Oeuvres complètes. Tome IV. Correspondance 1662-1663
(1891)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendII.
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de ce Bastiment. Soit obligation anciene, ou nouvelle importunité, voyci le monceau de Brique que j'ay eslevé à la Haye, en un lieu, que j'ose bien nommer des plus illustres du Village. Quand je l'entamay, la main de l'Eternel ne s'estoit encor appesantie fur moy. Je vivoy doublement, dans la Saincte compagnie di lei ch'è salita A tanta pace, e m'ha lasciato in guerra et d'où je ne puis seno hauer l'alma trista, Humidi gl'occhi sempre, e'l viso chino. C'est ce qui me porta à ceste égalité reguliere de part et d'autre, que vous trouverez en ces departements, que vous sçavez avoir tant pleu aux Anciens, et que les bons Italiens d'aujourdhuy recherchent encore avec tant de soin: distribuant les quartiers des deux chefs de famille en deux Sales, deux chambres, deux Garderobes, deux Cabinets et autant de Galeries. Le tout separé par une sale d'entrée, ou vestibule, et couplé fur le derriere, par la communication d'un passage privé. Aujourdhuy, ce qui auoit esté destiné pour la Mere, sert aux Enfants, et à ceux qui les gouvernent. ma portion est du costé du jardin, que je decouvre à gauche: à droicte tout ce qui sort et entre par la Bassecour, et fur le devant une excellente Plaine, ceinte de Bastemens, que grands, que mediocres; close de deux rangs de Tilieux au croissant de leur aâge, et rebordée d'un pavé de Ruë de 36. pieds, dont le costé que flanquent les saillies de mes Galeries s'estend en ligne droicte à quelques mil pas. Je vous prie de jetter l'oeil fur le reste, et de m'en dire franchement vostre advis. Si vous ne me donnez que l'approbation que, possible, j'auray meritée en quelqu'endroict j'estimeray que vous me cachez la censure qui me pourroit fervir d'instruction et à d'autres d'advertissement. Mon dessein estoit d'adjouster à ces Imprimez (dont je garde les Planches à moy feul) une forte de differtation latine, à mes enfants, par où, apres moy, ils demeurassent insormez des raisons et justisications de mon faict, et me susse-je laissé entrainer, à ceste occasion en des considérations non inutiles sur le subject de l'Architecture anciene et moderne; mais les | |
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divertissemens de mes charges occupent jusques à present la plus part du loisir que cela requerroit. Je verray, si ces moiz de campagne m'y fourniront, ce que la Garnison m'y resuse, et en ce cas retourneray à vous faire part de mes resveries; fachant combien vous avez deferé à ceste estude par le passé, et avecq combien d'applaudiffement. Son Altesse s'est resjouie de vous scavoir relevé d'une forte maladie; depuis la quelle apprenant que vous avez encor ramené la main au Peinceau, elle m'a commandé de scavoir, si vous auriez aggreable de luy embellir une cheminée dont les mesures vous seroyent envoyées, de quelque Tableau, dont l'invention sust toute vostre, comme la façon; qu'on ne désireroit que de trois ou quatre figures pour le plus, et que la beauté des femmes y fust elabourée con amore, studio e diiigenza. J'attendray, s'il vour plaist, quelle inclination vous y avez, et, pour toute la miene vous asseureray, qu'elle bond de passion, à vous faire veoir aux occasions de vostre service, que je suis
Monsieur
Vostre tresobeissant et tres acquis seruiteur
Au camp soubs Philippine, le 2e de Juillet 1639. |
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