Oeuvres complètes. Tome IX. Correspondance 1685-1690
(1901)–Christiaan Huygens– Auteursrecht onbekendNo 2533.
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il ne tesmoigne plus tant cette envie de quiter, que sa Majestè Britannique le traite fort bien, comme ayant dessein de le retenir, avec quoy s'il arrive que sa charge luy vaille bien de l'argent. je ne desespere pas qu'il n'y demeure mais nous n'en scavons pas encore sa resolution finale. Pour moy j'ay bien souvent songè si dans cette occasion je ne pourrois rien obtenir pour amander ma fortune, et j'avois desia quelque dessein de passer la mer pour cela, mais le frere de Z. ayant escrit a sa femme que dans 6 semaines, dont il en est desia passè 3, sa Maj.tè pourroit faire un tour en ce païs, cela me fait differer. C'est dommage que ce Prince affectionne si peu les estudes et les sciences, si cela n'estoit point, j'aurois meilleure esperance. Ces benefices, comme en avoit VossiusGa naar voetnoot4), sont peu de chose, et obligent a la residence et a chanter les apresdinez dans le choeur de l'eglise ce qui ne seroit pas mon fait. Vossius avoit outre cela durant sa vie le bien que luy avoit laissè certain docteur qu'on disoit estre assez considerable. J'ay oubliè de demander au frere de St. Annelandt s'il vous avoit parlè touchant cet argent que le Thresorier a en fin payè; pour sçavoir combien il vous sembloit qu'il en falloit donner a J. WillietGa naar voetnoot5). Ma soeur de Z. proposoit de luy donner les 400 fr. qu'il y a par dessus les 4 mille. le frere de St. Annelandt luy en destine beaucoup plus, disant qu'il n'a rien eu pendant la vie de mon Pere, ce que ladite soeur nie. Mon avis seroit de donner 600 ℔. scachons le vostre, a fin de finir cette affaire, et de partager en suite cet argent. Je ne trouvay pas hier ma soeur de Z. j'y restourneray demain et parleray de ces billets du 200me denier, pour scavoir ce qu'elle en a, et si nous en pourrions profiter sans luy faire rien perdre. Il est juste qu'on songe aussi a recompenser Mr. de Hertogh de ce qu'il a fait pour nousGa naar voetnoot6) mais quel pourroit estre ce present puis que la peine qu'il a prise n'est pas fort grande. Je suis tres fachè de voir que vostre mal continue de la maniere que vous me mandez. Toute fois je ne laisse pas d'esperer apres que ce facheux hiver est passè. Vous ferez bien, ainsi que le frere de St. Annelandt dit aussi vous avoir conseillè, de prendre l'air a tous les beaux jours qu'il fera, en vous promenant en carosse. Un bon verre de vin de Rhin avec du citron et du succre ne scauroit aussi vous faire que du bien comme je crois, car il fortifie le coeur et chasse les pensees desagreables. Le vent de vendredry dernier a abbatu deux de mes grands arbres sur le chemin, et qui sont justement tombez sur le HeckGa naar voetnoot7) qui n'a pas estè refait, et qui estoit desia tres foible de sorte qu'il est presque couchè a terre. Je vaij pourtant voir s'il n'y a aucun moyen de le faire tenir debout, parce qu'autrement il m'en | |
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coutera encore 200 fr. comme j'ay payè de l'autre. Ce qui est facheux et d'autant plus que je ne scay pas bien si je pourray subsister icy, vu la quantitè de taxes dont on va estre accablè. Si j'avois pu deviner le futur je ne me serois pas hastè a bastir ni a faire tant de reparations que j'ay faitesGa naar voetnoot8). Mais je ne suis pas le seul a qui les resolutions presentes rompent les mesures. Adieu mon frere, quand vous le souhaitez je vous iray voir. |
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