Oeuvres complètes. Tome X. Correspondance 1691-1695
(1905)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 2869.
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sonnes tres-verséesGa naar voetnoot4) dans les Mathematiques, avoient jugé qu'il étoit sans replique. C'est pourquoy je n'avois pas cru qu'il y voudroit faire reponse pour soutenir sa Theorie. Cependant il paroît par ce qu'il a publiéGa naar voetnoot5). qu'il ne s'est pa tenu pour convaincu. Et comme il se sert de raisonnemens qui pourroient donner quelque peine à demêler à ceux qui n'ont pas assez penetré ces matieres, je me trouve obligé de montrer encore avec plus d'evidence que je n'ai fait, que sa Theorie ne peut être soutenuë qu'en renversant les principes de la Mechanique établis dès long tems, & dont il n'oseroit ni ne voudroit nier la verité. Pour ne pas allonger inutilement nôtre dispute, en m'arrêtant à plusieurs raisons que Mr. Renau m'oppose, je montrerai seulement que comme j'avois remarqué, il s'est mepris dans la proposition sur laquelle roule toute sa Theorie; après quoi j'indiqueray en peu de mots ce qui a pu donner occasion à son erreur. Pour faire voir de quoi il est question, je repete ici les mêmes choses pour laplûpart qui etoient supposées dans nos figuresGa naar voetnoot6), savoir que HM est la quille d'un vaisseau, sa vergue ou voile CD, AB la ligne du vent qui pousse la voile. BG est perpendiculaire sur CD, GK perpendiculaire sur BK, qui est la quille prolongée. Je prolonge aussi GB en Z, & MH en X. Mr. Renau dit dans sa Theorie, chap. II art. 1.Ga naar voetnoot7) que si on suppose que le vaisseau fend l'eau de tous côtez avec la même facilité qu'avec sa pointe, il sera poussé par le vent en sorte qu'il avancera selon la droite BG, ce qui est vrai. Mais si la position de sa quille ne lui permet que d'avancer dans la droite BK; ou bien si une corde BR, perpendiculaire sur BK, & dont la longueur est censée infinie, l'oblige de tenir cette route de BK; il soutient que la voile & le vent demeurant comme auparavant, le vaisseau parcourra l'espace BK, dans le même tems qu'il auroit parcouru BG; & moi je dis qu'il parcourra l'espace BS, moyen proportionel entre BK & BG. Voilà le grand pointGa naar voetnoot8) de nôtre dispute. | |
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Dans la preuve qu'il apporte dans sa ReponseGa naar voetnoot9), au lieu du vent AB, qui tombe obliquement sur la voile CD, il substitueGa naar voetnoot10) le vent ZB, qui la frappe perpendiculairement; ce qui est permis, & il n'en arrive aucun changement à nôtre question; étant certain que de quelque sens que le vent tombe sur cette voile CD, il fait effort pour faire aller le vaisseau par la route BG, perpendiculaire à CD. Et il ne sert de rien du tout de considerer, comme fait Mr. Renau, les differentes determinations dans le mouvement du ventGa naar voetnoot11). Il trouve en suite par son raisonnement, que la force avec laquelle le vaisseau est poussé par le vent suivant BG par le moyen de la voile, est à la force avec laquelle il est poussé par le même vent, & par le moyen de la même voile, suivant BK, comme le quarré de BG au quarré de BK; et non pas comme BG à BK, ainsi que je pretens; & c'est de quoy tout dependGa naar voetnoot12). Pour savoir qui de nous deux a raison, imaginons nous que le plan où est notre figure soit dressé sur l'horison, en sorte que la ligne BG lui soit perpendiculaire, & que RBX soit une corde attachée en R, à laquelle en B est noué & suspendu le poids Q. Concevons de plus que la partie BX, perpendiculaire à RB, soit retenuë par la main en X. Il est clair que ceci represente exactement le cas du vaisseau dont il est question. Car au lieu du vent, qui en donnant contre la voile CD, le pousse selon BG, nous avons le poids Q, qui tire le point B selon BG: & la corde, censée infiniment longue, BR, qui faisoit que le vaisseau ne pouvoit avancer que selon BK, fait ici