Oeuvres complètes. Tome II. Correspondance 1657-1659
(1889)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 655.
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receuoir auec vn plaisir extraordinaire et dautant plus agreablement que j'ay moins de droit de la demander. C'est encore ce qui m'empesche de m'impatienter lorsque vos responses tardent à paroistre, et ce qui tient mon desir en bride lorsque je les souhaitte le plus ardemment. Vous voyés par la que je vous laisse dans la liberté de ne m'escrire qu'a vostre commodité, et que quand vous m'escrirés, vos lettres ne me seront pas moins cheres que si j'en auois la plus grande impatience du monde. Je suis bien aise d'auoir excité vostre gratitude pour Monsieur de Monmor en vous faisant sçauoir la vigueur et la diligence qu'il auoit apportée a vous conseruer la gloire de l'inuention du Pendule a la confusion de cet horlogeur des nostresGa naar voetnoot1) qui s'esforçoit de vous la rauir. Il a veu les termes auec lesquels vous me marqués vostre reconnoissance, et m'a conjuré de vous en bien tesmoigner son ressentiment. l'Assemblée qui se tenoit chés luy a assés languy depuis l'eclat arriué entre luy et Monsieur de Roberual.Ga naar voetnoot2) Mais de la semaine derniere seulement elle a repris courage et a resolu de trauailler à la recherche de la Nature auec plus d'ardeur que jamais, et les Personnes les plus qualifiées sont celles qui s'y eschauffent le plus. Nous verrons ce que produira cette nouuelle ardeur. Ce Monsieur GuisoniGa naar voetnoot3) dont vous me demandés d'estre informéGa naar voetnoot4) n'est point particulierement connu de moy. Je scay seulement qu'il est de Prouence, et que c'est vn Genie propre aux Speculations Physiques. Il sit vn jour ches Monsieur de Monmor vn Discours de la vegetation apres quelques autres, qui plut sort et qui parut fort sensé. Depuis nestant point venu a l'Assemblée on l'y a trouué fort à dire. Cette experience que vous me dittes qu'il a faitte en vostre presence fut faitte et examinée dans la Compagnie, et il me souuient qu'ayant à mon Auis attribué cette ascension de l'eau dans le petit tube plus haut que dans le grand, a la plus grande impression de la colonne d'air sur le large que sur lestroit, cette pensée eut beaucoup de partisans encore que dailleurs elle fust contreditte. Je tiens comme vous le BalancierGa naar voetnoot5) de Monsieur de Roberual, et ses detentes mal expliquées vne Machine peu soustenable pour l'effet qu'il sestoit proposé. Ce que j'admire c'est qu'il en donna a l'Assemblée le plan que je vous ay enuoyé dans la crainte que son inuention fust la vostre, et peut estre dans l'imagination que cestoit de luy que vous la teniés. Mais le | |
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DiscoursGa naar voetnoot6) imprimé et publié par vous que je luy ay fait voir et a tous nos Amis joint a l'estampe qui sert a le rendre intelligible, luy ont bien monstré que vous n'auiés besoin de luy ni de personne pour imaginer d'excellentes choses dans la Mechanique et que vostre fonds estoit beaucoup plus riche, plus abondant et plus net que le sien. Je ne scay si estant en France vous n'aués point veu entre ses mains vne MachineGa naar voetnoot7) dvne multitude estrange de rouages disposes de sorte qu'ils seruent a faire auec vne justesse et prontitude admirables les quatre regles premieres dAritmetique au grand soulagement des Marchands, Banquiers et Gens d'affaires. Elle est de l'inuention du jeune Paschal, lequel est veritablement né pour les grandes descouuertes. Cest luy qui le premier parmy nous a fait l'experience du vuideGa naar voetnoot8) auec le Mercure. Cest luy qui a imaginé sur ce Probleme la pesanteur de lair et sa colonne depuis l'Atmosphere jusqu'a la Terre qui a esté verifiée par des experiences irrefragablesGa naar voetnoot9). Il a encore force autres sublimes pensées sur de semblables matieres qu'vne retraitte de deuotion luy a fait supprimer jusqu'icy. Je vous supplie d'assurer Monsieur Heinsius de ma passion ordinaire et de luyGa naar einda) demander si Monsieur nostre AmbassadeurGa naar voetnoot10) na point fait faire de ResponseGa naar voetnoot11) au libelleGa naar voetnoot12) du Deserteur PortugaisGa naar voetnoot13) si injurieux a sa vertu et tout ensemble si ridicule. Je scaurois encore plus volontiers a quoy vous vous appliqueres apres la publication de vostre SaturneGa naar voetnoot14) dont les Exemplaires ne sont point encore venus entre les mains de Monsieur Boulliau et que j'attens auec beaucoup d'impatience. Vos grandes Lunettes sont elles acheuées, et vous seruent elles vtilement aux Obseruations celestes. | |
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Vous ne pouués ni ne deués demeurer oysif auec les merueilleux talens que vous aués pour ouurir de nouueaux chemins aux Amateurs des Disciplines Mathematiques speculatiues et pratiques. C'est la persuasion
Monsieur
de Vostre treshumble & tresobeïssant seruiteur Chapelain.
De Paris ce 20. Aoust 1659.
A Monsieur Monsieur Christianus Hugens de Zulichem A la Haye. |
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