Oeuvres complètes. Tome X. Correspondance 1691-1695
(1905)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekend
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No 2826.
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culairement sur cette ligne. AB est la ligne du vent qui pousse la voile. BG est perpendiculaire sur DC; GK perpendiculaire sur BK, qui est la quille du vaisseau
prolongée. GEA est un arc de cercle decrit du centre B. BKG une circonference ayant BG pour diametre. Il est vrai ce que dit l'Auteur, que la superficie CD est poussée par le vent AB suivant la ligne BG, de sorte que si le vaisseau fendoit l'eau de tous côtez avec la même facilité qu'il la fend avec sa pointe, il iroit au point G suivant la ligne BG. Il ajoûte que parcourant cette ligne il avanceroit de pointe de la quantité BK, & de côté de la quantité KG; mais que comme le vaisseau trouve beaucoup plus de difficulté a fendre l'eau avec le côté qu'avec la pointe, il n'avancera pas dans la determination KG de la quantité KG, mais qu'il s'en faudra une quantité proportionnée à la difficulté qu'il a de plus à fendre l'eau avec le côté qu'avec la pointe. Par exemple si la difficulté par le côté à celle par la pointe étoit comme dix à un, si l'on proportionne KG à KL comme 10. à 1, & qu'on tire la ligne BL, il dit que le vaisseau ira au point L, suivant la ligne BL, dans le même tems qu'il auroit été au point G, s'il fendoit l'eau de tous côtez avec la même facilité. Il suffit d'avoir suivi l'Auteur jusqu'ici. Je dis que sa méprise consiste dans ce qu'il veut que le vaisseau soit parvenu de B en KGa naar voetnoot5) dans le même tems qu'il seroit parvenu de B en G. Car si nous supposons que la derive est nulle, pour avoir moins d'embarras, il est certain que, selon l'Auteur, le vaisseau ira encore de B en K dans le même temps qu'il iroit de B en G, prenant toujours qu'il fend l'eau de tous côtez avec la même facilité; ou bien en le faisant avancer de pointe, aussi bien en allant par BG qu'en allant par BK. Il semble qu'en cela il ait raisonné de cette façon, sçavoir que si en allant de B en G, le vaisseau avance de côté de la quantité KG, & de pointe de la quantité BK, il saut que le mouvement dans le sens KG lui etant ôté, il lui reste le mouve- | |||||||||||||||||||
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ment dans le sens BK par lequel la ligne BK étoit parcourrüe en même tems que BG. Mais il falloit considerer que bien qu'on puisse imaginer que le mouvement du vaisseau par BG est composé des mouvemens par BK & par KG, il ne s'ensuit pas que si dans l'effet on lui laisse le seul mouvement suivant BK; (soit que la figure & la position du vaisseau en soit cause, soit qu'on le suppose attaché par une corde infiniment longue BR, qui soit perpendiculaire à BM) il ne s'ensuit pas, disje, que le vent qui, en pressant la voile CD, le pousseroit de B en G, le poussera dans un tems égal de B en K. Car pour sçavoir quel espace il parcourra par BK, il faut voir avec quelle force il est poussé dans cette route, & de plus avoir égard à la resistence qu'il souffre de l'eau. Or il est certain, par les regles de Mechanique, que la force avec laquelle la voile DC pousse le vaisseau par BK, est à celle dont la même voile, & dans la même position à l'égard du vent, le pousseroit par BG, comme BK à BG; & l'Auteur en convient dans ce qu'il explique des impressions de l'eau contre le Gouvernail, au 5. Article de ce second ChapitreGa naar voetnoot6). Mais les vitesses seroient aussi comme BK à BG, puis que l'on veut que ces deux lignes soient parcourües dans des tems égaux. Donc les forces seroient comme les vitesses; ce qui ne sçauroit être, & repugne à ce que l'Auteur à demontré au 13. Art. du I Chap. où il dit, que pour faire mouvoir un corps avec différens degrez de vitesse dans une matiere fluide, il faut que les puissances que le font mouvoir soient en raison des quarrez des vitesses. Donc les lignes BK, BG ne sont pas parcourües en des tems égaux. Mais pour sçavoir quel espace le vaisseau doit parcourir dans la route BK, il faut prolonger BK en S, en sorte que BS soit moienne proportionelle entre BK, BG. Alors BS sera l'espace qu'il parcourra dans le même tems qu'il iroit par BG, s'il fendoit l'eau dans ce sens avec la même facilité. Car icy les quarrez des vitesses par BG & BS, & par conséquent aussi les resistences de l'eau, seront comme BG à BK; mais, comme je viens de dire, la proportion des forces est encore comme BG à BK; donc les forces seront comme les resistences & aussi comme les quarrez des vitesses. Et par consequent ce sont ces vitesses, qui sont comme BG à BS, que le vaisseau doit acquerir dans ces deux routes, selon la maxime de l'Auteur que je viens de citer, & qui ne reçoit point de doute. Ce n'est donc pas, comme il a cru, la circonference du cercle BKG qui determine les espaces que le vaisseau doit parcourir dans les diverses positions de sa quille, avec la même disposition de la voile CD à l'égard de la ligne du vent; mais c'est la courbe BISGT, dont on trouve facilement les points de même qu'on a trouvé S. Et il est à noter que les espaces qu'elle donne, different d'autant plus de | |||||||||||||||||||