le même effet à l'égard du noeud B. Donc comme la force avec laquelle le vent pousse le vaisseau selon BG, est à la force dont il le pousse selon BK, ainsi est le poids Q à la pesanteur que sent la main en X, en empêchant le noeud B de se mouvoir selon BK. Car cette pesanteur est égale à la force dont ce noeud est tiré selon BK. Or GK étant parallele a BR, il est certain par les regles très-connues de la Mechanique, que le poids Q est à celui qui retient la corde BX, ou bien à la pesanteur que sent la main en X, comme BG à BK. Donc aussi la force avec laquelle le vent pousse le vaisseau selon BG, est à la force dont il est poussé selon BK, comme BG à BK; & non pas comme les quarrez de ces lignes, comme veut Mr. RenauGa naar voetnoot13). Supposons maintenant que le vaisseau HM, fendant l'eau avec égale facilité de tous cotez, & étant poussé par le vent ZB ou AB, (car il n'importe) aille dans un certain tems par BG, la voile étant en CD; & qu'on veuille savoir combien il | |
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avancera selon BK, dans un tems égal avec le même vent, & la même position de la voile. Je dis que puis que les vitesses du vaisseau dans ces deux routes, doivent être telles, que les resistances que lui fait l'eau soient comme les forces dont il est poussé, (car ce n'est qu'alors qu'il avance avec un mouvement égal) & que ces resistances sont comme les quarrez des vitesses; il faut donc que les quarrez des vitesses soient comme les forces, c'est à dire comme GB à BK. Et par conséquent que les vitesses soient comme GB à BS; puis que les quarrez de GB, BS, sont comme les lignes GB à BK par la construction. J'ai donc prouvé par les principes ordinaires de la Mechanique, que ce que j'avois avancé dans ma Remarque est veritable. Il seroit superflu d'examiner les autres argumens de Mr. Renau, par leiquels il veut confirmer cette même proposition que je viens de refuter. Je diray seulement que l'origine de l'erreur qui se trouve dans tout cela, vient principalement de ce que dans l'art. 7 du I. chap.Ga naar voetnoot14) de sa Theorie, il conclut que les forces relatives d'une matiere fluide à des superficies diversement inclinées, sont entre elles comme les quarrez des sinus de leurs angles d'incidence, sans se souvenir qu'il devoit dire, à des superficies égales diversement inclinées: lequel mots d'égales il a encore oublié un peu devant dans le même article pag. 7. Si on le supplée, alors la demonstration, & ce qu'elle conclut sont comme il faut, & dans les mêmes principes du P. Pardies dans l'art. 118 de ses Forces mouvantesGa naar voetnoot15), qui sont veritables. Seulement ce Pere s'est trompé dans ce même article, parce qu'il n'a pas su, ou qu'il ne s'est pas souvenu, que les resistances de l'eau contre un corps sont comme les quarrez des vitesses de ce corps; car c'est pour cela que pag. 225. il fait af à au en raison doublée de bo à mp, au lieu qu'il devoit faire simplement af à au comme bo à mp. Pour ce qui est de la plus avantageuse position du Gouvernail, je dis que Mr. Renau se condamne à tort soi-même, & que voulant corriger sa premiere recherche, il raisonne mal pag. 24. de sa ReponseGa naar voetnoot16); parce qu'il s'agit uniquement de savoir dans quelle situation du Gouvernail l'eau le poussera avec le plus de force, selon la perpendiculaire à la quille; car de la s'ensuivra necessairement le | |
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plus de vitesse du derriere du vaisseau dans cette perpendiculaire. Il verra aussi qu'il se trompe quand il veut que pag. 25. de sa Theorie de la Manoeuvre des vaisseaux, on lise vitesse au lieu de forceGa naar voetnoot17). Je remarque au reste que toute cette Theorie, comme il l'avoit donnée, seroit vraye, si les resistances de l'eau etoient comme les vitesses du vaisseau, au lieu qu'elles sont comme les quarrez de ces vitesses. |
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