qui signera la présente quant à moy, à nous faire couper le nombre de trois cens chesnes, tant sur le Roer que sur la Lippe, pour des bastiments que nous faisons à la Haye l'un auprès de l'autre, je m'avance à vous supplier par cestes qu'il vous plaise me favoriser de vos passeports, pour les gens que nous employerons à coupper ledit bois et à le mener jusqu'à Wesel, pour de là le faire descendre vers Hollande. Et fera-ce un effect de courtoisie qui m'obligera autant que le dit Seigneur de Zuylichem à m'en ressentir, comme je debvray, aux occasions de vostre service, et à vous témoigner que je suis’ etc.
D'autres fois ce furent les licences pour faire descendre de la Meuse ‘500 muids de chaulx’ ou ‘4000 pieds de pierre bleue 4000 livres de clouds de fer et 80000 ardoises’ que Constantyn Huygens put obtenir dans l'intérêt commun des deux propriétaires.
Pendant plus de trois ans la construction et la décoration de sa nouvelle maison a été l'objet des soins constants et minutieux du père de Christiaan. A Wicquefort il manda, le 5 décembre 1634, ‘Tout ce que j'ay de loisir de reste s'en va aujourdhuy à l'Architecture pour le bastiment que j'ay sondé et doibs achever l'année qui vient s'il plaist à Dieu. Le Sieur van Campen qui m'est venu veoir à ce deffein m'y assiste en Vitruve tres parfaict.’
Quoiqu'il cût confié aux célèbres architectes Jacob van Campen et Pieter Post la tâche de dresser les plans et de surveiller l'exécution de son palais, il s'en occupait lui-même, jusque dans les camps où il dut suivre son illustre maître. Il prenait conseil d'amis compétents, tels que Wicquefort et Rubens, tout en les avertissant qu'il ne se proposait en son architecture ‘qu'une simplicité de bonne grâce’ et ‘à faire renaistre,’ comme il écrivait à Calandrini, ‘les bonnes règles de l'Architecture ancienue, dépravée et abastardie quasi en touts endroicts de pardeça vos montagnes.’ Constantyn se réservait, en effet, à l'égard des avis qui lui parvenaient, une entière liberté. C'est ainsi qu'il répond à Wicquefort que la forme de toit proposée par ce dernier ne lui convient pas: ‘Je trouve le chapeau de castor que vous me proposez de trop de prix et d'éclat pour la brique qu'il debvroit couurir....J'ay desià apprins que le toict ne doibt trop peser à la maison.’
Il paraît même que la mère de Christiaan, pendant que le père se trouvait au siège de Breda, a, par ses conseils, pris une part active au couronnement de l'édisice. Le poème que Constantyn Huygens a dédié à ses enfants ‘De vita propria inter liberos libri duo’ en fait foi en ces vers:
Ingenio meditata suo, qua parte probatur
Maxime, ad extremum perduxit sedula culmen,
Dum castris affixus ego mea desero castra
Et meus ad Bredam magno molimine princeps
Fulminat, et late ejectum profligat Iberum.’
L'achèvement du bâtiment a coïncidé avec le plus grand malheur qui pût affliger Constantyn. Son épouse, Suzanna van Baerle, celle qu'il célébrait comme son ‘étoile,’ succomba, le 10 mai 1637, après qu'elle eut rempli le plus cher de ses voeux en lui donnant une sille. Il entra seul avec ses ensants dans sa nouvelle demeure:
Et lachrymis commigravi, desertus ab illa
Aeternum mihi deploranda compare turtur.’
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voetnoot2)
- Le Comte Maurice, nommé à l'âge de 32 ans Gouverneur du Brésil, y débarqua au commencement de 1637 avec une armée de 3000 hommes. Son entrée en campagne sut brillante il mit en déroute les sorces de beaucoup supérieures du comte espagnol Bagnola, et s'empara de Porte Calvo, capitale de la province Alagoas au sud de Fernambuc.
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voetnoot3)
- Jacob van Campen, le célèbre architecte de l'Hôtel de Ville, actuellement Palais Royal, d'Amsterdam, naquit vers 1595 à Harlem et mourut à Randenbroek le 13 septembre 1657. C'est de sa mère, Gerritgen Claas Berends de Randenbroek, qu'il hérita la propriété à Jaquelle il dut le titre de Seigneur de Randenbroek.
En 1624 il alla étudier la peinture à Rome, mais sa véritable vocation était l'architecture. Il a bàti, entre autres, le Trippenhuis à Amsterdam, aetuellement siège de l'Académie Royale des Sciences, et la Maison de Rijswijk où eurent lieu les négociations de la paix de 1697.
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voetnoot4)
- La ville Olinda, conquise sur les Espagnols par Hendrik Lonk, le 15 sévrier 1630, sut abandonnée et brûlée quelques mois plus tard.
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voetnoot5)
- Sur Pieter Post, voir la Lettre No. 829, note 38. Avec son frère, le peintre Frans Post, il accompagna, en 1636, le Comte Maurice de Nassau au Brésil, où il dirigea la fondation de la ville Mauritsstad et bâtit le palais Vryburg du Gouverneur, ainsi qu'une église protestante. De retour à Harlem en 1638, il y épousa Rachel Ridders, dont il cut plusieurs enfants, parmi lesquels un fils Maurits, qui eut pour parrain le Comte Maurice lui-même, devint architecte. Après avoir fait à Harlem les plans pour l'agrandissement de la ville, il se sixa à la Haye. Parmi les
nombreux édifices, bâtis ou décorés d'après ces plans ou avec sa collaboration, on cite, outre le Mauritshuis et la maison de Huygens, la salle des séances des Etats de Hollande, actuellement salle des séances de la première Chambre des Etats Généraux, dont il dessina les plafonds, la salle d'Orange du Palais au Bois, la maison du greffier Buysero, devenue plus tard le palais du Prince Frédéric des Pays-Bas, la maison de l'amiral Tromp, l'établissement de bienfaisance dit Hofje van Nieuwkoop, la Tour des Cygnes à Clèves, la maison Zwanenburg à mi-chemin entre Amsterdam et Harlem, l'hôtel de ville de Maestricht et le Poids public de Gouda.
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voetnoot8)
- Le copiste a écrit 9 moiz. La même erreur, 9 au lieu de 4, se rencontre dans la date, 11 avril 1634, de la lettre citée dans la note de la page 504.
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voetnoot9)
- Abraham Myrkenius, qui d'après le ‘Dagboek’ entra dans la famille le 17 juillet 1637.
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