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ceux que l'Auteur termine par la circonference BKG, que l'angle de la quille avec la ligne du vent devient plus aigu. Ainsi dans la route par BN, le vaisseau ira par BI, qui sera double de BN enfermée dans le cercle, si BN est ¼ de BG; & il sera le triple de BN, si BN est 1/9 de BG. La même erreur que je viens de remarquer inflüe dans presque tout le reste du Traité, & empêche de subsister plusieurs Theorêmes qui autrement paroissent fort élegants. Comme entre autres celui qui ditGa naar voetnoot7) que quand l'Angle de la voile avec le vent, OBA, est donné; la plus avantageuse situation de la quille, pour gagner au vent, est celle qui divise également son complement OBE, d'où l'Auteur trouve en suite, en supposant que la derive est nulle, que la plus avantageuse situation de la quille & de la voile ensemble pour cela, seroit lorsque l'angle du vent & de la quille est de 60. degrez, & celuy du vent & de la voile de 30. Ce qui n'est point, car par une Regle que je sçai être vraie, quand l'angle du vent & de la quille est de 60. degrez, si on fait l'angle de la voile & du vent de 39. degrez 23. le vaisseau avancera plus dans sa route, & par consequent gagnera plus au vent, que quand la voile avec le vent fait un angle de 30 degr.Ga naar voetnoot8). Cette Regle par laquelle je trouve la plus avantageuse situation de la voile quand l'angle de la quille & du ventGa naar voetnoot9) est donné, pour faire le plus de chemin, est telle x4=aaxx+1/3 ppxx-4/9aapp. | |||||||||||||||||||
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sçavoir si x signifie le sinus OQ de l'angle de la voile & du vent, a le Rayon BA, p le sinus FP de l'angle de la quille & du vent. Et elle s'accorde avec celle que Mr. Fatio a trouvée ci-devant, avec beaucoup d'autres belles choses en cette matiere; comme j'ai reconnu par une Table où il avoit marqué le raport de quelques-uns de ces anglesGa naar voetnoot10). Il y a deux vraies racines à cette EquationGa naar voetnoot11), qui servent aux deux cas que la quille avec la ligne du vent fait un même angle: sçavoir en allant près du vent, ou vent largueGa naar voetnoot12). Au reste Mr. Renaud ne pourra guere douter que nôtre Regle ne soit vraie, puisque par elle on trouve le meilleur angle du Gouvernail avec la quille pour faire tourner le vaisseau le plus promptement, tout à fait tel qu'il l'a determiné dans le Chapitre 7. En quoi il a fait une découverte fort utile. Car en prenant p=a, c'est-à-dire en faisant la ligne du vent perpendiculaire sur la quille, on trouve par cette regle le sinus x=√⅔aa, | |||||||||||||||||||
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de même qu'il trouve le Sinus de l'angle que la quille, ou la ligne du mouvement de l'eau, fait avec le gouvernail: ce qui doit être ainsi, comme il est aisé de voirGa naar voetnoot13). Quoique toute cette Theorie devienne plus difficile, après la reforme que j'ai indiquée, qu'elle n'étoit au Traité de Mr. Renaud, je vois toutefois qu'il y auroit moyen de determiner par Regle la position du vaisseau & de la voile la plus avantageuse pour gagner au vent, mais la longueur du calcul ne me le permet pas presentementGa naar voetnoot14); outre que la consideration de la derive du vaisseau n'y seroit | |||||||||||||||||||
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pas comprise, qui aporte beaucoup de difficulté; parce qu'il est necessaire d'avoir égard non seulement au plus de facilité que le vaisseau a en fendant l'eau avec sa pointe qu'avec le côté, ainsi qu'a fait l'Auteur, mais encore à l'impulsion differente que reçoit le corps du vaisseau par le vent, sur tout par les côtez, ce qui fait qu'une seule experience ne pourroit pas suffire pour servir de fondement dans le reste, en ce qui est de la deriveGa naar voetnoot15). |
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